Précarité énergétique : un ménage sur quatre en Centre-Val de Loire peine à payer la facture d’électricité

Le 6 février, l'Etat et la région Centre-Val de Loire ont signé la convention de financement du service d'aide à la rénovation énergétique. Véritable enjeu environnemental et social, la précarité des ménages face au coût de l'énergie s'impose aussi comme un thème politique à un mois des municipales.

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Et s'il était possible de faire baisser vos charges liées à l'énergie sans dépenser un euro ? En France, 7 millions de personnes sont touchées par la "précarité énergétique" selon l'Observatoire national chargé de surveiller cette donnée. Sous cette appellation, on entend le fait d'éprouver des difficultés à "disposer de la fourniture d’énergie nécessaire à la satisfaction de ses besoins élémentaires en raison de l’inadaptation de ses ressources ou de ses conditions d’habitat". En région Centre-Val de Loire, 300 000 ménages sont concernés d'après l'Insee.

La précarité (ou vulnérabilité) énergétique liée au logement se définit, selon l'ONPE, par trois facteurs : des factures trop élevées, une fragilité financière et un inconfort dû au froid pour les personnes qui se privent de chauffage pour faire des économies. "En région Centre-Val de Loire, 185 000 logements consacrent plus de 8% de leur budget au chauffage ou à l'eau", explique Pierre Dumon, chef du département Habitat Construction de la Direction régionale de l'aménagement, de l'environnement et du logement (Dréal). Autre particularité de la région Centre-Val de Loire d'après l'Insee : la faible densité de population force les ménages à utiliser davantage la voiture et donc à dépenser plus d'énergie en déplacements.
 

 

Les campagnes particulièrement exposées

Les logements anciens, mal isolés, ou dont la méthode de chauffage utilise une ressource dont le prix, déjà élevé, sera amené à augmenter (gaz, fioul...) sont particuluèrement exposés à la précarité énergétique. "De façon générale, plus on s'éloigne des centres urbains, plus le taux de vulnérabilité augmente", diagnostique Pierre Dumon. "Car en général les consctructions neuves se concentrent sur ces centres urbains, ce qui laisse aux marges des logements souvent grands, construits avant 1975 et qui utilisent un mode de chauffage coûteux comme le fioul."

Les zones du Blanc, d'Issoudun, de Saint-Amand-Montrond et de Nogent-le-Rotrou affichent donc logiquement des taux particulièrement fort de précarité énergétique. Tous lieux confondus, les personnes retraitées dont les ressources sont plus faibles et les jeunes aux revenus modestes sont les plus exposés, car ils ont plus de difficultés que les autres à faire face aux dépenses énergétiques et peinent à réunir de quoi se lancer dans des travaux de rénovation.
 
 

Des travaux coûteux pour les particuliers

Mais y remédier suppose des investissements, et souvent des travaux de plusieurs dizaines de milliers d'euros par logement. Un investissement d'autant plus compliqué que la précarité énergétique touche dans la plupart des cas des foyers déjà précaires financièrement. Selon l'ONPE, 70 % des foyers concernés par la précarité énergétique "appartiennent au premier quartile de niveau de vie, soit les 25 % de ménages les plus modestes".

Néanmoins, des aides existent pour permettre aux propriétaires de rénover leur logement et d'économiser, in fine, sur leurs frais de chauffage. Outre les collectivités, ces aides peuvent provenir notamment de l'agence nationale de l'habitat (Anah) propose des aides via le programme "Habiter Mieux" et de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Le 6 février, la secrétaire d'État Emmanuelle Wargon et le président de la région François Bonneau ont signé une convention de financement du service d'accompagnement à la rénovation énergétique.

Doté de "20 millions d'euros sur trois ans", ce service devrait permettre d'assurer un "conseil personnalisé à 120 000 logements entre 2020 et 2023", ainsi que d'assister les entreprises dans leur transition. "Depuis 2014, sept Plateformes Territoriales de la Rénovation Énergétique se sont déployées à titre expérimental", précise la Région. Grâce aux fonds débloqué, quinze nouvelles plateformes seront ouvertes et assureront "l’information, le conseil et l’accompagnement des ménages à la rénovation énergétique de leurs logements." En clair, elles serviront à garantir une aide aux particuliers dans la demande et l'obtention de subventions liées à leur travaux.
 


 

Le cas d'Orléans, où les travaux avancent à petits pas

En 2015, la loi de transition énergétique a notamment fixé comme objectif de faire baisser de 15% la précarité énergétique en France à l'horizon 2020 et d'effectuer massivement la rénovation énergétique du parc immobilier. Pourtant, à l'échelle locale, l'effort est loin d'être accompli. A Orléans par exemple, le mouvement citoyen Alternatiba, qui s'est imposé comme arbitre local de la transition écologique, pointe du doigt l'insuffisance de l'action de la Métropole sur la question. "Il s'assoient dessus", lâche Jean-Christophe Bellouard, d'Alternatiba Orléans. Adopté en janvier 2019, le Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET) affichait des objectifs ambitieux, mais qui n'ont pas été atteints selon le collectif.

"Aujourd'hui en France, on a 4,5 millions de logements mal isolés" poursuit Jean-Christophe Bellouard. "Pour atteindre la neutralité carbone et réduire de 50% la consommation d'énergie finale en France d'ici à 2050, tout en poursuivant un objectif social de lutte contre la précarité énergétique, la massification de la rénovation énergétique des logements est incontournable." C'est pour cette raison notamment qu'Alternatiba a décidé d'interpeller la Métropole et les candidats aux élections municipales sur le sujet en amont des élections municipales, et a proposé aux différents candidats de signer un "pacte pour une transformation écologique".
 
 
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