Paroles de boxeurs : Que viennent-ils chercher sur le ring ?

" Celui qui met des gants de boxe pour la première fois sait peut-être ce qu'il vient chercher, mais il ne sait pas précisément ce qu'il va trouver. "

Dans son documentaire "Paroles de Boxeurs, histoires de combattants", Christophe Camoirano fait honneur à ses grands-pères, Robert et Fernand ainsi qu'à ses amis boxeurs de Fleury-les-Aubrais et de Nice. Il souligne qu'en toute modestie, il a franchi les cordes et enfilé les gants à plus de 40 ans.

Des mots et des images en hommage, pour mettre sur le devant de l'écran, ceux qui détiennent le secret de cette imperturbable motivation qui leur donne le besoin et l'envie de pousser chaque soir la porte de la salle.

Il se demande comme nombre d'entre nous "À quoi pense le boxeur lorsqu'il passe les cordes et baigne de lumières ? Regarde-t-il son adversaire comme un ennemi ou comme un double, une part obscure qu'il doit mettre à terre ? 

Paroles de boxeuse : Nahed Karchi 

Nahed pratique la boxe depuis trois ans, mais bien qu'elle soit novice en la matière, elle n'en possède pas moins une grande expérience du ring. Elle a déjà décroché de nombreuses médailles en Kick-boxing, qui peinent à se compter sur les dix doigts. Dix ou onze, Nahed hésite.

Faut-il en déduire qu'elle n'est pas du genre à s'attarder sur les victoires passées, mais à se battre au présent ? Riche de plusieurs titres internationaux pour cette discipline pugilistique, mêlant pieds et mains, pratiquée pendant une quinzaine d'années, elle entame sa reconversion, entraînée par Fabien Guillerme, champion d'Europe de boxe anglaise. 

Nahed est une jeune femme déterminée qui s'est lancée dans la compétition pour démontrer qu'être une fille ne l'empêche de faire ce qu'elle veut et que cela ne signifie pas non plus qu'elle vaut moins qu'un garçon. La preuve est faite si l'on en croit son parcours !

durée de la vidéo : 00h02mn36s
Nahed Karchi ©France télévisions

Nahed est une combattante, elle veut dominer, sentir qu'elle a gagné. Exigeante avec elle-même, elle n'est pas du genre à se complimenter pour un beau combat ou une victoire. Sur son propre carnet de notes intérieur, elle gribouille et marmonne "Peux mieux faire". Elle ne blâme pas les autres et surtout pas celle qui croise son regard sur le ring. 

" La boxe, quand je vais combattre, ça va être 100 % de mon ressort."

Avant le combat, elle a la boule au ventre parce qu'elle ne veut pas perdre. Son moteur, c'est la victoire, ressentir cette sensation unique quand on lui lève le bras sur le ring pour la déclarer gagnante. Tout ça pour quatre fois deux minutes. Oui, tout ça pour ça ! Parce qu'une semaine sans boxe, c'est une semaine de perdue.

J'aime souffrir. Si je vais m'entraîner et que je n'ai pas souffert, je me dis que je n'ai rien fait.

Nahed Karchi

Bosseuse, perfectionniste, elle veut absolument faire bien et en même temps, elle est fragile et très critique sur elle-même. Les larmes ne sont jamais loin quand elle perd, quand elle gagne, quand elle a mal ou qu'elle est déçue, parce qu'elle voudrait faire mieux, toujours mieux. La boxe est un sport difficile, exigeant. Une discipline en miroir où les filles ne sont pas les seules à pleurer.

"J'ai toujours vu ça comme un jeu d'échecs, en fait, c'est vrai, après, c'est physique. Il faut se dépasser, je crois que c'est pousser son corps le plus loin possible."

Paroles de boxeur : Romain Goreini

Quand Romain a voulu faire de la boxe, sa mère était un peu réticente. Elle s'imaginait des garçons bagarreurs qui allaient jouer du poing pour un oui ou pour un non. L'évolution de son fils a renversé le miroir.

"Je me suis sentie soulagée et je n'ai plus cassé les pieds à papa."

Vous l'aurez compris, le papa de Romain est aussi son entraîneur. Une belle complicité entre le père et le fils, à la maison comme à la salle. Des rapports que la famille a souhaité séparer pour ne pas mélanger les deux casquettes. Fabien Guillerme, en qui, les deux boxeurs ont toute confiance, reprend le flambeau, sous le regard bienveillant de la maman de Romain.

durée de la vidéo : 00h02mn02s
Romain Goreini ©France télévisions

Gentil garçon, de nature timide et renfermé, Romain a pris confiance en lui. Il a acquis une maturité et accueille le respect des autres en toute modestie. Son état d'esprit, cette volonté d'essayer et d'aller de l'avant est un atout pour surmonter les difficultés scolaires. La boxe lui donne un moyen d'expression qui lui permet d'extérioriser son mental. Sur le ring, il se métamorphose, il est dans son élément et cela se voit. 

Paroles de boxeur : Gaël Katambaie

Gaël ne veut pas dépendre des autres. Il veut prendre ses responsabilités et assumer ses gestes et ses actions, sans jouer les victimes.

Son entraîneur Jean-Marc Henry, a grandi dans des quartiers difficiles où il était livré à lui-même. La bagarre faisait partie des activités incontournables et le poing sortait rapidement de la poche. Sans père pour prendre soin de lui et de sa fratrie, il n'avait pas d'autre choix que de se défendre. En grandissant, il a commencé à faire de la boxe et a pris conscience de sa force et du répondant qu'il pouvait imposer.

"Suite à l'agression de mon frère, j'ai arrêté la boxe parce que je devenais de plus en plus méchant. J'ai arrêté ces gars-là et je leur ai mis à tous une volée parce que j'avais la haine. Sur le ring, la haine ressortait et je faisais mal à mes adversaires."

Une expérience et des leçons de vie, apprises de ses fautes et de cet esprit de revanche sur l'injustice. Bien que la peine ne soit pas tarie, la haine s'en est peu à peu allée.

durée de la vidéo : 00h03mn06s
Gaël Katambaie ©France télévisions

Aujourd'hui, Jean Marc préconise respect et discipline en toutes circonstances.

"Jean-Marc me protège, il essaie de me faire évoluer, il est tout le temps là, comme un père est là pour son fils. Je sais qu'il attend de moi, beaucoup de choses."

Face à un danger qu'il ne parvenait pas à évaluer sans "tenir, une cervelle entre les mains", Jean-Marc a préféré jeter l'éponge.

Gaël ne s'imagine pas vivre sans la boxe. Il ressent le besoin de donner et de prendre des coups. Il veut aller de l'avant, vivre en société dans le respect, en sachant se remettre en question. 

Les défaites sur le ring quand le souffle manque, sont difficiles à avaler.

"Paroles de boxeurs" nous entraîne au cœur du rendez-vous que le boxeur fixe avec lui-même."

Ce documentaire écrit et réalisé par Christophe Camoirano, produit par Girelle Production et France 3 Centre-Val de Loire sera diffusé ce jeudi 23 mai à 23 h 00 et sera suivi d'un second volet. Les deux épisodes seront en replay sur france.tv.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité