La biodiversité en Centre-Val de Loire : cet autre effondrement lié à l'urgence climatique

Pendant que la température monte dans le monde, un autre effondrement, silencieux celui-ci, se produit parmi les populations d'oiseaux, de plantes ou encore d'insectes de nos campagnes. Mais des actions concrètes sont possibles pour enrayer l'extinction de la biodiversité.

Même une région tempérée et rurale comme le Centre-Val de Loire peut subir de plein fouet les conséquences de la crise climatique. Mais au-delà même du climat, les écosystèmes sont également mis à rude épreuve depuis le milieu du 20e siècle, avec pour conséquence la disparition de nombreuses espèces animales et végétales. Et à terme, des risques bien réels pour les activités et la santé humaines. Pourtant, des solutions existent pour aider les élus, les entreprises et même les particuliers à réintégrer la nature dans leur fonctionnement quotidien.

Certaines espèces déjà quasiment éteintes au niveau régional

Les conséquences du changement climatique se voient déjà depuis plusieurs années sur les espèces locales, comme le rappelle Vincent Licheron, directeur de la toute jeune Ligue de protection des oiseaux (LPO) régionale, née de la fusion début septembre des LPO départementales. "En Touraine, par exemple, on voit très nettement les effets du réchauffement climatique sur les populations de sternes. Ces oiseaux nichent sur des îlots de la Loire, et avec des crues tardives de plus en plus fréquentes, les jeunes et les œufs ont été emportés.

La crise climatique est aussi synonyme de changement dans les précipitations, pas plus abondantes, mais réparties différemment, précise Pascale Larmande, animatrice de l'Agence régionale de la biodiversité (ABR) en charge des solutions d'adaptation fondées sur la nature. "On tend à avoir des périodes plus sèches plus longues, et une flore plus précoce et davantage exposée à la sécheresse. Dans certains massifs on voit des arbres peiner énormément à se remettre de la sécheresse, et cela va avoir aussi des conséquences sur les oiseaux, les poissons, les insectes."

Le réchauffement accélère également la disparition des zones humides, déjà réduites de moitié par l'humain depuis le milieu du 20e siècle dans une volonté "d'assainir" marais et cours d'eau. Or ces îlots d'humidité, en plus d'abriter une faune et une flore qui leur sont propres, jouent aussi le rôle de stations d'épuration naturelles par lesquelles les végétaux assainissent l'eau. "L'enjeu c'est à la fois de préserver ce qu'il nous reste, et de restaurer ce qui a été dégradé", explique Pascale Larmande.

Des causes diverses et pas toujours liées au réchauffement

Pour autant, d'autres facteurs pèsent aussi sur la biodiversité : l'artificialisation des milieux, la pollution par les hydrocarbures et les métaux lourds et les produits phytosanitaires utilisés massivement dans l'agriculture entament durablement la santé de notre environnement. Parmi les espèces en danger, on peut citer le moineau friquet, le chardonneret élégant ou encore le râle des genêts, un oiseau des champs dont il ne reste que deux mâles dans toute la région.

Dans l'ensemble, "40% des oiseaux nicheurs, 21% des mammifères, 25% des poissons, 34% des amphibiens et 20% des odonates" sont en voie d'extinction, énumère Laetitia Roger-Perrier, chargée de mission à l'ARB. Des chiffres sans aucun doute en-deçà de la réalité, puisque le dernier inventaire complet des espèces date de 2014 et que les chiffres sont en cours de mise à jour pour 2022. La connaissance du désastre écologique est un enjeu par elle-même, car les recensements sont longs à réaliser et coûteux à mettre en place.

Des actions concrètes et peu coûteuses pour s'adapter

On ne parle d'ailleurs plus tellement de "lutter" contre le changement climatique, mais plus volontiers de "s'adapter". Pour ce faire, comme l'explique Pascale Larmande, en charge des "solutions d'adaptation fondées sur la nature" à l'ARB, on peut s'appuyer sur les ressources déjà présentes autour de nous, quitte à réintroduire un peu de nature dans notre vie quotidienne. C'est d'ailleurs son quotidien, puisqu'une partie de son travail consiste en l'accompagnement d'élus et d'entreprises pour s'adapter au réchauffement.

Le changement climatique, on est en plein dedans. On sait où on en est, on a des clés pour agir, autant le faire tout de suite. C'est d'autant plus important que des études ont démontré que le coût futur de l'inaction est supérieur au coût d'une action immédiate. Autrement dit, il n'y a pas de petites actions, du moment qu'elles sont menées rapidement !

Pascale Larmande, Agence régionale de la biodiversité

Dans le milieu rural, cela peut passer par des plans d'aménagement qui évite d'artificialiser davantage les cours d'eau et les zones humides et le plantage de haies et de couvert végétal pour contrer l'environnement hostile créé par les champs ouverts. Dans les villes et les bourgs, on parle volontiers de végétalisation, ce qui a le double avantage de faire revenir en ville des espèces qui en ont été chassées, et de faire baisser "de 2 à 8 degrés" la température ressentie lors d'épisodes de fortes chaleurs. Mais ces chantiers doivent être menés avec soin : "on ne plante pas n'importe quoi, on ne l'entretient pas n'importe comment."

"Un autre chantier, c'est de favoriser l'infiltration de l'eau de pluie là où elle tombe", poursuit Pascale Larmande. En se débarrassant des cours bétonnées, en favorisant la création de fossés végétaux, y compris en ville, les communes peuvent à la fois favoriser le rechargement des nappes phréatiques et limiter les risques d'inondation en aval. Toutes ces solutions commencent d'ailleurs à être mises en oeuvre, comme à Bourges où le maire Yann Galut avait promis, lors de la campagne des municipales, des efforts dans la végétalisation des écoles berruyères. Dans l'agglomération d'Orléans, une école d'Olivet a également entamé des travaux pour passer au vert, ces derniers devraient s'achever en 2022.

Retrouvez ci-dessous le reste de notre série "Urgence climatique" :

 

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