Mort de Nahel à Nanterre : "les jeunes se sentent abandonnés", décrypte un spécialiste des quartiers

667 personnes ont été interpellées cette nuit en France suite au meurtre de Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier à Nanterre. Les dégâts sont conséquents dans le Centre-val-de Loire pour cette troisième nuit de tension. Au cœur de ces violences : principalement des jeunes. Décryptage avec Karim Bouhassoum, qui travaille dans les quartiers à Blois (Loir-et-Cher).

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Voitures et immeubles calcinés, magasins dégradés, transports détruits... le bilan est lourd. Après une nouvelle nuit de violences, les jeunes sont plus que jamais sur le terrain et prêts à affronter les forces de l'ordre. Trois jours se sont écoulés depuis la mort de Nahel, tué par un policier suite à un refus d'obtempérer à Nanterre. Alors que le policier a été placé en détention pour homicide volontaire, dans les rues, 667 personnes ont été interpellées en France, dont la plupart sont des personnes âgées entre 14 et 18 ans selon le ministère de l'Intérieur.

"Les jeunes se reconnaissent les uns les autres et ont une culture commune, une culture urbaine."

Karim Bouhassoun

"C'est un problème de fond, il y a énormément de fragilités dans les quartiers défavorisés. On met tout dans les grandes villes, et les quartiers en souffrent. Avec tous les problèmes de discrimination, de contrôle faciès ou encore de déserts culturels, les jeunes se sentent abandonnés", précise le gérant de l'association "ZUPdeco" qui agit auprès des équipes éducatives dans la lutte contre l’échec scolaire. "Les jeunes ne brûlent pas les écoles, ils brûlent ce qui se passe" [sous-entendu : ce qui s'est passé à Nanterre, avec la mort de Nahel, tué par un policier].

Un avis partagé par Samir Baz, directeur de l'association "L'Escale" qui exprimait sur France Bleu Orléans ce vendredi matin que "la plupart des jeunes évacuent leurs frustrations par des faits de violences. Pour eux, il y a énormément de différences sociales."

Un écho aux émeutes de 2005

Il y a 18 ans, Nanterre et de nombreuses villes de France ont connu trois semaines de violence. 300 quartiers s'étaient embrasés suite aux morts de Zyed Benna et de Bouna Traoré. "Les jeunes savent que l'Etat n'est pas infaillible. Ils me parlent de bavure, et que la révolte est en cours." nous explique Karim Bouhassoun qui échange régulièrement avec les jeunes blésois grâce à son association.

Tandis qu'Emmanuel Macron préside une nouvelle cellule de crise interministérielle à Paris à 13h cette après-midi, deux collectifs antifascistes appellent à un nouveau rassemblement ce vendredi à 18h au quartier de La Source à Orléans en hommage au jeune Nahel.

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