Médecins suspendus : en Centre-Val de Loire, la vaccination obligatoire fait craindre une pénurie de praticiens

La Région Centre-Val de Loire est une des régions françaises qui possède le plus de déserts médicaux. Face au refus de l’obligation vaccinale de certains médecins, certaines populations risquent d’avoir encore plus de difficultés à consulter. 

Le gouvernement avait fixé au 15 septembre 2021 la première dose pour les professions concernées par la vaccination obligatoire. Pompiers, soignants, pharmaciens et médecins devaient envoyer une attestation de vaccination au plus tard à cette date. Comme l’annonçait le président du Conseil national de l’Ordre des médecins, le docteur Patrick Bouet, ils étaient "un peu moins de 5 000 médecins libéraux" qui n’étaient pas vaccinés, sur toute la France. 

Pas de données officielles pour le moment

En Centre-Val de Loire, le docteur Patrick Petit, président régional de l’Ordre des médecins tient à rassurer : "Il ne faut pas surestimer le nombre de médecins qui ne veulent pas se faire vacciner." S’il a une petite idée du nombre de médecins concernés car "certains ont prévenu", il explique ne pas avoir de chiffres détaillés pour le moment. À ce stade, c’est l’Agence Régionale de Santé (ARS) qui gère le dossier. "On attend leurs directives sans avoir plus d’informations pour le moment", confesse Patrick Petit. 

Le nombre de médecins libéraux ayant refusé la vaccination ne filtre pas dans la région. Patrick Petit se risque tout de même à une estimation pour l’Eure-et-Loir. "Ils seraient une vingtaine de médecins, libéraux ou non, non-vaccinés sur le département", explique-t-il en rappelant qu’il ne dispose pas de chiffres officiels. Interrogée, l’ARS Centre-Val de Loire dit "ne pas disposer de données régionales ou départementales, à ce jour.

Si des patients se retrouvent sans médecins, il ne faut pas se tromper, c’est de la responsabilité des praticiens qui ne veulent pas se faire vacciner !

Patrick Petit, Président du Conseil de l'Ordre des médecins du Centre-Val de Loire.

Pourtant, comme le rapporte La Nouvelle République, l’Ordre des médecins de l’Indre recense 4 médecins libéraux n’ayant pas livré leur certificat de vaccination. Parmi eux, un serait en arrêt de travail et l’autre en congé maternité depuis des périodes antérieures à la date limite d’envoi du certificat. 

Difficile d’y voir clair quand, dans le même temps, la CGT déclare à La République du Centre que dans le Loiret, "les personnels [soignants et médecins] non vaccinés sont plus nombreux que ce qui est avancé officiellement." La situation pourrait donc s’avérer complexe quand les médecins non-vaccinés seront interdits d’exercer par l’Ordre des médecins. D’autant plus qu’un médecin interdit d’exercer ne peut pas directement être remplacé, son cabinet doit fermer. Le Centre-Val de Loire est une des régions les moins bien fournies en médecins. Bon nombre de territoire, notamment ruraux dans le Cher ou l’Indre, sont actuellement recensés comme des déserts médicaux. 

Pour le conseil régional de l’Ordre des médecins, le manque de praticiens ne doit pas laisser place à des passe-droits. "Ce n’est pas parce qu’ils exercent dans des déserts médicaux qu’ils sont exemptés de vaccination", tranche tout de suite le président régional de l’Ordre, Patrick Petit. Il s’agace : "Si des patients se retrouvent sans médecins, il ne faut pas se tromper, c’est de leur responsabilité !" Pour lui, il s’agit d’un problème éthique et déontologique et rappelle que la vaccination est là pour protéger également les médecins qui sont une dizaine à avoir succombé du Covid-19 après l’avoir contracté en consultation. 

"Nous allons trouver des solutions"

"Les médecins ont un devoir d’exemplarité mais cela pose aussi la question des compétences. Quand, en 2021, un médecin refuse le principe de vaccination, il y a un gros souci", soulève le docteur Patrick Petit. Il identifie les médecins concernés comme surtout d’anciennes générations. 

Si l’Ordre des médecins attend les directives du Gouvernement et de l’ARS pour être intransigeant, le docteur Patrick Petit ne minimise pas non plus les difficultés à venir. "Il y aura des pénuries qui risquent d’être causées par ces médecins réfractaires", pointe-t-il. Mais pour le moment aucun n’a été interdit de pratiquer. 

Peu après le 15 septembre, l’ARS Centre-Val de Loire confiait à La Nouvelle République qu’il y aurait une "période de tolérance jusqu’au 15 octobre, le temps d’entrer dans le schéma vaccinal et/ou de l’achever". De quoi se donner un peu de temps afin de se retourner et ne pas laisser des territoires entiers dénués de médecins. Quoi qu’il en soit le président régional de l’Ordre des médecins, Patrick Petit est confiant : "Nous allons trouver des solutions." Sans cela, la situation pourrait s’avérer critique.

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