Orléans, Saint-Jean-de-la-Ruelle et Saint-Pryvé ont décidé d'annuler leur feu d'artifice, qu'elles avaient l'habitude d'organiser en commun, le 13 juillet. Il attirait des milliers de personnes qui "s'agglutinaient" sur les quais. Ces villes planchent pour proposer d'autres animations tout l'été.
Voilà 15 ans que Saint-Jean-de-la-Ruelle et Saint-Pryvé tirent ensemble leur feu d'artifice avant d'être rejoint, il y a 3 ans, par Orléans. Cette année, le Covid-19 aura eu raison de cette tradition qui réunissait les habitants des deux rives de la Loire chaque 13 juillet. " On a beaucoup hésité, car c’est la fête nationale à laquelle tout le monde est attachée. Mais la configuration, aux bords de la Loire, fait qu'on a plusieurs milliers de personnes agglutinées des 2 cotés de la berge et qui se tassent au plus près du pont de l'Europe pour voir le spectacle. " - Christophe Chaillou (PS), Maire de Saint-Jean-de-la-Ruelle
Pas de report prévu
A Orléans, ce sont plusieurs milliers de personnes qui, habituellement, assistent au spectacle. La décision devait être prise rapidement, car il fallait respecter les obligations administratives, finaliser les appels d'offre et surtout, prendre en compte le délai incompressible d’instruction d’un mois de la Préfecture. Les 3 maires ont pris cette décision conjointement et ils ont préféré ne pas attendre le discours du Président, Emmanuel Macron, sur les suites des mesures à prendre pour la crise sanitaire, prévu ce dimanche. Avec le Covid-19 et les contraintes sanitaires, organiser une manifestation d’ampleur, même en extérieur, reste un vrai casse tête pour les municipalités.
Pas de 14 juillet, mais les mairies promettent des animations tout l’été
Le budget de ce feu d’artifice, divisé entre les 3 communes, était de 40 000 euros. La somme qu’économisera la ville de Saint-Jean-de-la-Ruelle, le Maire sait déjà comment l’utiliser : " Beaucoup de jeunes seront présents sur la commune cet été. Beaucoup de familles par exemple ne retourneront pas au pays. On est donc en train de réfléchir pour proposer toute une série d'activités à la population. " L’une des pistes par exemple est de " réserver le camping municipal, pour les centres de loisirs la semaine et pour les familles de la commune le week-end. " - Christophe Chaillou (PS), Maire de Saint-Jean-de-la-Ruelle. Le Covid-19 oblige chaque commune à repenser son agenda culturel de l’été.
Un 14 juillet « humain et solidaire » cette année
Dans un communiqué, la Ville d’Orléans, suivant les annonces nationales, a fait le choix de placer " cette date symbolique et mémorable pour tous les Français, sous le signe de la solidarité, avec un programme d’animations et d’actions autour de l’humain. " Il n’y aura donc pas de bal populaire ni de retraite aux flambeaux cette année. Le programme n'est pas encore totalement défini. La mairie dit avoir en préparation " diverses animations et actions " afin de permettre aux habitants de rendre hommage " à tous ceux qui se sont mobilisés dans la lutte contre le Covid-19. "
L'inquiétude gagne les artificiers
Avec l’annulation de beaucoup de fêtes du 14 juillet cette année, les artificiers tirent le signal d’alarme. Pour Franck Gaidot, responsable magasin et artificier aux établissements Bellier, " le géant de la Fête ", installés dans le Loiret à la Ferté Saint-Aubin, cette année aura été catastrophique : " Cette saison, on va perdre 80 % de notre chiffre d’affaire sur l’artifice, sans compter qu’avec le confinement tous les carnavals, les kermesses d’écoles, les mariages ont déjà été annulés. C’est simple, par exemple, je me retrouve déjà avec 2 containers de confettis sur les bras." Avec les contraintes sanitaires et l’obligation de faire respecter des distanciations sociales, la fête du 14 juillet devenait un vrai casse-tête pour les municipalités. Seules les municipalités de moins de 5 000 habitants vont peut-être oser les maintenir. Et encore, car il y a le risque que cela attire du monde venu des communes voisines.Franck Gaidot, lui, ne comprend pas que les Préfectures soient si intransigeantes, avec parfois " les deux pieds sur la pédale de frein ". Pour lui, il aurait au moins fallu " que les préfectures dérogent au délai d’instruction légal d’un mois ". Ainsi, les municipalités et la profession auraient eu plus de temps pour se retourner et s’organiser. " Nous, dans notre métier, on doit savoir maîtriser le risque et on est habitué aux contraintes. L’année dernière déjà, on a travaillé malgré des conditions difficiles avec la sécheresse et la canicule. Et bien, on a su s’adapter avec des pompes à eau, des guetteurs au moment du tir. "
« On ne vous donne pas un certificat d’artificier comme on vous donne votre flocon. C’est un métier très encadré. » F. Gaidot
Normalement, au moment des festivités du 14 juillet, son entreprise tire plus de 150 feux d’artifice. Cette année, il pense qu’" une quinzaine seulement seront maintenus" et bien sûr, ils seront relativement modestes, car tirés dans de petites communes. Mais peut-être d'autant plus beaux, car si rares cette année.