Aucun conseil municipal élu au premier tour ne sera installé d'ici dimanche 22 mars comme le voudrait pourtant la loi. Le report en a été confirmé jeudi 19 mars par le Premier ministre. Aucun conseil ne siègera semble-t-il avant la mi-mai. Les maires sont plutôt satisfaits de cette décision.
Beaucoup d'élus avaient demandé le report de l'installation des conseils muncipaux, de la désignation des maires et des adjoints. Ils ont obtenu satisfaction ce jeudi 19 mars après l'annonce du Premier ministre, Edouard Philippe. Compte tenu de la crise sanitaire, une majorité estime que réunir les équipes municipales aurait adressé un mauvais signal à la population, appelée à restée confinée chez elle.
"Ça va être dur pour les battus !"
John Billard, réélu à Le Favril, en Eure et Loire, et président des maires ruraux de ce département, s'estime favorable à cette décision, mais reconnait qu'il "n'y a pas vraiment de consensus sur la question... C'est un problème de nombre et de place..." Il est exact que dans les petites communes, l'exiguité des salles de réunion en mairie faciliterait la contamination.Là où les équipes ont retrouvé la confiance des électeurs, le report n'est pas vraiment problématique. La vie locale s'inscrit dans la continuité. En revanche, dans les communes où les sortants n'ont pas de nouveau été plébiscistés, la situation est plus compliquée. "Il est évident que ça va être dur pour les battus!" avoue John Billard. Désavoués, ils vont devoir rester et gérer. Comment alors mettre du coeur à l'ouvrage ?
Vanik Berberian, le président des maires ruraux de France, réélu à Gargilesse dans l'Indre, pondère son jugement: "on ne peut répondre que par oui ou non à cette question. Tout dépend du contexte de la commune concernée et des conséquences engagées par ce report. La situation est exceptionnelle et il faut graduer l'importance des sujets. A chacun de s'adapter."
De son côté, André Laignel, maire socialiste réélu à Issoudun, et premier vice-président délégué de l'Association des Maires de France (AMF), s'en tient au communiqué officiel de l'association qui demande aux maires d'annuler au plus vite les réunions d'installation des conseils municipaux.
#COVID19 : report des réunions d'installation des conseils municipaux - Le projet de loi, soumis à l’Assemblée nationale ce jour, fera l’objet d’informations précises par les services de l’AMF, en lien avec les services de l’Etat, dès qu’il sera voté. https://t.co/Q4v2pRBs7G pic.twitter.com/5sEpTs0XUy
— AMF | maires de France (@l_amf) March 20, 2020
La question du vote du budget
Au delà de la procédure d'installation des conseils municipaux et de la désignation des maires et des adjoints, la question majeure du vote du budget va se poser. Cet aspect inattendu est soulevé par Guy de Brantes, le maire des Hermites, et président des maires ruraux d'Indre et Loire.Beaucoup de communes ont pris la mauvaise habitude de voter très tard leur budget. Comment vont-elles alors fonctionner si elles ne peuvent pas se réunir pour voter? C'est une vraie question ! Guy de Brantes, maire des Hermites
Une vraie question qui nécessitera certainement un assouplissement des règles administratives pour qu'il n'y ait pas de blocages daans la vie communale.
"Se réunir serait donner un mauvais exemple"
Les élus font montre de sagesse. À Loches, en Indre et Loire, Marc Angenault, réélu au premier tour, avait tout prévu pour que l'installation puisse se faire, "mais bien sûr, on va respecter les instructions".À quelques kilomètres plus au nord, le maire divers droite de Parça-Meslay, Bruno Fenet, estime lui aussi qu'il est "raisonnable de reporter car tous les rassemblements sont à éviter, et se réunir serait donner un mauvais exemple". Lui aussi pointe la difficulté engendrée par la crise sanitaire pour tous ceux qui souhaitaient en finir avec le quotidien d'un élu.
Il va y avoir une démobilisation de tous ceux qui voulaient partir. Car aujourd'hui, ils sont contraints de se remettre au travail. Bruno Fenet, maire de Parça-Meslay
Il voit en revanche un point tout à fait positif à cette décision de report: "imaginez un jeune maire arriver en pleine crise de cette ampleur. Sans aucune expérience. Il aurait été totalement perdu". Effectivement, il parait plus raisonnable d'avoir des élus d'expérience et rompus aux nombreuses tâches administratives pour passer la cap.