Le maire de Belleville-sur-Loire "pas favorable" à un projet de stockage des déchets nucléaires

Selon le site web spécialisé Reporterre, EDF envisage un nouveau site de stockage de ses déchets dans le Cher. Patrick Bagot, le maire, n'aurait pas été mis au courant et fait la distinction entre stockage temporaire et stockage définitif. 

C'est une information exclusive publiée ce matin par Reporterre, un site web spécialisé dans les problématiques écologiques : une nouvelle piscine de stockage des déchets nucléaires pourrait voir le jour à Belleville-sur-Loire, dans le Cher. Le projet devrait voir le jour sur l'impulsion de l'Autorité de Sûreté du Nucléaire (ASN), qui aurait sommé EDF, en 2013, de proposer des "nouvelles modalités d’entreposage". 

"Nous avons eu, disons, un indice, il y a quelques mois, explique-t-on chez Reporterre. On a interrogé tous les experts que l'on connaît, dans la filière nucléaire et en dehors, et un certain nombre nous a confirmé cette information. Evidemment, ils souhaitent rester anonymes." 

Un procédé à risques


Il faut dire que le dossier est sensible : l'enquête de Reporterre évoque une capacité de stockage allant jusqu'à 8000 tonnes de métal lourd irradié, "l'équivalent de 69 à 93 cœurs de réacteur nucléaire de combustibles brûlants et hautement radioactifs." Le site accueillerait principalement un mélange d'uranium et de plutonium, appelé Mox. Sa particularité est de dégager une chaleur intense, même plusieurs années après sa mise en stockage, et de n'être jamais retraité, faute de moyen. 



Les déchets sont enfouis sous plusieurs mètres d'eau, refroidis en permanence, sous peine de relâcher dans l'atmosphère de grandes quantités de matière radiocative. Or, ce mode de stockage en piscine n'est pas sans risque. Le rapport 2017 de GreenPeace sur la sécurité des réacteurs nucléaires évoque même "le problème prioritaire des piscines d’entreposage". Le principal risque est une perte de la capacité de refroidissement des piscines, qui pourrait être causée y compris par une "attaque externe". 

Cependant, l'équipement supposément à naître à Belleville devrait être entouré d'une double chappe de béton, comme celui de Flamanville. 

Pourquoi Belleville ? 


Selon Reporterre, le site de Belleville-sur-Loire présente plusieurs avantages. Il est à proximité d'une voie de chemin de fer, ce qui permettrait un transport plus sûr des déchets nucléaires. Il dispose de place libre puisque quatre réacteurs devaient être construits dans l'enceinte de cette centrale de 170 hectares, et qu'ils sont finalement au nombre de deux. Il présenterait de plus un "emplacement central dans l'Hexagone". Reporterre se dit même en capacité de placer très précisément le site : "pile entre les deux grandes AOC du Sancerre et du Pouilly fumé"

Patrick Bagot, le maire de la ville, affirme ne pas être au courant. "En tant que maire, je n'ai pas eu l'information. Qu'une piscine soit construite pour assurer un stockage temporaire avant le cheminement des déchets vers des sites de stockage, oui, le projet a été évoqué aux voeux de l'ASN. Mais le nom de la commune n'a pas été évoqué. Un projet comme celui-ci, il faudrait tout de même un dépôt de permis de construire, puis une enquête publique... "  avance-t-il, rappelant la procédure qui avait été mise en place lors de la construction de la centrale. 


Et si le projet venait à se concrétiser ? "Les informations que j'ai actuellement sont celles de la construction d'un nouveau bassin temporaire, plus grand, mais comme il en existe dans toutes les centrales nucléaires, pour entreposer les crayons* qui sortent du réacteur nucléaire, en attendant qu'ils soient traités ou déplacés. Si on parle d'un stockage définitif, non seulement je n'ai pas eu l'information, mais je n'y suis pas favorable." 

Selon Reporterre, cette piscine devrait voir le jour dans une quinzaine d'années, couvrant le temps de demande d'autorisation, de conception et de construction. 

*Crayon : ensemble qui contient le combustible nucléaire, emprisonné dans un tube de métal.
Information au lecteur
Contactée à plusieurs reprises par France 3 Centre, la communication d'EDF n'a pas donné suite. 
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