Rapport du Giec sur l'urgence climatique : "On a une fenêtre d'opportunité très courte, il ne faut pas la laisser passer"

Chercheur au BRGM d'Orléans, Gonéri Le Cozannet a contribué à la dernière synthèse du Giec publiée le 28 février, sur la thématique de l'adaptation aux conséquences du changement climatique. Pour lui, l'urgence est le maître-mot.

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"C'est un rapport qui est alarmant, mais qui n'est pas alarmiste." Gonéri Le Cozannet le sait : le discours catastrophiste concernant le changement climatique n'a pas eu les effets escomptés auprès des politiques, et il faut désormais changer son fusil d'épaule. C'est avec cette philosophie que le deuxième groupe de travail du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) a rendu le 28 février son rapport intitulé "Impacts, Adaptation et Vulnérabilité".

Au sein du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), basé à Orléans-la-Source, Gonéri Le Cozannet a participé à la rédaction de ce rapport, une synthèse de plus de 30 000 publications scientifiques datées de 2012 à 2021. "C'est la meilleure synthèse, la plus actuelle, la plus complète, sur les effets du changement climatique" publiée à ce jour, défend le chercheur. Lui-même estime avoir relu "au moins 200 ou 300" publications scientifiques depuis 2018 pour compléter sa tâche, se spécialisant sur l'augmentation du niveau de la mer et ses effets sur les côtes.

Et sans surprise, les conclusions de ce rapport sont "lucides" :

On se rend compte que, malheureusement, ce que mes collègues avaient prédit il y a 30 ans se réalise.

Gonéri Le Cozannet, chercheur au BRGM à Orléans

Car, à en croire le rapport, les températures moyennes sur la planète ont déjà augmenté de 1,1 degrés depuis l'ère préindustrielle. Ce qui laisse une marge de manœuvre réduite pour respecter les 1,5 degrés d'augmentation maximum, fixés par l'accord de Paris de 2015.

Les effets sont déjà là

Et les conséquences de ce réchauffement sont déjà bien là. "Dans notre région, une augmentation de 1 degré, ça veut dire 7% de vapeur en plus dans l'air, qui peut s'abattre en pluie diluvienne", explique le scientifique. Il prend ainsi l'exemple des inondations ayant frappé le Loir-et-Cher et le Loiret en 2016, notamment à Montargis, Romorantin ou encore Gidy. "Cet évènement a deux fois plus de chances de se produire aujourd'hui qu'à l'époque préindustrielle", assène-t-il. 

De façon générale, le réchauffement du climat a des conséquences sur "l'agriculture, les précipitations extrêmes, les ressources en eau, la biodiversité, les vagues de chaleur", énumère Gonéri Le Cozannet. En région Centre, il y aura 70% de jours de sécheresse en plus qu'aujourd'hui.

Le scientifique note qu'"on ne fait aujourd'hui pas les mêmes récoltes que celles qu'on fera demain". Il note que, déjà, "les agriculteurs sèment et récoltent plus tôt, et voient les changement des ressources en eau". D'où la nécessité, selon lui, d'informer les professionnels sur les mutations à engager pour conserver une agriculture résiliente face au changement climatique.

Changer la vie

Car, en plus des conséquences, le rapport du Giec évoque aussi les adaptations. Des adaptations qui ne veulent pas dire que le changement climatique peut être compensé, mais que "tout n'est pas perdu, qu'il y a des possibilités qui deviennent plus faciles à mettre en œuvre si on limite le réchauffement". 

Un exemple d'adaptation : une place à Rotterdam "où les enfants peuvent venir jouer et où l'eau va se stocker" si les précipitations sont trop fortes. Une idée similaire à celle développée à Romorantin sur l'ancien site Matra. Le principe du récent quartier construit dans la cité solognote : ne pas opposer de résistance à la crue, grâce à des pilotis et une surface construite limitée. Cette organisation a littéralement sauvé le quartier en 2016. "Il a été touché, mais n'a pas coulé", résumait en novembre Eric Daniel-Lacombe, son architecte.

Reste que la viabilité de telles adaptations est dépendante du succès des politiques de réduction des émissions de gaz à effet de serre. "Il y aura des conséquences irréversibles dès 1,5 degrés d'augmentation, sur les coraux par exemple, assure Gonéri Le Cozannet. Il faut vraiment limiter à 2 degrés. Mais actuellement, on est plutôt sur du 2,5 degrés si les politiques sont menées, et à 3 en suivant la trajectoire actuelle des états."

Pour lui, il est indispensable d'agir maintenant, pour ne pas laisser passer la "très courte fenêtre d'opportunité" que possède l'humanité pour enrayer le réchauffement climatique. Le rapport du groupe de travail III pour le Giec, intitulé "Atténuations  des changements climatiques", devrait être publié le 4 avril prochain. Histoire de donner de la portée à de nouvelles solutions.

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