Alors qu’il assurait en février dernier avoir redressé la barre après avoir été épinglé par la Cour des comptes, le département du Loiret manquerait encore à ses obligations dans la gestion de la protection de l’enfance.
Alors qu'un projet de loi relatif à la protection de l'enfance est à l'étude depuis mardi 6 juillet à l'Assemblée nationale, Médiapart pointe du doigt la saturation du dispositif d'accueil de ce public dans une enquête publiée le même jour. Une situation inquiétante pour les mineurs en danger qui touche de nombreux départements, dont le Loiret.
Des lieux d'accueil surchargés et dégradés
En France, près de 350 000 jeunes de moins de 18 ans sont accompagnés par les services d'Aide sociale à l'enfance (ASE). Le département du Loiret aurait lui 1 500 mineurs à charge chaque année. Mais selon Médiapart, près de 200 d'entre eux attendaient toujours en mai dernier leur placement dans une structure spécialisée, alors même que la justice en avait expressément fait la demande des mois auparavant.
Alors que nous examinons, à l'@AssembleeNat un projet de loi réformant la protection de l'enfance, rappeler que c'est une compétence partagée avec les départements. Lesquels ont aussi une marge de progrès, à l'instar du #loiret
— Caroline Janvier (@CarolineJanvier) July 7, 2021
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Une lenteur administrative qui toucherait également les placements d'urgence, "laissant l’enfant en danger immédiat entre les mains de ses parents." L'une des raisons : le manque de place dans les familles d'accueil, en "surcapacité", ainsi que dans les établissements chargés de les accueillir. Médiapart dénonce en outre des conditions d'hébergement "dégradées", dans des structures parfois inadaptées telles que des gîtes de vacances.
Le département déjà épinglé
Dans un article publié en février 2021, France 3 Centre-Val de Loire faisait pourtant déjà état d'un certain nombre de dysfonctionnements à ce sujet dans le Loiret. En effet, la Cour des comptes avait publié en tout début d'année un rapport, mené entre 2016 et 2018, révélant des failles préoccupantes dans la gestion de la protection de l'enfance dans le département.
La chambre régionale avait ainsi constaté un manque de rigueur administrative dans la prise en charge et le suivi des enfants mais aussi un manque de moyens financiers. Elle avait également signalé "l'insalubrité" et la "vétusté" de certains locaux d'accueil, à Pithiviers et à Yèvre-la-ville notamment.
Le changement c'est pour quand ?
Les services départementaux du Loiret assurent aujourd'hui à nos confrères de Médiapart qu'il n'y aurait plus de "problème majeur" et que de nombreux projets sont en cours (création de 48 places "dédiées aux fratries sur deux ans"), accompagnés d'un budget de "51 millions d'euros".
La question reste : la situation évoluera-t-elle un jour et si oui, quand ? Déjà en février, le président de l'Association Interdépartementale pour le Développement des Actions en faveur des Personnes Handicapées et Inadaptées (Aidaphi), Jean-Louis Lebray, révélait à France 3 Centre-Val de Loire que son équipe et le département avançaient dans la bonne direction mais que tout n'avait pas encore porté ses fruits "compte tenu des retards accumulés".