Réunion obligatoire des conseils municipaux : certains élus considèrent qu’on les oblige encore à prendre des risques

Crise ou pas crise, c’est la loi et elle ne sera pas modifiée malgré les circonstances. Les conseils municipaux doivent se réunir de vendredi à dimanche pour désigner les maires dans les communes où le résultat est acquis. Injonction contradictoire ?
 

Honnêtement, cette réunion d’individus dans une pièce close m’interroge beaucoup. Je ne sais pas si on prend un risque. On a l’obligation de se réunir. Je n’aurais pas été surprise que l’Etat prenne des dispositions particulières. Ce n’était pas peut-être pas possible.

Ainsi que tous ses "confrères" élus ou réélus au 1er tour comme c’est son cas, Constance de Pélichy, maire LR de La Ferté-Saint-Aubin (Loiret) organisera ce week-end la réunion du conseil municipal qui permettra de désigner le maire, malgré une inévitable appréhension.  Pour limiter les risques, en accord avec l’opposition, il a été décidé que le conseil se réunirait à huis clos et pas au complet. Seuls 16 ou 17 élus siègeront avec des pouvoirs donnés par les autres, afin d’atteindre le quorum. Ils éviteront également de faire appel aux agents de la collectivité et abrègeront autant que possible la réunion.

Nous désignerons les adjoints mais l’attribution des délégations sera décidée plus tard. Et ensuite on essaiera de fonctionner et de d’administrer la commune sans se rencontrer.

La loi prévoit qu’au plus tard dimanche, les conseils municipaux doivent se réunir pour élire les maires car les sortants n’auront plus aucune légitimité juridique à partir du lundi 23 mars. Compte tenu des circonstances, les préfectures préconisent le huis clos et l’utilisation éventuelle d’autres salles de réunion que celles utilisées habituellement si celles-ci ne permettent pas de maintenir un mètre de distance entre les participants.

Huis clos ou non ?

À Issoudun, André Laignel, maire sortant PS réélu (et par ailleurs vice-président de l’association des maires de France) ne prévoit pas de huis clos à l’heure ou ces lignes sont écrites. Il convoquera l’ensemble des 33 conseillers municipaux de la ville et procèdera à l’ensemble des désignations habituelles. "On ne peut pas arrêter la vie de plus de 30 000 communes"explique-t-il.

À Blois, on a choisi une autre option. La réunion se tiendra à huis clos dimanche matin mais avec un conseil complet. Soit 43 élus présents dans la salle auxquels il faut ajouter 5 ou 6 agents de la ville.

Puisque l’élection a été validée il est obligatoire que le conseil se réunisse pour élire le maire. Avec le recul, il eut été préférable que le président de la République décide du report du scrutin. Je considère quand même qu’il était moins dangereux d’aller voter que de s’agglomérer dans les grandes surfaces comme on le voit en ce moment.

justifie Marc Gricourt, maire sortant PS de Blois réélu au 1er tour.

"On aurait pu éviter des morts"

Dans les petites communes, beaucoup d’élus se sentent démunis et aimeraient bien des consignes plus claires de la part des préfectures. À Aillant-sur-Milleron (Loiret), la maire sortante Lysiane Chapuis réunira le conseil par devoir, pas par envie :

Je sais que c’est en ce moment qu’il faut éviter les rapprochements à un mètre. J’évite au maximum les réunions depuis quelques jours. On est  à la campagne mais quand même… On va multiplier les contacts et les déplacements avec ça. On a nous a obligés à faire les élections. Il était prévisible qu’on ne pourrait pas tenir le 2e tour. C’est pas très bien d’avoir fait ça. On aurait pu éviter des morts.

L’impression de beaucoup d’élus que l’organisation du 1er tour était une faute politique est renforcée par les dernières déclarations de l’ex-ministre de la Santé Agnès Buzyn qui, dans une interview au Monde, a estimé qu’"on aurait dû tout arrêter." En attendant, plus tard, que les responsabilités politiques soient établies, la maire d’Aillant-sur-Milleron se prépare à faire son devoir alors qu’elle a en plus d’autres problèmes gérer. Mardi soir, elle ne savait si elle pourrait ou non organiser la réunion du conseil car la liste présentée ne comportait que neuf noms alors que 11 conseillers doivent être élus du sa commune. Elle attendait la décision de la préfecture pour savoir si un 2e tour serait nécessaire, pour compléter le conseil. Dans le même temps, depuis quelques jours, dans cette commune qui compte un tiers de résidences secondaires, elle voit débarquer les Parisiens qui viennent se mettre au vert pour la période de confinement.
 
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