Un employé du site de Saran (Loiret) licencié pour faute grave début 2019 va finalement toucher des dommages et intérêts : Amazon vient d'être condamné pour licenciement abusif.
Le licenciement pour faute grave d'un employé du site Amazon de Saran qui avait lancé un appel au blocage de l'entreprise, fin 2018, a été reconnu "sans cause réelle et sérieuse" par le conseil des prud'hommes d'Orléans. Le géant américain devra verser à son ancien salarié 15 000 euros de dommages et intérêts, ainsi que 6 000 euros d'indemnités de préavis, de licenciement et de compléments de salaire.
Le 18 novembre 2018, l'employé avait lancé un message sur le groupe Facebook intitulé "Nous gilets jaunes", suivi par 29.000 abonnés, et suggéré le "blocage de l'entrepôt" à la veille du Black Friday.
Il avait reçu les jours suivant une lettre de convocation mentionnant son message, avant d'être licencié pour faite grave quelques semaines plus tard, sans indemnités.
"Amazon a cru qu'il pouvait privatiser l'espace public"
Le jugement, consulté par l'AFP, estime que "ce message vise plutôt le système économique et les inégalités sociales (...) dans un contexte passionnel national" mais que le salarié n'avait dénigré sa société. Il renvoie dans les cordes l'argument du manquement aux obligations de loyauté, invoqué par Amazon pour justifier plusieurs licenciements similaires. "La gravité des faits n'est pas avérée" et ne peut donc justifier un licenciement pour faute grave, estiment simplement les Prud'hommes.
"Nous voulions que la justice dise qu'un salarié peut appeler à manifester devant son entreprise, a réagi auprès de l'AFP l'avocat du salarié, Me Avi Bitton. A partir du moment où l'on reste sur la voie publique, on a le droit de manifester. Bloquer la circulation, c'est l'objet même d'une manifestation. Amazon a cru qu'il pouvait privatiser l'espace public", a-t-il estimé.