L’artiste autrichienne Katharina Cibulka, connue pour ses œuvres féministes, a installé un grand tissu de 150m² avec un message fort qui vise à sensibiliser aux inégalités entre les hommes et les femmes dans notre société.
"Tant que la liberté de ta fille dépendra de l’éducation de mon fils, je serai féministe." C’est sa 30e installation et elle est visible à Orléans. Le Frac Centre-Val de Loire accueille en effet l’un des filets de la série internationale du projet artistique participatif et international appelé SOLANGE avec comme question centrale, combien de temps encore faut-il se battre pour l’égalité des sexes ? "Cette phrase veut dire qu’il est très important d’éduquer nos fils. Je pense que cette dernière décennie, nous avons mis beaucoup de pouvoir dans l’émancipation des jeunes filles, dans la valorisation de ces jeunes filles pour leur dire que filles comme garçons peuvent être à un haut niveau. Mais nous devons investir aussi beaucoup d’énergie dans l’éducation de nos jeunes garçons."
Pour cette artiste, la diffusion de ces messages est un moyen d’éveiller les consciences. "Nous voulons que tout le monde travaille à l’égalité et le répandre". Avec cette œuvre exposée sur un bâtiment en chantier d’Orléans, Katharina Cibulka a voulu créer un contraste entre l’échafaudage et l’univers de la construction (associés plutôt au masculin), et le tissu et à la broderie (associé au féminin). "C’est la confrontation des deux qui rend cette phrase plus percutante", appuie Katharina Cibulka.
A chaque filet son message
Katharina Cibulka n’en est pas à son coup d’essai. Chaque filet SOLANGE commence par "Tant que…" et se termine pas "… je serai féministe". Par exemple, à Washington, c’est la phrase "Tant que les générations changent mais que nos luttes restent les mêmes, je serai féministe" qui a été dévoilée. A Rabat, il a été affiché, "Tant que suivre les règles est plus important que suivre nos cœurs, je serai féministe".
Un projet féministe et participatif
Pour choisir la phrase à écrire à Orléans, les habitants ont été sollicités par l’artiste et devaient écrire leurs messages sur carte postale. Ainsi, lors de la Nocturne Féministe du 6 juin dernier au FRAC d’Orléans, l’artiste a recueilli 300 phrases, avec des sujets allant de l’écart de rémunération entre hommes et femmes au sentiment d’insécurité en public après la tombée de la nuit ou la crainte d’une agression, en passant par la façon dont les corps et les styles vestimentaires sont jugés ou encore les stéréotypes de genre dépassés et le lien entre le patriarcat et la crise climatique. Mais un thème parmi toutes ces réponses créatives a touché Katharine Cibulka, celui de l’éducation dans les écoles et les familles. C’est donc forte de cette thématique qu’est née la phrase exposée sur la façade du FRAC à Orléans, « Tant que la liberté de ta fille dépendra de l’éducation de mon fils, je serai féministe ».