Les militants loiretains de l'association Alternatiba proposent à tous les candidats à la mairie d'Orléans un pacte environnemental. L'objectif : faire exister la thématique de l'écologie dans la campagne.
Pour un Français sur trois, l'environnement doit être l'une des trois priorités d'un maire. C'était le constat dressé par un sondage Odoxa-CGI réalisé pour Franceinfo en décembre dernier. Signe que la politique locale peut, elle-aussi, s'engager sur le terrain de l'écologie et de la lutte contre la pollution.En 2014, l'élection de l'écologiste Eric Piolle à la tête de Grenoble, qui devenait par la même occasion la plus grande ville écolo de France, était déjà le signe d'un basculement des mentalités. Presque six ans plus tard, l'écologie ressemble de plus en plus à un sujet transpartisan.
"Nous constatons une prise de conscience de plus en plus présente et accentuée parmi les candidats", explique Vincent Lombard, chargé des relations presse d'Alternatiba Orléans.
"Transformation écologique de notre territoire métropolitain"
Alternatiba, c'est une association qui vise à mobiliser la population et le personnel politique sur les questions écologiques, et notamment sur le dérèglement climatique. Créée au niveau nationale, son antenne orléanaise n'existe que depuis un an et ne compte qu'une dizaine de militants actifs.
Et pourtant, Alternatiba Orléans s'est déjà fait remarquer. En cause : son "pacte pour une transformation écologique de notre territoire métropolitain", une série d'actions concrètes et environnementales, envoyé en décembre à tous les candidats à la mairie d'Orléans aux municipales de 2020.
"Les candidats choisissent les actions sur lesquelles ils souhaitent s’engager. Puis ils signent le pacte, et s'engagent ainsi à les mettre en place une fois élus", résume Vincent Lombard.
Ces propositions ont été élaborées en partenariat avec différentes associations locales, afin de s'adapter aux besoins du territoire de la métropole orléanaise. Elles ont été regroupées dans quatre grandes thématiques : la rénovation énergétique, la gestion de l'eau, les transports en commun, ainsi qu'un volet agricole.
Peser sur les débats
Mais une fois signé, comment être sûr que ce pacte ne soit pas qu'un acte de communication pour les candidats ? "On n'est pas naïfs, rien n'empêche le maire élu de ne pas respecter ses engagements, admet Vincent Lombard. Mais la signature est publique, elle n'est pas décidée dans une réunion à huis clos. Si l'élu ne respecte pas son engagement, il perdra de sa crédibilité. Et on sera là pour le rappeler."
✍️ En signant notre Pacte pour une transformation écologique, @OrleansEnsemble et @philippe_rabier s'engage à inscrire dans leur programme les actions choisies lors de notre rencontre et à les mettre en œuvre si la liste est élue!?Voir les engagements ➡️ https://t.co/kGMkM5j3AR pic.twitter.com/exGHmnhUw0
— Alternatiba Orléans (@Alternatiba45) January 8, 2020
Car Alternatiba entend bien faire de ces thématique un sujet à long terme. Le pacte n'étant qu'une première étape : faire exister le sujet environnemental dans la campagne des municipales à Orléans, et communiquer pour mobiliser les citoyens. Des citoyens auprès desquels les futurs élus auront une grande responsabilité environnementale selon Vincent Lombard :
Ces derniers jours, l'équipe orléanaise d'Alternatiba a déjà rencontré trois équipes candidates : celles de Philippe Rabier, Tahar Ben Chaabane et Serge Grouard. A l'issue de ces réunions, tous ont accepté une grande partie du pacte, et "n'ont pas été très difficiles à convaincre" selon Vincent Lombard.Le GIEC a sorti des rapports alarmants sur l'environnement. Les scientifiques ont montré qu'il fallait limiter la hausse de température à 1,5°C, sinon on allait vers des catastrophes qui remettent en jeu une partie de la survie de l'humanité. La trajectoire actuelle nous mène à 5,5°C. Mais il est encore temps d'agir. Les leviers d'actions se situent entre 50 et 70% au niveau local. On pense que 2020 sera le dernier mandat pour limiter le réchauffement climatique. Pour les élus, c'est l'occasion d'aller dans le sens, plutôt que de nous mener à la catastrophe.
Tous les candidats ont répondu présent
Tahar Ben Chaabane et Serge Grouard ont cependant gardé une certaine prudence sur le sujet de la gestion de l'eau, qu'Alternatiba souhaite voir revenir à une régie publique.
Tous les autres candidats déclarés ont également accepté de rencontrer les militants pour discuter du pacte. Des rencontres vont ainsi être organisées jusqu'au 22 janvier.
Reste maintenant à étendre le pacte au reste des communes de la métropole orléannaise. "Si Orléans et une autre commune sont d'accord sur un sujet, elles ont la majorité à la métropole, précise Vincent Lombard. Ce serait donc l'occasion de mettre en place des politiques ambitieuses sur Orléans Métropole, et plus seulement au niveau communal".
Gros sujet métropolitain justement, la question de la rénovation énergétique. En 2018, dans son schéma directeur 2030/2050, la Métropole évoquait le total de 50 000 logements à rénover. L'objectif : venir à bout de la précarité énergétique, et diminuer de plus de 50% les dépenses énergétiques du secteur du bâtiment.
Multiplier par dix les rénovations de logements
Et pour ce faire, le schéma directeur évalue l'investissement à 1,6 milliard d'euros sur 30 ans, soit 50 millions par an. Les opérations de restauration immobilière ne représentaient pourtant que 5 millions d'euros en 2019 sur le budget de la métropole. Le budget total d'investissements métropolitains s'élevant à un peu plus de 200 millions d'euros par an.
[Rdv avec @SergeGrouard] Hier, 2h d'échanges sincères et constructifs. Des engagements de sa part annoncés notamment sur la rénovation énergétique des bâtiments et l'agriculture. Mais des divergences sur le sujet de la gestion de l'?. Ses engagements signés rendus d'ici le 25/01 pic.twitter.com/gQDuijxl4q
— Alternatiba Orléans (@Alternatiba45) January 14, 2020
"On sait qu'il y a d'autres domaines d'investissements, comme la culture ou le sport, qui vont figurer dans les programmes des candidats, conclut Vincent Lombard. Ce sera aux candidats de choisir ce qu'ils gardent de notre pacte."
Pas sûr, donc, que les budgets des villes et de la métropole accordés à l'environnement gonflent l'année prochaine. D'autant que les futurs élus devront eux-même évaluer les dépenses requises pour appliquer le pacte d'Alternatiba.
Mais Vincent Lombard le promet : "En février, on fera une infographie pour évaluer les programmes publiés par les candidats, pour voir s'ils ont respecté leurs engagements pris auprès de nous." Les premiers fruits du pacte devraient donc arriver tôt cette année.