Orléans : la Chambre des comptes épingle le centre hospitalier, "surdimensionné" et malade financièrement

Le CHRO, dont la création a couté près d'un milliard d'euros, verrait ses finances plombées par un surdimensionnement chronique. La Chambre préconise une refonte de l'offre de soin environnante, mais aussi une réorganisation interne de l'établissement.

Le centre hospitalier régional d'Orléans devrait s'occuper de sa propre santé. C'est ce que conclut un rapport de la Chambre régionale des comptes du Centre-Val de Loire qui a évalué les finances du CHRO entre 2011 et 2019. Résultats : le nouvel hôpital est surdimensionné et doit revoir ses dépenses.

Des dépenses que la Chambre estime trop importantes. Elle note ainsi que les presque 35 millions d'euros annuels alloués au CHRO représentent "plus de 15% des ressources régionales [dédiées au médical] alors qu'en 2017, [il] pesait pour moins de 9% dans les séjours hospitaliers à l'échelle de la région". Alors le CHRO trop cher, trop gourmand, trop grand ?

Le projet du nouvel hôpital d'Orléans a coûté environ 930 millions d'euros, subventionnés par les pouvoirs publics à hauteur de 77%, à en croire le rapport. "Le plus important projet hospitalier de France", se vantent ses défenseurs, auquel la Chambre des comptes a du mal à trouver une légitimité.
 

Un projet de départ revu à la hausse

Car, lorsqu'il est lancé en 2002, le projet "Nouvel hôpital d'Orléans", NHO pour les intimes, a pour buts principaux de recentrer l'activité de court séjour sur un seul site, et ainsi simplifier l'offre hospitalière de l'agglomération et l'offre de soins.

Ce n'est que plus tard que le conseil d'administration, dont faisait partie le maire actuel d'Orléans Serge Grouard, et la commission médicale "ont voulu revoir à la hausse le dimensionnement et les capacités du NHO". Le tout en se fondant sur un développement démographique du Loiret et sur une réorganisation de la carte hospitalière qui recentrerait l'offre sur le futur CHRO.

Presque 20 ans plus tard, le constat dressé par la Chambre est bien plus amer que prévu. Les hypothèses des années 2000 "ont été rapidement contredites par une croissance de l'activité hospitalière [...] très inférieure aux prévisions". Malgré tout, "l'irréalisme des projections d'activité n'a pas conduit l'établissement à remettre en question le projet", que la Chambre juge désormais "surdimensionné". 
 

"On n'a pas été écoutés"

Comme symptôme de ce surdimensionnement, le rapport met notamment en avant un taux d'occupation insuffisant (80,5% en 2017 pour les capacités médecine-chirurgie-obstétrique), inférieur tout du moins aux estimations faites lors de la conception du projet.

Interrogé par nos confrères de France Bleu, le maire Serge Grouard, récemment réélu président du conseil de surveillance du CHRO, s'est dit "sidéré" par le constat de la Chambre régionale des comptes. "Il y a des postes qui sont vacants aujourd'hui et qui ne sont pas pourvus, alors mois je n'entends pas le discours du surdimensionnement comme des effectifs trop nombreux", a-t-il affirmé. Contacté par France 3, Serge Grouard n'a pas donné suite à nos sollicitations.

Ce surdimensionnement, "on l'avait dénoncé à l'époque, mais on n'a pas été écoutés", affirme Cédric Montagne, secrétaire général de la CGT au CHRO.

Ils ont oublié qu'on est dans un désert médical, et que les gens vont plutôt à Paris et à Tours.

Cédric Montagne, secrétaire général CGT CHRO

Une sorte de "vol de patients" dont la Chambre est bien consciente, elle qui préconise une "restructuration de l'offre de soins environnante pour capter davantage d'activité".

Pour Cédric Montagne (comme pour Serge Grouard), le problème vient du manque chronique de médecins au sein de l'hôpital. Un manque de médecins qui entraîne selon lui "une mauvaise réputation, donc les gens ne viennent pas". La solution : "Comprendre pourquoi les médecins ne veulent pas venir dans le Loiret" et "faire un peu de publicité" pour le CHRO.
 

Une amélioration notable de l'offre de soins

A l'inverse, la Chambre des comptes estime que les baisses d'effectifs entreprises par la direction ne seront pas suffisantes pour remettre le paquebot à flot financièrement. Elle recommande notamment d'identifier "les réorganisations possibles des espaces en optimisant ceux affectés aux soins et à la gestion". Une recommandation qui ouvre la porte à la désaffectation de certains bâtiments, à l'externalisation de certains soins et à de nouvelles suppressions de postes.
 
Une vision simplement comptable de la santé que rejette en bloc François Bonneau, président de la région Centre-Val de Loire. "Je veux sortir de la simple appréciation au mètre carré", affirme-t-il, préférant s'attarder sur la qualité des soins apportés. Une qualité que reconnait le rapport de la Chambre, qui note que le CHRO "constitue un gain incontestable en matière de confort hôtelier (80% de chambre individueles) et de sécurité des soins".

Cette qualité de soin doit aussi "être mesurée au regard de situations de crise, comme celle que nous traversons", estime François Bonneau. Pour lui, il est important "de raisonner en vitesses de croisière, en anticipant les crises, et en formant assez de médecins". Et si "le CHRO n'est pas un CHU, il a vocation à accueillir un nombre plus important d'internes", note-t-il, ce qui permettrait un renforcement de l'activité au sein de l'hôpital et une meilleure attractivité du territoire pour les jeunes médecins en formation.

Pessimiste, la Chambre conclue que "le projet de plan de retour à l'équilibre élaboré par l'établissement ne comporte aucune mesure visant à réduire les charges de structures". D'ici à 2028, le CHRO devra trouver 34 millions d'euros pour rembourser sa lourde dette.
 
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