Le Covid desserre son étau. Alors que souffle une petite brise matinale accompagnée d’une légère averse, les terrasses retrouvent une saveur oubliée depuis de longs mois. Tranches de vie dans les rues orlénaises ce mercredi 19 mai.
Marceau 17 ans. En Terminale."Ça fait beaucoup de bien de pouvoir enfin ressortir et prendre du plaisir en terrasse. Même un petit café et pendant une demi-heure. C’est appréciable même par un petit temps de pluie. C’est une sensation qui m’a beaucoup manquée. Je suis content d’être là." Son copain, Clarence 19 ans. Etudiant à Tours.
"Ce café était très bon ce matin. Il avait un goût de renouveau et d’ancienneté que je ne lui connaissais plus. Ça fait longtemps. C’est appréciable.." Plus loin, sur une autre terrasse. Flavie, 25 ans. Psychologue dans une Maison de retraite va savourer son petit déjeuner en compagnie de Pierrick, 27 ans.
"C’est le début de ma journée et ça se passe très bien. Il ne fait pas très beau mais je me sens bien. Ce thé en terrasse, c’est un moment que j’attendais depuis longtemps.." Sa satisfaction est visible ponctuée de rires. Cette jeune femme est sur un léger nuage de lait. Puis son voisin de table conclut : "Là, le soleil revient. C’est cool".
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Tranches de vie
Attablé devant une pinte de bière rousse comme sa barbe, Jean-François 36 ans. Dans un rire, il précise que sa barbe est vraie. Il est étudiant en Première année au Séminaire Inter-diocésain d’Orléans.
- Pourquoi avoir choisi la prêtrise ?
"C’est l’appel de Dieu. Ça ne se discute pas. Il faut s’abandonner et le suivre. Rien ne dit que je deviendrais prêtre. Il faut saisir cette opportunité de pouvoir discerner cet appel..."
Je découvre que Jean-François porte une boucle d’oreille à l’effigie de Jacques Chirac buvant une bière.
"Rires... Je suis originaire du Nord de la France. La bière c’est presqu’une religion. Rires. La bière c’est plus qu’une religion pour moi. C’est mon ancien métier. J’ai été commerçant et dans la restauration pendant 15 ans. Aujourd’hui c’était vraiment un besoin de retrouver cette sensation d’être dans la société. On a presque l’impression de revivre normalement".
Il ne faut pas croire que les terrasses étaient le seul endroit où il fallait être. Devant un Cinéma d’Art et d’essais, des mordus s’engouffrent dans la salle obscure pour étancher leur soif du grand écran.
Armelle, la soixantaine. Une passionnée du 7 ème Art. Une vraie cinéphile.
"J’aime beaucoup le cinéma. Et ce que j’apprécie surtout Aux Carmes, ce sont les versions originales. Evidemment j’attendais ce moment avec impatience. Je vais voir entre autres Falling de Viggo Mortensen en version originale puis ce soir ADN de Maïwen. Je compte également voir Sous les étoiles de Paris de Claus Drexel. Dimanche, j’ai prévu d’aller voir Slalom de Charlène Favier et Lundi, l’Etreinte de Ludovic Bergery...Je n’arrête plus. Je suis lancée..."
- Est-ce une addiction ?
"Rires. On peut dire celà. C’est un besoin, une nécessité. C’est vrai, j’ai vraiment été frustrée pendant tous ces mois sans cinéma".
A l’heure du déjeuner, la Place du Martroi à Orléans a retrouvé une joie de vivre et une insouciance qu’on ne lui connaissait plus.
Même le ciel est de la partie et apporte des rayons de soleil. A croire qu’il veut lui aussi passer à table. Dans l’air flotte les fumets des plats et les rires aussi.
Mais ce serait faux de croire que toutes les tables, toutes les terrasses et tous les restaurants ont été pris d’assaut. Les jauges n’expliquent pas tout.
Alors que la journée s’étire et que le couvre-feu est repoussé à 21 heures, pas besoin d’être grand clerc pour se dire que le début de soirée entendra fuser des rires et claquer des verres.
Difficile de bouder son plaisir. Difficile de faire la fine bouche en ce jour. Mercredi 21 Mai 2021.