Coronavirus : Amazon condamné à ne plus livrer que des produits alimentaires, médicaux ou d'hygiène

Mardi 14 avril, le tribunal judiciaire de Nanterre a condamné Amazon a restreindre ses livraisons aux seuls produits alimentaires, médicaux ou d'hygiène pendant un mois. La juridiction estime que le géant du e-commerce a "méconnu son obligation de sécurité et de prévention de la santé des salariés".

Le géant Amazon sommé de restreindre son activité en attendant d'établir une évaluation des risques


Le tribunal judiciaire de Nanterre a ordonné mardi 14 avril à Amazon France d'établir une évaluation des risques inhérents à l'épidémie de Covid-19 pour tous ses entrepôts et de restreindre, en attendant, son activité aux seuls produits essentiels, selon le jugement obtenu par l'AFP. La juridiction estime que la société a "de façon évidente méconnu son obligation de sécurité et de prévention de la santé des salariés".

Elle lui enjoint de restreindre son activité "aux seules activités de réception des marchandises, de préparation et d'expédition des commandes de produits alimentaires, d'hygiène et médicaux, sous astreinte d'un million d'euros par jour de retard et par infraction constatée". Cette restriction s'applique "dans les 24 heures" et pour un mois. Amazon devra obligatoirement associer les représentants du personnel à l'évaluation des risques.

Le syndicat SUD avait demandé l'arrêt total de l'activité des entrepôts

Le tribunal était saisi par SUD (Union syndicale Solidaires), premier syndicat dans l'entreprise, soutenu par l'association Les Amis de la Terre. L'intervention des Amis de la Terre a été déclarée irrecevable.
 

Le tribunal a écarté la demande "à titre principal" déposée par le syndicat d'arrêter totalement l'activité des entrepôts au motif qu'ils rassemblent plus de 100 salariés en un lieu clos. En revanche, il fait droit à la demande "à titre subsidiaire" d'arrêter la livraison de produits non essentiels tant que n'aura pas été mise en oeuvre une évaluation des risques et les mesures nécessaires pour protéger la santé des salariés.

Le tribunal condamne en outre Amazon a verser des dommages à SUD à hauteur de 4.800 euros.
 

La direction d'Amazon conteste cette décision

Dans un communiqué, la direction du géant du e-commerce conteste la décision du tribunal :

Nous sommes en désaccord avec la décision rendue aujourd’hui par le tribunal judicaire de Nanterre et nous évaluons actuellement ses implications pour nos sites logistiques français. Nous continuerons également à travailler avec toutes les parties prenantes et à apporter les éclaircissements nécessaires comme nous l'avons fait depuis le début de cette crise sans précédent.

Rien n’est plus important que la sécurité de nos collaborateurs. Ainsi, en France, ces quatre dernières semaines, nous avons distribué sur nos sites plus de 127 000 paquets de lingettes désinfectantes, plus de 27 000 litres de gel hydroalcoolique, ainsi que plus de 1,5 million de masques. Nous avons aussi mis en place des contrôles de température et des mesures de distanciation sociale et également triplé nos équipes d’entretien en France pour renforcer le nettoyage de 200 zones supplémentaires sur chaque site.

La direction d'Amazon gère-t-elle mal la crise du Covid-19 ?

Cette décision de justice fait suite à une série de faits mettant en cause la direction d'Amazon dans sa gestion de la crise du Covid-19. Pour rappel, le 26 mars, un salarié du site de Saran dans le Loiret avait été dépisté positif au Covid-19, mais l'information n'avait été révélée au personnel que tardivement, multipliant les risques de contamination.

Avant cela, les salariés inquiets avaient déjà estimé insuffisantes les mesures de protection mises en place par la direction (réorganisation des espaces de travail et de pause de façon à allonger les distances entre les personnels, renforcement du nettoyage des poignées de portes, de rampes, etc...).
 

Le 17 mars, plusieurs organisations syndicales avaient appelé à un débrayage et déposé un dossier de "danger grave et imminent", dénonçant notamment une trop grande promiscuité entre les salariés.

Sud Commerce, premier syndicat chez Amazon en France, a également déposé le 3 avril au tribunal des prud'hommes de Nanterre 11 dossiers de droits de retrait de salariés contestés par Amazon.
 
 
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