Reprise de Duralex : la course contre la montre a débuté au tribunal de commerce d'Orléans

Alors que Pyrex est le grand favori parmi trois projets de reprise envisagés pour Duralex, qui emploie 248 salariés à la Chapelle-Saint-Mesmin, un groupe d'investisseur revendique quant à lui la propriété de l'entreprise. Le tribunal de commerce a convoqué deux audiences ces 21 et 22 janvier.

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Ces 21 et 22 janvier, deux audiences décisives étaient prévues au tribunal de commerce d'Orléans. L'une devait statuer sur la propriété de l'entreprise, contestée par un groupe d'entrepreneurs et d'investisseurs, et l'autre, qui doit avoir lieu le lendemain, portera sur l'examen des trois projets de reprise, parmi lesquels celui de la maison-mère Pyrex, à travers un fonds d'investissement, est largement favorite. Créée en 1945 par Saint-Gobain, la verrerie de la banlieue d'Orléans emploie 248 salariés. Ses verres ultra résistants font partie du patrimoine national, avec des modèles iconiques comme le Picardie de l'espion britannique James Bond, ou le célèbre Gigogne qui a poussé tant d'écoliers à mettre le nez au fond de leur verre pour y chercher leur âge.

Pyrex grand favori

Or, depuis le mois de septembre 2020, Duralex se trouve en redressement judiciaire. Trois dossiers seulement ont été déposés sur le bureau des juges du tribunal de commerce d'Orléans. Parmi eux, un grand favori, la maison mère de Pyrex, International Cookware, l'autre grand spécialiste du verre trempé en France, dont l'usine se trouve à Châteauroux, à 150 km du site de Duralex, situé à La Chapelle Saint-Mesmin. Selon nos confrères de l'AFP, qui citent une source proche de la procédure, "Ce dossier est le seul qui tienne la route pour assurer la pérennité du site, les autres ne sont pas financés"

Après un premier dépôt de bilan en 2005, puis de nouvelles difficultés apparues en 2017, encore aggravées en 2020, les comptes de Duralex n'ont cessé de se dégrader. Au moment de sa mise en redressement judiciaire, la verrerie accusait 32 millions d'euros de dette. Pour relancer l'entreprise, la maison mère de Pyrex, passée l'an dernier sous le contrôle du fonds d'investissement européen Kartesia, présente un prix de cession de l'ordre de 4 millions d'euros et prévoit d'injecter 12 millions dans l'entreprise dès cette année.

L'opération serait financée sur fonds propres, le groupe affirmant disposer de liquidités suffisantes, et se ferait sans casse sociale. International Cookware, qui affiche un chiffre d'affaires de 103 millions d'euros pour 2020, envisage la reprise de l'ensemble de l'effectif, à  l'exception de deux cadres dirigeants, et prévoit 40 créations d'emploi à court terme. Les deux autres offres proviennent respectivement d'un "agent commercial indépendant" et d'André Ioannidès, l'un de deux principaux actionnaires actuels. Mais de l'aveu même de son propre conseil, l'industriel "n'a pas été en mesure d'apporter les garanties financières demandées" et son offre n'a aucune chance d'être retenue en l'état.

Un outsider à la corde

Mais entretemps, un quatrième acteur est apparu sur la scène. La Compagnie du verre, un groupe de quatre investisseurs dont fait partie Pierre Riou, patron et fondateur de l'entreprise normande Riou Glass, qui emploie un millier de salariés. "Nous nous considérons comme propriétaires" de Duralex, insiste Alexandre Almajeanu, entrepreneur du numérique et également membre du groupe. Selon lui, la Compagnie du verre s'était déjà engagée depuis l'été 2020 à reprendre Duralex aux termes de négociations avec les deux actionnaires, les frères Ioannidès. Peu de temps avant le "closing", la conclusion définitive de l'accord, les frères se seraient déclaré en cessation de paiement et un administrateur a été désigné pour gérer le redressement judiciaire. Or, pour les investisseurs de la Compagnie du verre, cette dernière devrait déjà être considérée comme la "vraie" propriétaire de l'entreprise.

"Duralex c'est 50 millions d'euros d'actifs et près de 40 millions de dettes", explique Alexandre Almajeanu. Dans le cadre d'un plan de continuation, son groupe d'investisseur reprendrait les actifs de Duralex tout en épongeant ses dettes, à ses frais. Or, si Pyrex est choisi et met en oeuvre un plan de cession, la maison-mère n'hériterait pas, pour sa part, des passifs de l'entreprise loirétaine. "Nous avons d'un côté un industriel français prêt à injecter énormément d'argent, et de l'autre un fonds d'investissement qui va récupérer un actif incroyable pour à peine 10% de sa valeur", brosse l'entrepreneur à grands traits. Si des sources proches de la procédure insistent sur le fait que la Compagnie du verre ne dispose pas, en réalité, des finances nécessaires pour réaliser son projet.

Alors que l'audience du 22 janvier pourrait être mise en délibéré, celle du 21, quant à elle, a été renvoyée au 18 mars.

 

Retrouvez ci-dessous le reportage réalisé le 14 janvier par X. Naizet, G. Grichois et E. Martinen

 

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