La métropole d'Orléans peut-elle encore soutenir ses clubs de sport de haut niveau ?

Le président de la métropole Serge Grouard n'est pas parvenu à faire voter une rallonge de 400 000 euros de la subvention accordée à l'Orléans Loiret Basket ce mercredi 13 juillet. Un groupe de travail, qui compte rendre ses conclusions en fin d'année, se penche sur la question de la politique de la collectivité concernant le sport de haut niveau.

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Petite friction, désaccord ponctuel ou fronde : les hypothèses vont bon train après un vote qui a crispé le conseil métropolitain d'Orléans ce mercredi 12 juillet au soir.

Tout est parti d'une demande du président de la métropole et maire de la ville-centre, Serge Grouard : faire passer la subvention annuelle accordée au club de l'Orléans Loiret Basket (OLB) de 1,12 à 1,5 million d'euros. Soit une hausse d'un tiers du montant versé au club par la collectivité. Et ce, deux mois après une subvention complémentaire de 210 000 euros votée après des débats très houleux.

Éléphanteau blanc

La raison de cette rallonge ? Des dépenses supplémentaires sont tombées sur le club depuis son transfert du palais des sports au flambant neuf CO'Met. Comme l'explique le maire divers gauche de Combleux et vice-président de la métropole Francis Triquet, présent en conseil métropolitain ce mercredi :

Le loyer de CO'Met, qui est un équipement d'exception, coûte plus cher, ce qu'on aurait pu discuter mais on ne s'en est pas donné les moyens. Et nous sommes dans une période avec beaucoup de transferts de joueurs, donc tout se joue actuellement. En gros, il faut que le club soit à la hauteur de l'équipement.

Francis Triquet, maire de Combleux

Car le loyer que verse l'OLB pour jouer à CO'Met sera de 250 000 euros en 2023-2024, et passera à 500 000 euros la saison suivante. Si bien que CO'Met ressemble tout autant au promoteur d'image qu'au fossoyeur financier de l'OLB. "Peut-être que, quand sa construction a été décidée, les coûts de fonctionnement ont été mal prévus", se hasarde Francis Triquet. Sans parler d'un emballement général au moment de la conception du projet, Matthieu Schlesinger reconnaît que "l'unanimisme général n'est pas toujours la meilleure des solutions". Et assure : "On a tous appris de CO'Met."

Panier percé

Quoi qu'il en soit, seule la métropole semble capable d'assumer les nouvelles dépenses du club. Puisque, depuis quelques années, le sport de haut niveau est une compétence des métropoles et non plus des communes qui les composent. Et que, par son statut de société d'économie mixte (SEM), l'OLB dépend bien plus des subventions que ses concurrents en Pro B (la deuxième division du basket français).

Sauf que, "quand il y a une demande de subvention comme cela, on a le bilan des années précédentes, le budget prévisionnel, etc. Là, non", assure Matthieu Schlesinger, maire DVD d'Olivet. Lui et certains de ses collègues disent avoir "demandé les recettes des matchs de l'OLB à CO'Met, on n'a même pas eu un Power Point".

Entre un manque de transparence et un important poste de dépenses supplémentaires, la demande de Serge Grouard n'a pas fait l'unanimité, loin de là. Si bien qu'une partie de la majorité de droite du conseil métropolitain a voté en faveur d'un amendement du groupe d'opposition de gauche, prévoyant de maintenir le même niveau de subventions pour l'OLB que l'année dernière. Résultat, le président de la métropole est mis en minorité, et la hausse est rejetée. "Ce n'est pas un vote contre l'OLB, on veut tous que le club progresse et passe en première division, mais ça n'arrivera pas juste avec 400 000 euros", observe Matthieu Schlesinger.

Ce vote, "c'est étrangler l'OLB", a lancé Serge Grouard à l'assistance, rapporte France Bleu Orléans. Selon La République du Centre, il aurait ajouté : "Je saurai m'en souvenir à d'autres moments." "C'est une marque de mépris parce que ses ordres n'ont pas été suivis, doublés d'une menace, ç'a été fraîchement accueilli", souffle, après coup, le maire d'Olivet.

Politique de l'autre riche

Le maire d'Olivet et celui de Combleux, Francis Triquet, s'accordent sur le manque de concertation avant ce vote. Voire, une forme de court-circuitage d'un travail entamé il y a plusieurs mois. Les deux élus font ainsi partie du même groupe de travail, ayant pour but de remettre à plat la politique de la métropole vis-à-vis du sport de haut niveau.

"Les choses n'ont pas été clarifiées quand la compétence a été reprise aux communes, considère Francis Triquet. Nous sommes plusieurs à dire que, avant de prendre ce genre de décisions et d'agir au coup par coup, il faut savoir si la métropole est capable de soutenir véritablement le sport de haut niveau." Et, le cas échéant, la collectivité se devrait de se doter d'une "vraie politique avec les moyens nécessaires".

Sauf que les conclusions de ce groupe de travail n'arriveront qu'en octobre selon Matthieu Schlesinger, plutôt "fin 2023, début 2024", estime de son côté Francis Triquet, maire de Combleux. Ce dernier se garde bien de dessiner des esquisses de solutions. Le maire d'Olivet, lui, juge que "la SEM est un modèle dépassé", et souhaite "l'ouverture du capital du club, avec l'arrivée d'un acteur privé qui y mettrait les moyens". Ou une participation de "socios", au vu du "véritable enthousiasme autour de l'OLB" depuis le premier match à CO'Met.

Il prend ainsi l'exemple des Septors, l'équipe de handball de Saran, parvenus "à réunir un million supplémentaire" cet été, avant leur remontée en première division. "L'OLB n'y arrive pas, et c'est un problème de gouvernance."

Les nouvelles panthères ?

Une rengaine qui rappelle fortement celle entourant le refus de la métropole d'accorder une subvention exceptionnelle de 100 000 euros aux Panthères de Fleury-les-Aubrais à l'automne 2022. L'équipe de handball est depuis "liquidée". Matthieu Schlesinger avait, à l'époque, voté contre la subvention : "On voyait bien que le modèle économique n'était pas bon, ce qu'avait dit le maire d'Orléans." Une observation qui n'avait pu se faire que "parce qu'on avait les infos financières", cette fois-là.

À l'époque, les élus de Fleury avaient dénoncé une trahison de Serge Grouard. La maire de la ville, Carole Canette, avait estimé dans MagCentre que le président de la métropole aurait dû démissionner après le refus par les élus métropolitains du retour de l'OLB et de l'US Orléans football dans le giron de la ville d'Orléans. Projet porté par le même Serge Grouard.

Aujourd'hui, impossible de dire si les conclusions du groupe de travail du conseil métropolitain parviendront à remettre tout le monde d'accord. La politique sur le sport de haut niveau reste plus que jamais incendiaire à Orléans, et la plus grosse épine dans le pied de son président-maire.

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