Municipales 2020 : à Orléans, fusion à gauche, discussions à droite

Alors que l’écologiste Jean-Philippe Grand a fini par trouver un accord avec Baptiste Chapuis qui menait la liste PS-PC, l’ancien maire Serge Grouard discute avec la liste centriste de Nathalie Kerrien qui a obtenu 6% au 1er tour.

Pour symboliser leur mariage de raison, les écologistes, les socialistes et les communistes ont convié la presse , au cœur de l’Argonne, quartier populaire d’Orléans où pourraient se trouver les réserves de voix nécessaires à une victoire de la gauche dans la capitale régionale – ce qui n’est plus arrivé depuis 1995 et la réélection du socialiste Jean-Pierre Sueur.Cette union qui semble logique d’un point de vue programmatique tant les propositions des deux listes sont proches sur de nombreux points fut pourtant longue à se dessiner. Les discussions qui ont commencé dès l’année dernière ont failli par moments aboutir pour un accord de premier tour mais il s’est toujours trouvé un grain de sable pour arrêter le mouvement.

En off, les socialistes suggéraient que la direction centrale d’Europe Ecologie Les Verts refuserait tout accord dans les grandes villes pour prouver qu’elle était devenue la première force de gauche. Côté écologiste, on trouvait les futurs partenaires trop gourmands en nombre de places sur les listes : en cas de défaite, Jean-Philippe Grand (conseiller régional par ailleurs) pouvait se trouver isolés parmi les élus socialistes et communistes d’opposition.

Contrairement au choix fait à Tours, les principales forces de gauche ont décidé de se lancer séparées dans la bataille. Pendant la campagne de 1er tour, elles n’ont cessé d’insister sur leurs différences : proposant chacune la gratuité des transports pour les jeunes, elles n’étaient pas d’accord sur l’âge exact qui permettait d’en profiter. Moins de 18 ans ? Moins de 25 ans ?

Le ton est parfois monté quand les jeunes communistes ont accusé Jean-Philippe Grand de "recycler un ancien élu d’extrême-droite" parce que l’un des ses colistiers avait autrefois momentanément adhéré à Debout la France, le mouvement de Nicolas Dupont-Aignan.

Valérie Corre à la Métropole

Les deux têtes de listes ont tout de même fait en sorte de préserver l’avenir en n’allant pas trop loin dans les critiques réciproques. Ce qui a donc permis la finalisation d’une liste commune qui sera menée par Jean-Philippe Grand (EELV) puisqu’il a obtenu 19% au 1er tour contre 12% pour Baptiste Chapuis (PS-PC).

"S’il y a deux tours aux élections municipales, explique Jean-Philippe Grand c’est pour permettre à toutes les composantes de la gauche de s’exprimer. Les électeurs veulent-ils un peu plus d’écologie ou un peu plus de social ? Ils ont choisi. Maintenant on travaille ensemble et c’est le plus important. On a beaucoup de choses en commun dans notre ADN et dans les combats que l’on porte depuis des années. C’est pour ça que les unions de la gauche fonctionnent partout en France. Et c’est comme ça qu’on peut espérer battre Serge Grouard."

Sur la nouvelle photo de famille, le contexte sanitaire oblige les uns et les autres à rester à distance respective ce qui correspond bien aux conditions politiques de ce rapprochement dicté par l’intérêt commun. Il semble plus raisonnable en tout cas qu’une fusion avec les listes menées par le maire sortant Olivier Carré ou la centriste Nathalie Kerrien. Certains le fantasmaient mais Jean-Philippe Grand affirme que les discussions n’ont jamais vraiment commencé.

Pour Baptiste Chapuis, l’union de la gauche au 2e tour est logique : "D’autres villes de France comme Nancy et Montpellier concluent des accords cette semaine. Et je me souviens que le socialiste François Bonneau a conquis la région comme ça il y a quelques années, en rassemblant les écologistes au 2e tour."

Pour éviter les fâcheries, les places sur la liste ont été réparties à proportion des résultats du 1er tour soit 31 pour les soutiens de Jean-Philippe Grand et 24 pour ceux de Baptiste Chapuis. La communiste Dominique Tripet sera la N°2 de la liste, Baptiste Chapuis N°3. En 4e position se trouve l’ex-députée socialiste Valérie Corre qui a rejoint dès le 1er tour Jean-Philippe Grand sur la liste Orléans Solidaire Ecologique et a été choisie pour présider la métropole en cas de succès.

La liste d’union de la gauche qui gardera le nom OSE (Orléans Solidaire Ecologique) présentera ses nouvelles propositions au fil de la campagne qui commencera officiellement le 15 juin pour s’achever le 28. En attendant, elle a déjà annoncé cinq priorités pour sortir de la crise dont certaines figuraient déjà dans les programmes de 1er tour :
 
  1. Relocaliser la production locale, notamment de médicaments.
  2. Mieux soutenir les acteurs associatifs.
  3. Créer un dispositif pour lutter contre le décrochage scolaire.
  4. Créer un plan local d’alimentation pour favoriser la conversion au bio des producteurs.
  5. Un nouveau plan de déplacement qui favorise le vélo et assure la gratuité des transports pendant la crise.

Olivier Carré isolé ?

Avec ce programme, la gauche espère combler le retard de 700 voix qu’elle compte au 1er tour sur Serge Grouard qu’elle considère comme son principal adversaire.

Avec 35% des voix soit 7888 votes, l’ancien maire Les Républicains fait en effet figure de favori. D’autant qu’il pourrait récupérer une partie des suffrages qui se sont portés sur son ex-adjointe, la centriste Nathalie Kerrien. Avec 6% des voix, elle n’est pas qualifiée pour le 2e tour mais peut prétendre à une fusion qui intéresserait certains de ses colistiers même si elle a affirmé ne pas être personnellement candidate."On discute avec Nathalie Kerrien. Nous avons une proximité que chacun connaît, explique Serge Grouard. Mais il n’y a rien d’abouti. Nous en sommes au stade des discussions."

Les discussions ne dureront pas très longtemps car les listes doivent être déposées mardi 2 juin en préfecture. Si elles aboutissent, elles conforteront les soupçons de ceux qui pensent que Nathalie Kerrien s’est lancée dans la campagne pour faire le jeu de Serge Grouard et prendre des voix au centre au maire sortant.

De fait, Olivier Carré (soutenu par LREM) semble affaibli par ces accords possibles puisqu’il n’a pas de réserve de voix et n’a réalisé que 24% au 1er tour.

Mais personne ne sait quelle sera la participation au 2e tour. A Orléans elle était de 35% le 15 juin dernier. Si elle redevient conforme à ce que doit être une élection municipale, tous les calculs actuels seront caduques.
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