Orléans : les créations musicales "inattendues" d'un orchestre confiné triomphent sur Facebook

Depuis fin mars, l’orchestre symphonique l’Inattendu confectionne des reprises de morceaux incontournables pour égayer le confinement des internautes. Un moyen, aussi, pour ces musiciens de la Fabrique Opéra Val de Loire de patienter jusqu'aux nouvelles dates de La Traviata de Verdi.
 

"Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux" et "YMCA" des Village People. On vous l’accorde, ces deux tubes datent un peu. Et pourtant, en ce moment, ils se répandent à grande vitesse sur Facebook, dans deux versions particulièrement originales.

Violons, harpes, cors, tubas, clarinettes, trompettes et altos (entre autres) y sont à la manœuvre pour transformer ces chansons légendaires en reprises symphoniques. Le cadeau est signé l’Inattendu, ensemble symphonique du Centre-Val de Loire auparavant connu sous le nom d’Orchestre de Léonie.

A sa tête, Clément Joubert, directeur artistique, chef d’orchestre et figure centrale (au propre comme au figuré) de ces vidéos géniales : 

L’idée c’est plutôt de faire les choses comme on a l’habitude de les faire, c’est-à-dire sérieusement sans se prendre au sérieux.
 

27 mars à 20h

Au tout début de l’histoire, il y a des apéros en ligne entre musiciens le soir sur leur groupe privé Messenger. Et des discussions, verre à la main. "C’est parti d’une bêtise entre nous et c’est devenu presque une nécessité, raconte Clément Joubert. "On n’avait pas envie de faire un message de soutien spécialement pour les soignants, ou pour les malades… Car ceux qui sont en détresse en ce moment sont nombreux.

Mais puisque nous, on est saltimbanques, on a eu envie de faire plaisir et de faire sourire.

La première vidéo sort le 27 mars à 20h sur la page Facebook de l’orchestre. A ce moment précis, l’Inattendu aurait dû se trouver sur la scène du Zénith d’Orléans pour jouer la première de la Traviata, opéra de Verdi choisi cette année pour la 6ème édition du projet coopératif la Fabrique Opéra Val de Loire.

En lieu et place de ce spectacle reporté, l’Inattendu nous chante "Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux"… Tout un symbole !

100 000 vues en 24h

Contre toute attente, très vite après sa mise en ligne sur Facebook, la vidéo se retrouve de nombreuses fois partagée et beaucoup commentée. A tel point qu’au bout de 24h, on dénombre déjà 100 000 vues.

"On a eu des retours d’un gars au nord de la Pologne, du Québec, des États-Unis, et là on a pris conscience qu’on était sur une plateforme planétaire. On pensait que ça allait bien marcher dans notre premier cercle d’amis et auprès des associations dont on fait partie… On a été surpris parce qu’on ne l’a pas fait pour ça", analyse Clément Joubert.  
A ce jour, cette première vidéo a largement dépassé les 200 000 vues. La deuxième, reprise de "YMCA", a été postée le 5 avril et prend la même trajectoire.
 

 Coulisses

Mais derrière ces morceaux de 4 petites minutes (7 avec générique et bêtisier), il y a un travail colossal : une quarantaine de musiciens à faire jouer ensemble, à faire chanter ensemble et une multitude de sons à harmoniser ensemble.

Car contrairement à ce qu’on pourrait penser, ces vidéos sont un assemblage de toutes celles fabriquées "artisanalement" par chaque musicien confiné chez lui, avec son smartphone.
Le pianiste-monteur, Jérôme Damien et l’ingénieur du son Vincent Carlier sont les discrets artisans de ce pêle-mêle musical. Et la fabrication d’une telle vidéo se compte en jours bien plus qu’en heures…

"Nous, on s’est marrés à faire ça. Ça nous a donné, le temps d’une après-midi, l’occasion de nous moquer de nous-même, de dédramatiser la situation. D’où le bêtisier…Mais c’est un boulot énorme !" admet Clément Joubert.
 

Orchestre touche-à-tout

Heureusement, "Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux" figurait déjà dans l’incroyable répertoire de l’orchestre. A l’automne dernier, l’Inattendu l’avait joué lors de la Folle Semaine, festival de musique organisé à Meung-sur-Loire (Loiret).

Musique de films, chansons populaires, musique baroque ou contemporaine, l’orchestre est touche-à-tout et n’a pas choisi son nom par hasard. Habitué à multiplier les projets en tous genres, c’est lui qui met en musique, depuis 6 ans, les spectacles de la Fabrique Opéra Val de Loire.
 

En attendant la Traviata

Prévu les 27, 28, 29 mars, les représentations de la Traviata de Giuseppe Verdi par la Fabrique Opéra Val de Loire ont été reportées aux 19, 20, 21 mars 2021. L’orchestre venait de terminer une semaine de filage quand les mesures de confinement ont été annoncées.

A défaut de pouvoir poursuivre le travail sur cet événement, les musiciens répètent leurs gammes chez eux.

 
Autant dire que, pour patienter, nul doute que l’Inattendu nous réserve encore quelques surprises… Clément Joubert confirme : "Il y en a d’autres en préparation. Et sur la prochaine, nous serons encore plus nombreux. Mais je ne vous en dirai pas plus"...