PORTRAIT. Mireille Malot ou le combat d'une tourangelle pour l'intégration des personnes handicapées

Femme de tête, Mireille Malot s'est toujours battue pour l'intégration des personnes handicapées. Elle parcourt la France, pour que culture rime avec handicap. On lui doit, entre autres, deux événements majeurs Regards Croisés, à Saint Malo, et le concours de Bande Dessinée d'Angoulême.

C'est une battante, elle ne lâche rien Mireille. Son truc ? Elle fonctionne à l’affectif. Si vous croisez cette femme d’une soixantaine d’années, dans un train, votre voyage sera passionnant. Elle vous embarquera dans son aventure, et vous impliquera dans son combat, celui de la reconnaissance des personnes en situation de handicap.


Un réseau de plus de 60 personnes


Elle va très vite vous parler de Lise, sa fille, qui vient d’avoir 37 ans. Lise, qui, jusqu’à 18 mois, était une enfant « dite normale », et qui du jour au lendemain a lâché ses jouets. Vers deux ans, Lise se cognait la tête contre les murs. Elle ne parlait pas, et se mettait très souvent en colère. Mireille s’est à l'époque empressée de faire faire des analyses à l’hôpital Trousseau de Tours. 

 


Au bout d’un an d’examens de toutes sortes, les médecins lui ont annoncé qu’il s’agissait d’une maladie extrêmement rare : une maladie génétique proche de l’autisme, le syndrome de Rett.
C’est le début de son combat, pour faire adapter la maison, par exemple, un combat qui la conduira plus tard, à organiser des actions militantes. Avec Iris initiative, une de ses associations, elle fera des brocantes au profit de l’enfance handicapée.
Son histoire est parsemée de rencontres. Il y a l'ancien Monsieur météo, Patrice Drevet, l'artiste Howard Buten ou encore Yves Poinot, président d'Angoulême avec qui elle lancera un concours de dessins pour personnes handicapées, il y a 20 ans.  Autre rencontre, celle de Frank Margerin, le créateur de Lucien. Frank rejoint illico le "réseau Malot". 17 ans plus tard, il est encore président de ce concours de Bande Dessinée.

 
"Sensibiliser sur les personnes handicapées que ce soit à travers la culture, des bandes dessinées ou des films Regards Croisés"

Interrogé sur son engagement auprès de Mireille, le dessinateur affirme "Elle est rock'n'roll en son genre, elle fait bouger les choses. La première fois, que j'ai assisté à une remise des prix, j'avais un peu peur. J'étais impressionné. Très vite, on s'habitue, on discute avec les personnes handicapées, et il se passe quelque chose : les rictus, l'appareillage, tout disparaît. On sert un moignon et il n'y a aucune gêne.  Je fais de la moto, je sais bien que tout peut vriller très vite.  Etre président, c'est bien peu de chose, à côté de son engagement à elle."

Mireille est déterminée. L'école inclusive, elle y tenait. Vingt ans plus tard, grâce à elle, plus de 280 000 enfants bénéficient d'une personne (une auxiliaire de vie scolaire) pour les accompagner à l'école, c'est une réussite en demie-teinte.  Même si Mireille regrette : "On a donné une impulsion avec l'association, j'ai remis un rapport qui porte mon nom, des hommes politiques l'ont lu, et c'est ça qui a permis ensuite l'embauche de ces personnes mais je pensais que ce serait juste un tremplin pour ensuite travailler ailleurs . Ce n'est pas malheureusement pas un métier ". 
 

Elle dit toujours "Nous" Mireille,  en 2007, avec Patrice Drevet, elle imagine un festival de courts-métrages. Là encore, le but est de parler de la vie au travail quand on a un handicap. La première édition de Regards Croisés voit le jour 2009, à Nîmes. Cette fois, ce sera Sam Karmann, le président, un fidèle lui aussi. Il parle de Mireille avec enthousiasme : "Ce n’est pas un travail que je fournis, c’est un élan du cœur que je livre. Rencontrer Mireille, c’est rencontrer la simplicité, la vérité, la ténacité. On ne sait d’où elle tire sa force de conviction, sa capacité à convaincre, à fédérer (...) Elle est partie forte de ses seules valeurs d’empathie, elle a avancé, fédéré sans cesse, comme si elle puisait dans l’immobilité de Lise la puissance de son énergie.
 

 Une énergie hors norme, une détermination sans faille


Mireille Malot a encore plein d'envies. Elle a créé, en 2013, l'Esat (Etablissement d'aide par le travail) images d'Angoulême, un Esat hors les murs, en partenariat avec l’Adapei (association départementale des parents et amis de personnes handicapées mentales) de Charente et pense en développer un deuxième à Marseille. 

"L'affaire de tous "

Ce qui lui manque, ce sont les financements : " Il n'y aurait rien eu si je n'étais pas allée chercher les partenaires sociaux. C'est anormal" fulmine Mireille,  "car la culture pour les handicapés, c'est l'affaire de tous, c'est un projet d'utilité collectif, l'état devrait intervenir". Mireille a su transformer sa lutte personnelle en une bataille pour tous, c'est sans doute cela son secret. Si votre train arrive en gare, avec Mireille Malot, à vos côté, certain qu'elle vous aura convaincu et trouvé un rôle, une action pour sa cause.
 


 
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