Pédophilie dans l'Eglise à Orléans : le témoignage exclusif de deux victimes

Deux victimes présumées du prêtre d'Orléans, mis en examen en 2012 pour agression sexuelle sur mineur, s'expriment pour la première fois. Aujourd'hui âgés de 36 et 35 ans, ils brisent le silence. Des témoignages exclusifs recueillis par Rébecca Benbourek et Amélie Rigodanzo à voir dans le 19/20

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Notre équipe s'est rendue sur place avec eux

Le lieu est devenu une propriété privée, mais il y a quelques années, ce coin retiré du village d’Arthez d’Asson (Pyrénées-Atlantiques) accueillait encore des colonies de vacances chrétiennes organisées par le MEJ (le Mouvement Eucharistique des Jeunes).

Durant ce mois de juillet 1993, ils sont 44 enfants venus de toute la France pour un camp d’été dirigé par un prêtre du diocèse d’Orléans : le Père Pierre de Castelet.

« Il s’est mis à inspecter mes parties génitales »

Parmi les enfants, Olivier Savignac, 13 ans, et Philippe Cottin, 12 ans. Ce dernier, revient sur place pour la première fois en 23 ans : « Je me rappelle bien du lieu, ça paraissait beaucoup plus grand dans mes souvenirs, c’est lié à l’âge évidemment ». Il décrit le prêtre comme une personne affable au début : « Il était vraiment dans la posture de séduction, il a commencé à me parler d’informatique car je m’y intéressais. Je ne me suis pas du tout senti en danger sur le moment ».

Philippe Cottin affirme avoir été victime d’attouchements de la part du Père de Castelet, tout comme Olivier Savignac qui raconte : « Lorsque mes parents sont partis du camp, il m’a demandé de venir dans son bureau. (…) Il m’a fait m’asseoir, puis m’allonger, quitter le pantalon et le slip et il s’est mis à inspecter mes parties génitales ». Selon plusieurs témoignages, une dizaine de garçons âgés de 11 à 13 ans auraient été agressés sexuellement durant ce mois de juillet 1993.

Une troisième victime présumée est sortie du silence à Strasbourg…

Olivier Savignac et Philippe Cottin vivent aujourd’hui en Midi-Pyrénées. Ils se battent pour que la vérité soit faite. Olivier Savignac s’est porté partie civile dès le début de l’instruction en janvier 2012, date à laquelle le Père de Castelet a été mis en examen pour agression sexuelle sur mineur de moins de 15 ans. Philippe Cottin s’est manifesté à la fin de l’année 2015. Pour lui la procédure de constitution de partie civile est toujours en cours.

Une troisième victime présumée du camp d’Arthez-d’Asson est aussi sortie du silence à Strasbourg. Paul-Benoît Wendling avait 11 ans en 1993. Il a déposé plainte contre le prêtre dès le mois de mai 2012 : « Je me suis décidé lorsque j’ai appris que le Père de Castelet avait continué  à côtoyer des enfants (…) J’ai raconté récemment à mes parents ce qu’il m’était arrivé, ils étaient effondrés ».

Les trois hommes viennent de se regrouper en association. Ils l’ont baptisée « Notre parole aussi libérée », sur le modèle de l’action déjà menée par les victimes du diocèse de Lyon.

Qu’a su le diocèse d’Orléans des agissements du prêtre ?

En 23 ans, plusieurs prélats se sont succédés à l’évêché. Le premier, Mgr René-Lucien Picandet est décédé est 1997. Selon nos informations, l’évêque de l’époque aurait été alerté en 1995 des agissements présumés du Père de Castelet. René-Lucien Picandet aurait reçu une lettre d’une mère de famille d’Olivet (Loiret) se plaignant du comportement déplacé du prêtre envers son fils. Des faits qui auraient eu lieu deux ans après Arthez d’Asson.

En juillet 2010, un autre évêque, Mgr André Fort arrivé en 2002 au diocèse, reçoit un nouveau courrier. Olivier Savignac (ndlr : voir plus haut) l’informe de ce qu’il aurait subi en 1993. André Fort aurait alors promis des « mesures conservatoires » à l’encontre du prêtre, mais il ne fera aucun signalement à la justice. Mis en cause pour son silence, André Fort – évêque émérite d’Orléans – a été placé sous le statut de témoin assisté en 2014. Contacté par téléphone, son avocat n’a pas souhaité nous répondre.

Monseigneur Jacques Blaquart prévient la justice en décembre 2011

Le 18 avril 2016, coup de théâtre. Mgr Jacques Blaquart, évêque d’Orléans depuis le mois d’octobre 2010, révèle à la presse l’existence de l’affaire. Cette fois ci, le dossier a été transmis à la justice : « Fin 2011, je reçois une victime et je décide de prévenir la justice pour un prêtre de notre diocèse qui aurait commis des actes pédophiles dans un camp dans les années 1990, aujourd’hui j’ai décidé de le retirer de tout ministère », explique alors Mgr Jacques Blaquart.

Le Père de Castelet – aujourd’hui âgé de 65 ans – est donc resté prêtre plus de quatre années après sa mise en examen en janvier 2012. Il a officié jusqu’au mois de mars 2016 dans la paroisse de Lorris, petite commune de l’Est du Loiret. Son avocate n’a jamais donné suite à nos demandes d’interviews.

►Une enquête de Rébecca Benbourek, Amélie Rigodanzo et Céline Girardeau à voir aussi dans l’Enquête au Centre . Mgr Jacques Blaquart, évêque d’Orléans était en plateau à l’issue du reportage.

 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information