La concertation entre policiers et gendarmes débute ce lundi, pour une mise en place d'une "PSQ" dans le département. Orléans fait figure d'initiatrice d'un dispositif souhaité par Emmanuel Macron.
Le concept est encore peu défini mais les discussions, elles, sont lancées. Le préfet de région Centre-Val de Loire Jean-Marc Falcone organise à partir du 13 novembre une série de concertations entre les forces de l'ordre et de nombreux partenaires locaux (mission locales, TAO, associations...).
L'objectif : mettre en place une Police de Sécurité du Quotidien (PSQ), promesse de campagne d'Emmanuel Macron, sensée contrer "la perte de confiance dans la capacité de l'état à protéger [les ciotyens]", selon la préfecture.
Peu de détails sur des moyens alloués n'ont été communiqués. Des réunions de proximité avec la police et avec ces différents acteurs - élus, bailleurs sociaux, commerçants ou entreprises de sécurité privée - devraient avoir lieu dans les prochains mois, pour une mise en place début 2018.
Le principal enjeu est la coordination entre les forces de l'ordre - notamment entre polices nationales et municipales, parfois peu enclines à se partager des missions - et l'uniformisation d'une présence des agents sur tous le territoire.
"La sécurité du quotidien, c’est lutter contre tout ce qui fait naître un sentiment d’insécurité chez nos concitoyens et qui leur donne l’image de l’impuissance publique : les cambriolages, les infractions routières, les implantations et campements illicites, les rodéos sauvages, les occupations de halls d’immeubles, les incivilités dans la rue et dans les transports, ou le harcèlement de rue pour les femmes", commente la préfecture du Loiret dans un communiqué.
L'initiative réveille un débat sur le rôle de la police, vue comme une force de répression et d'interpellation par la droite au début des années 2000. Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, avait alors supprimé la "police de proximité" initiée 5 ans plus tôt par Lionel Jospin. Le premier ministre socialiste mettait lui en avant la présence accrue des officiers dans les quartiers, prenant un rôle de prévention et d'apaisement plus important.
Emmanuel Macron nie tout héritage de la police de proximité, mais a expliqué le 18 octobre que l'un des rôles de la PSQ est de "retisser avec les associations, les élus locaux des formes d’actions rénovées", en replaçant "le service du citoyen au cœur du métier de gendarme et de policier".
Orléans fait partie des sites expérimentaux de ce dispositif. En 2016, le maire adjoint Olivier Geffroy promouvait déjà les actions de la police municipale en ce sens, notamment symbolisées par la collaboration entre municipaux et nationaux dans le quartier des Carmes.
Sur Twitter, le syndicat SGP-FO du Loiret a préféré ironisé sur la première réunion de concertation, en y déplorant l'absence des représentants du personnel. Patrick Lavaine fait partie du synidcat dans le département, et est catégorique : "dans l'état actuel des choses, ce n'est pas applicable. Recréer le lien entre la police et la population, c'est très bien, mais pas sans renforts". 21 postes de policiers ne seraient pas pourvus à Orléans selon le syndicaliste, qui craint que la police de sécurité du quotidien "soit comme les UTEQ [Unités territoriales de quartiers, supprimées en 2008] et vampirise les services existants".
Christophe Léveillé, secrétaire départemental FO Police Municipale, explique de son côté :
Je suis curieux de voir ce que ça va donner. Mais ce qu'il faut vraiment, c'est s'asseoir autour d'une table et parler du volet social, des conditions de travail des policiers avant de leur donner de nouvelles prérogatives
Bruno Berger, de la CFDT Police dans le Loiret, considère n'être "ni pour ni contre" et attend de voir le résultat des concertations.
Si on veut mettre plus de personne dans les quartiers, c'est une bonne chose, mais dans ce cas on ne pourra plus assurer notre mission d'intervention, de police secours. Cela ne peut pas se faire sans moyens supplémentaires.
Tous les départements de France sont chargés d'engager une concertation sur le rôle des forces de l'ordre. Une quinzaine de sites, dont Orléans pourrait faire partie, testeront de nouvelles organisations spécifiques dès janvier 2018.
Reportage d'Alain Heudes, Isabelle Racine et Céline Girardeau. Avec comme interlocuteurs :
- Taline Aprikian, Directrice de cabinet du Préfet du Loiret
- Olivier Geffroy, Maire-adjoint d'Orléans à la Sécurité
- Stéphane Liévin, Délégué SGP-FO Police Nationale