La boxe, un univers souvent méconnu qui a tant à vous dire

Le cœur de la boxe passe de poings en poings sans jamais cesser de battre. Un relais de curiosité pour ouvrir la porte d'une salle et la passion pour ne plus la refermer. Les boxeurs connaissent les sacrifices demandés par la belle du ring pour se relever des défaites et relancer la pièce de la victoire.

Dans ce nouveau volet de "Paroles de Boxeurs, histoires de combattants", Christophe Camoirano dédie son film à ses enfants Julie et Leolo. Dans la première partie, il s'était penché sur ses racines en saluant la mémoire de ses grands-parents. Cette fois, il se tourne vers l'avenir. D'un battement de lettres, il fait le lien de la transmission dont il nous parle si bien. 

"On dit des boxeurs qu'ils combattent leur ombre, leur propre fantôme et qu'ils n'ont pas pires adversaires qu'eux-mêmes. Ce que je sais aujourd'hui, c'est que quels que soient les parcours, tous cherchent dans ces corps à corps sauvages un moyen d'être au monde, de se révéler, d'exister. Souvent, les boxeurs poussent les portes de la salle dans les pas d'un frère, d'un père. Certains viennent y chercher à travers les entraîneurs un père absent ou disparu. Père, entraîneur, boxeur, les liens tissés y sont souvent complexes, toujours forts."

Paroles de boxeur : Mohamed

Pilier de la salle de Fleury-les-Aubrais, près d'Orléans, Mohamed toujours souriant et motivé, avait ses petites habitudes et ses couleurs fétiches pour apprivoiser son entrée à l'intérieur des cordes. Le côté rouge, couleur de la lutte a toujours sa préférence, face à elle, le bleu ne fait pas le poids. Il est venu longtemps, puis de moins en moins, et plus du tout.

La maladie de son père a posé un voile sombre sur les lumières de la salle. Pourtant, c'est ici, qu'il trouvait du réconfort. Il a commencé la boxe quand son père est tombé malade, cela lui permettait d'évacuer sa colère, sa rage, son impuissance face à la violence des souffrances qu'ils ne pouvaient pas anéantir.

"Tous ces sentiments négatifs, je venais les purger ici, c'est ce qui m'a permis de tenir".

Décrocher du quotidien pour fixer son attention sur l'action est une bouée de sauvetage qui permet de ne pas se noyer dans les ruminations.

La place de l'entraîneur est primordiale pour le boxeur. Mohamed compare cette relation de confiance très proche de celle qui existe entre un père et un fils, elle est la clé. Le moteur, lui, est dans ses tripes, il faut aller chercher la rage et la colère pour pouvoir tenir jusqu'au bout de l'entraînement, surtout quand ce sont les tout premiers. La peur est présente, il faut la surmonter.

Mohamed retrouve la salle et ses anciens compagnons de ring, heureux comme autrefois. Pour lui, c'est un point de départ, un renouveau.

Paroles de boxeur : Kadour

Kadour était l'entraîneur de Mohamed et de Christophe Camoirano à Fleury-les-Aubrais. 

Jusqu'à ses trente ans, Kadour se sentait invincible, fort comme un roc. Les années suivantes, il a dû faire face à une maladie neurologique qui a fait basculer ses certitudes. Pendant dix ans, il a choisi de se soigner autrement, mais le mal l'a rattrapé sur le chemin de la dérobade. Il a compris la leçon et a accepté de prendre ses traitements pour aller mieux.

"Je savais que je ne pouvais rien faire en boxe, le fait de boire un coup de temps en temps et surtout d'éclater un paquet de cigarettes par jour. Avec une mauvaise hygiène de vie, on ne va nulle part dans la boxe."

Kadour s'est repris en main en s'investissant dans les entraînements en toute confiance.

Le fils de Kadour, Sélim, marche sur les pas de son père qui lui prodigue des conseils pour préserver sa santé, tout en marchant droit sur la ligne du respect. Fort de son expérience, si Karour sait ce qu'il faut faire, il sait d'autant plus ce qu'il ne faut pas faire. Pour le bien de son fils, il songe à céder sa place d'entraîneur pour qu'il commence à voler avec d'autres ailes.

Sélim n'a pas l'ambition de voler trop haut, mais suffisamment, cela lui conviendrait bien. Pour le moment, il ne sent pas assez sûr de lui pour devenir professionnel, apparemment, papa ne serait pas contre.

Kadour ne se soucie guère de ses origines, en France, il se sent chez lui et il est prêt à défendre son pays s'il le faut. 

"Je fais partie de ces gens qui ont eu la chance de faire leur service national et à qui ça a profité. Je suis rentré, j'étais une personne, je suis ressorti, j'étais une autre personne, je n'étais plus le même."

Kadour s'attarde davantage sur les ressemblances et sur les points de contact positifs que l'on peut nouer ensemble. 

Paroles de boxeur : Aaron 

Aaron s'entraîne sans relâche dans une salle historique des quartiers Est de Nice. II enchaîne échecs et blessures depuis des mois mais il s'accroche. Il se donne à fond, seul dans son univers parce qu'il ne se sent pas compris quand il ose dire qu'il aime donner des coups, mais aussi pour protéger sa famille d'un spectacle traumatisant. 

"Les mecs qui esquivent tout et qui ne se prennent pas de coups, ça n'existe pas."

C'est un plaisir qui demande beaucoup, qui ne peut pas se prendre à la légère. La boxe demande énormément de sacrifices mais c'est un choix qu'il assume : du temps, un régime alimentaire, des entraînements quotidiens, la belle du ring est exigeante. 

"Je n'ai pas peur de l'adversaire, ça va être limite un honneur, même si je suis sûr de perdre, je vais y aller pour le défier. On a peur de l'image que l'on va donner, dans quel état on va finir, ce qu'on va faire. Alors, on prend le risque parce qu'on peut briller et en même temps on a peur de tout. Parfois, on a le mental et le corps ne suit pas, on a l'impression que c'est le corps d'un autre."

Parole de boxeur : Marlon Brun

Marlon a été champion de France éducatif en Kick-boxing. Son père a décidé de faire un trajet de soixante kilomètres quatre fois par semaine pour l'emmener à la salle, où il l'attendait sur une chaise. Il avait quinze ans et il commençait la boxe anglaise. Son père avait vu juste, Marlon a des ressources et il progresse.

" Comme on fait partie de la communauté des gens du voyage, la boxe est dans les gènes de la famille, on n'aime pas la bagarre, mais on aime les sports de combat. J'ai rencontré Jacques, la famille Stocchio, très connue dans le monde de la boxe. On a sympathisé et il m'a dit qu'il désirait que je signe ici."


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Marlon Brun et Jacques Stocchio ©France télévisions

Marlon sait que seul le travail paye, pour remonter les jours de défaite et pour aller encore plus haut les soirs de victoire, avec son père à ses côtés, quoi qu'il arrive. 

Marlon entre aujourd'hui dans le monde professionnel, une nouvelle carrière et de nouveaux challenges. Les bandages sont plus durs, les gants plus petits, les combats plus longs et les coups plus dévastateurs. Marlon, qui compte trente-quatre médailles en amateur remet les compteurs à zéro.

Ulysse, son papa, a dû se lever brusquement de sa chaise, lui, qui savait, bien avant tout le monde, que son fils avait la flamme des battants.

Ce documentaire écrit et réalisé par Christophe Camoirano, produit par Girelle Production et France 3 Centre-Val de Loire sera diffusé ce jeudi 23 mai à 23 h 50. Les deux épisodes seront en replay sur france.tv.

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