"Il a tapé maman tellement fort qu'elle a vomi" une journée avec la brigade police de protection de la famille à Orléans

Alors que la justice s’inquiète de voir une hausse des violences conjugales en cette période de confinement due au Covid-19, une équipe de France Télévisions a suivi la brigade de protection de la famille du commissariat d’Orléans, qui tente de venir en aide à une mère et sa fille.

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Troisième semaine de confinement : la brigade de protection de la famille d’Orléans (Loiret) vient de recevoir un appel anonyme. Une femme de 25 ans et sa fillette de 6 ans seraient en danger. La mère aurait été frappée par son compagnon, qui est aussi le père de l’enfant.
D’après le témoignage, la femme "s’est retrouvée totalement inconsciente, avec sa petite fille en train de regarder la télévision qui n’a pas pu l’aider, et le monsieur serait parti en courant par peur de l’avoir tuée", raconte une policière en charge de l’enquête.

Une collègue semble inquiète :

Il n’y a pas de doute à avoir. Il faut qu’on intervienne pour qu’on mette au moins à l’abri la petite.

Elle ne se présente pas à la convocation

L’enquête avance assez rapidement malgré les conditions de travail difficiles. A cause de l’épidémie, les effectifs sont réduits de moitié, et les policiers passent du temps à désinfecter constamment leur matériel. La brigade de protection de la famille identifie la victime et son compagnon. Ce dernier est en effet déjà connu des services de police : il a été condamné pour trafic de stupéfiants.
Les enquêteurs convoquent la jeune femme pour l’entendre. Mais celle-ci ne se présente pas au commissariat. Décision est prise d’aller chercher la mère chez elle.


"A cause de vous, elle sera peut-être contaminée"

Ils sont trois à se rendre au domicile du couple. L'homme est sur place, ainsi que la fillette et la femme. Cette dernière accepte de suivre les policiers. Mais le père refuse de venir, par peur du coronavirus.
"Vous réalisez ce que vous êtes en train de faire ? Mon enfant, depuis le début, elle n’est jamais sortie d’ici. A cause de vous, elle sera peut-être contaminée", s'énerve-t-il
Après discussion, il finit par coopérer. Direction : le commissariat de police d'Orléans. Là, le père, la mère et la fillette sont entendus séparément et simultanément par trois enquêteurs.
 

"Si ce n'est pas être une femme battue, c'est quoi ?"

La femme de 25 ans nie être victime de violences. Elle présente les disputes avec son compagnon comme une situation normale rencontrée "dans tous les couples".
L’enquêtrice est persuadée qu'elle ment, et pour cause : interrogé par la police, l’entourage de la jeune femme a confirmé les violences conjugales. La policière essaye alors de la bousculer :
Comment justifiez-vous qu’une personne ait donné des coups jusqu’à vous laisser inconsciente ? Si ce n’est pas vous donner des coups, si ce n’est pas être une femme battue, c’est quoi ?
Je ne suis pas une femme battue.


"Il avait trop tapé maman"

De son côté, son compagnon nie également avoir porté des coups. "Moi je vous jure, je n’ai rien à me reprocher. Et on verra au tribunal. Je n’ai rien à dire", déclare-t-il au policier en face de lui.

Toutes ces dénégations sont ébranlées par les propos glaçants de la fillette de 6 ans.

Ils se sont disputés. Après il a tapé maman avec la ceinture, il a foutu un coup de poing à maman sur la joue. Et après maman a vomi par terre. Il avait trop tapé maman.


Même si la jeune femme a refusé de porter plainte, son concubin a été mis en examen et incarcéré.


Une justice d'urgence

Au lendemain des auditions, l’homme a été jugé en comparution immédiate au tribunal d’Orléans qui concentre actuellement ses moyens sur les cas les plus graves, pour assurer une justice dite d’urgence.

Depuis le début du confinement, Nicolas Bessone, procureur de la République d’Orléans, remarquait une baisse des affaires de violences conjugales "comme tout le reste de la délinquance".
Mais plus de trois semaines après, "je constate une recrudescence des faits de violences conjugales, ce qui nous impose d’être effectivement très attentifs" explique-t-il.
Depuis sa cellule, l’homme a été entendu par visioconférence. Il a été condamné à 13 mois de prison ferme.


Reportage de France Télévisions diffusé le 12 avril 2020 :​​​​​​​
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