Une manifestation propalestinienne devait se tenir ce samedi après-midi à Orléans, mais a été interdite par la préfecture du Loiret. Le NPA, qui avait lancé l'appel à manifester, est visé par une enquête pour apologie du terrorisme.
La manifestation orléanaise, nouvelle victime des consignes du ministre de l'Intérieur. Jeudi 12 octobre, Gérald Darmanin a demandé aux préfets d'interdire toutes les manifestations propalestiniennes à la suite des bombardements de Gaza par Israël, car elles seraient "susceptibles de générer des troubles à l’ordre public", écrivait le ministre.
En application de cette missive, la préfecture du Loiret a décidé d'interdire "le rassemblement de soutien au peuple palestinien" qui devait se tenir ce samedi 14 octobre après-midi, sur la place du Martroi à Orléans. "Un tapis de bombes est en train de tomber sur le peuple palestinien, qui n'a rien demandé, et n'est pas responsable de la politique du Hamas", défend Noémie, militante au NPA du Loiret, parti qui a lancé l'appel à manifester.
"Risque pour l'ordre public"
La préfecture justifie sa décision par les "dizaines d’actes antisémites [...] constatés sur le territoire national" depuis le début de l'offensive et les massacres de civils par le Hamas en Israël. Les services de l'État redoutent également des "comportements individuels ou collectifs de nature à troubler la tranquillité publique ou à créer un risque pour l’ordre public".
Dans un communiqué réponse, le NPA du Loiret a dénoncé un "déni démocratique", assurant qu'il n'y aurait "toléré aucun propos raciste, antisémite ou islamophobe". Pour Noémie, cette interdiction est "choquante" : "La France est un des seuls pays qui interdit les manifestations. À New York, des milliers de personnes ont manifesté pour demander qu'Israël arrête son offensive contre Gaza." Selon la militante, "on s'est dit qu'en encadrant nous-même la manifestation avec notre service d'ordre, il n'y aurait pas de débordement".
L'arrêté de la préfecture cible aussi spécifiquement le NPA, visé par une enquête pour apologie du terrorisme. En cause : un communiqué paru le 7 octobre, jour du déclenchement des attaques du Hamas, dans lequel le parti d'extrême-gauche manifeste sa "solidarité avec les luttes de résistances contre l'oppression et l'occupation" et "son soutien aux PalestinieNEs et aux moyens de luttes qu'ils et elles ont choisi pour résister".
Des mots qui "semblent légitimer les récentes attaques terroristes du Hamas", écrit la préfecture du Loiret dans son arrêté. Pour les services l'État, "le NPA apporte son soutien à cette organisation terroriste". Un positionnement qui pourrait donc "contribuer à susciter des comportements et des réactions violentes".
Une question de chronologie
Ces accusations, le NPA les réfute totalement. "Quand le communiqué a été écrit, c'était le 7, on ne savait pas encore pour les massacres à la rave party et dans les kibboutz", défend Noémie. Le 9 octobre, deux jours plus tard, à la lumière des informations, le NPA avait publié un deuxième communiqué, dans lequel il "[dénonce] les tueries de civils menées par le Hamas", "[déplore] toutes les victimes civiles, qu'elles soient israéliennes ou palestiniennes, et [dénonce] tous les crimes de guerre".
La militante loirétaine met d'ailleurs en avant l'histoire du NPA, "qui a toujours été attentif à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et le fascisme", affirme-t-elle, et qualifie d'"insupportables" les attaques dont son parti est la cible.
Selon elle, le NPA devrait prochainement discuter avec "les organisations du mouvement social et démocratique" pour évoquer la suite du soutien au peuple palestinien, et porter ses revendications : "l'arrêt des bombardements à Gaza, la levée du blocus, la poursuite de l'acheminement d'aide humanitaire".
Noémie espère également la construction d'un "grand arc de forces démocratiques" (elle cite les forces de gauche, la Ligue des Droits de l'Hommes ainsi qu'Amnesty International) pour "dénoncer notre criminalisation" : "Si on dissout le NPA, ça ouvre la fenêtre à des attaques plus dures envers LFI, le PCF, même les syndicats", redoute-t-elle.
Estimant que "les menaces de répression sont sérieuses", le NPA du Loiret a appelé les personnes qui souhaitaient manifester à ne pas se rendre place du Martroi ce samedi.