Hélène Mouchard-Zay a créé le CERCIL, le Musée Mémorial des Enfants du Vel d'Hiv d'Orléans en 1991.
L'un de ses combats : que les juifs assassinés, qui ont transité par les camps d'internement du Loiret, ne soient jamais oubliés. Portrait d'une femme qui a de l'estomac.
Hélène est officier de la Légion d’honneur pour avoir contribué à l’édition et à la publication, entre autres des Ecrits de prison 1940-1944 (belin). Son père, demeure une image forte. Elle est née en 1940, quelques jours après son arrestation. Elle se souvient :
Ma mère emmenait la poussette où j'étais à la prison. Ce père, je ne l'ai pas beaucoup connu, mais ma mère a souvent relaté, les quatre ans d'angoisse, avant la mort tragique.
La tenacité, la persévérance, elle connaît bien cela.
Femme politique
Elle a été adjointe dans l'équipe municipale de gauche de la mairie d’Orléans et ensuite elle a poursuivi ses actions politiques dans l'opposition avec Serge Grouard. "Je n'ai jamais appartenu à un parti politique même si je suis profondément de gauche" aime-t-elle dire avec un sourire. De son enfance, elle garde une opposition contre les injustices.
Femme de tête
Enseignante et présidente du CERCIL-Musée Mémorial des enfants du Vel d'Hiv d'Orléans pendant 25 ans, Hélène est une femme décidée, une femme cultivée et une femme dynamique. La fille de Jean Zay, le ministre de Léon Blum, sous le Front populaire, n'hésite pas à parler franchement. Elle revient sur son parcours. "Quand on était de jeunes femmes professeurs, en 1967, on a fait grève pour avoir le droit d'enseigner en pantalon, ça paraît incroyable, aujourd'hui. J'exerçais à Lailly-les-Roses. On étouffait à l'époque." Ensuite, elle s'engage dans la vie associative. Elle se souvient du collège de l'Argonne, qu'elle a adoré : "J'ai eu un poste dans le Loiret, j'aime valoriser les enfants, j'aime transmettre." Dans les années 80, elle exerce au lycée Pothier, Voltaire et puis en faculté. Dans les années 90, elle sera chargée des affaires culturelles et des émigrés dans l'équipe de Jean Pierre Sueur, elle créé un événement pour valoriser les actions des étudiants étrangers. Femme d'estomac
1991, c'est l'année où la profanation du cimetière juif de Carpentras a eu lieu. Cette découverte provoque un vif émoi en France. Hélène Mouchar-Zay aussi est ébranlée.Elle décide de parler des camps d'internement de Pithiviers. "Les Français n'ont aucune envie de se souvenir de ces moments là, la complicité est réelle alors on ne dit rien. Les hommes politiques medisaient à l'époque, "tournons la page", mais moi, je leur réponds : encore faut-il la lire pour la tourner cette page."
Alors, à partir de cette année, Hélène se bat. Elle est bénévole, elle a toujours été bénévole, elle va aux archives, elle fait un travail de fourmi. Elle est alors dans l'opposition, mais son projet plaît à Serge Grouard. Les locaux, sont inaugurés le 27 janvier 2011. L'association perpétue la mémoire des camps d'internement de Beaune-la-Rolande, de Jargeau et de Pithiviers. Plus de 100 salariés travaillent dans ce musée, et chaque année, Hélène court après les subventions, alors il y a un an, elle décide d'une fusion avec le mémorial de la Shoa à Paris " En s'adossant à cette grande institution, qu'est le Mémorial, on va pouvoir pérenniser le Cercil" .
" Le travail de mémoire est toujours à faire, jamais acquis"
Hélène a donc fondé le Centre d'études et de recherches sur les camps d'internement du Loiret (Cercil), pour lutter contre l'oubli. Elle pourrait rester tranquille. Non, Hélène milite toujours, pour les sans-papiers par exemple et demain ce sera pour autre chose. Pour elle, tout se tient. Elle conclut "Je ne m'arrête pas, car aucun droit n'est jamais définitivement acquis".