A l'hôpital d'Orléans, les médecins en grève administrative se battent pour plus de moyens et d'effectifs

Plus de 1 000 médecins et chefs de services hospitaliers de France ont signé une lettre de "démission collective" à la ministre de la Santé. Ils refusent ainsi de s'acquitter de leurs tâches administratives, mais continuent d'assurer les soins. Ils sont 24 en Centre-Val de Loire.

Plus de 1 000 médecins hospitaliers, dont quelque 600 chefs de service, ont menacé de "démissionner collectivement" de leur fonctions administratives si la ministre de la Santé Agnès Buzyn n'engage pas de "négociations" sur le budget et les salaires de l'hôpital. Menace mise hier à exécution.

"L'hôpital doit être réformé, mais il n'y a pas de grande réforme possible sans moyens", écrivent les signataires d'une lettre publiée en ligne lundi par Libération. Ils y dénoncent "l'insuffisance du plan d'urgence" qu'elle a dévoilé fin novembre avec le Premier ministre Édouard Philippe après huit mois de crise.

"C'est pour vous alerter solennellement que nous avons pris en toute responsabilité, la décision inédite et difficile de démissionner collectivement à partir du 14 janvier 2020 si à cette date des négociations ne sont pas engagées", préviennent ces "chefs de service, responsables d'unités fonctionnelles" et autres "responsables de pôles" issus de toute la France.
 

Plus de tâches administratives, moins de soins

 
Tous réclament "une revalorisation significative des salaires, en plus des diverses primes annoncées", une rallonge supplémentaire de 600 millions d'euros pour les hôpitaux en 2020 et "une révision profonde" de leur mode de financement et de leur gouvernance.
 
En cause notamment : les tâches administratives de plus en plus importantes demandées aux médecins, au préjudice de la prise en charge des patients.

"On n'est pas inconscients sur le fait que la gestion économique est indispensable", explique la docteure Françoise Monceaux, responsable du service de pédiatrie générale au CHR d'Orléans. Seulement, "les finances ne sont pas notre métier, on ne peut pas nous demander d'en faire trop"

La baisse des budgets des hôpitaux a aussi réduit les personnels et les possibilités d'embauches. Devoir de réserve oblige, les grévistes ne se permettront pas de dire que la qualité des soins baisse en même temps que le budget et le nombre de soignants. La Dr Monceaux réclame malgré tout "des effectifs suffisants pour continuer à prendre en charge les patients de façon optimale". 
 

"Que va devenir l'hôpital public ?"


"Notre inquiétude dans les années à venir, c’est : que va devenir l'hôpital public ?", s'interroge la docteure Evelyne Werner, responsable du service de réanimation néonatale et pédiatrique. Et ainsi, "comment continuer à gérer ce desert médical, alors que l’activité augmente ?"

De plus, "certains jeunes ne viendront pas connaissant l’activité et les obligations d’organisation d’un service ou d’un hopital", complète-t-elle. 

"On veut aussi signifier qu’ici, à Orléans, dans un centre qui n’est pas universitaire et qui a donc moins de moyens, on a aussi nos difficultés", souligne la Dr Monceaux.
 
Et le meilleur moyen de se faire entendre, c'est la démission collective, brandie dans la lettre à la ministre de la Santé. "La démission collective, c’est en tant que chef de service au sein de l’institution, on refuse le travail administratif", explique Evelyne Werner, assurant que "pour les patients, il n’y a aucune différence de prise en charge". Service public toujours.

Cette "grève administratif" est donc surtout "symbolique" de l'aveu même des mobilisés, et n'est pas une grève déclarée en soit. C'est un refus de certaines tâches, qui expose par ailleurs les "grévistes" à de potentielles sanctions disciplinaires.
 

24 grévistes en Centre-Val de Loire


En tout, 24 médecins chefs de services hospitaliers du Centre-Val de Loire ont signé la lettre de démission collective : seize sont en poste au CHRU de Tours et cinq au CHR d'Orléans, tandis que les hôpitaux de Blois, Dreux et Amilly ont chacun un signataire dans leurs rangs.

Interrogée sur cette démarche lundi sur franceinfo, Agnès Buzyn s'est à nouveau dite consciente du "découragement des soignants" qui "est ancien" et a rappelé les mesures déjà annoncées pour permettre notamment "aux hôpitaux qui en ont besoin de rouvrir des lits ou d'embaucher du personnel".

La promesse d'une reprise d'un tiers de la dette hospitalière, soit 10 milliards d'euros, sur trois ans, sera amorcée "au deuxième semestre" de l'année 2020, a-t-elle annoncé. De quoi dégager, selon elle, "entre 800 millions et 1 milliard d'euros par an de trésorerie" pour les établissements.
 
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