Le collectif souhaitant réduire la durée du trajet de la ligne Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, qui passe par le Centre-Val de Loire, a publié le 24 mars dernier une étude dans laquelle il avance les arguments sur la faisabilité du projet.
3h02, c'est la durée moyenne d'un trajet en train pour rallier Paris à Limoges. Un voyage estimé bien trop long pour le collectif Urgence Ligne POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse). "Un gain de temps relancerait l'intérêt des usagers pour la ligne POLT. Cela leur permettrait d'arriver plus vite et la fréquentation serait en hausse", explique le président du collectif, Jean-Claude Sandrier.
L'association, qui compte dans ses rangs "25 collectivités locales, 23 maires présidents de communautés d'agglomération et des usagers" ainsi que la région Centre-Val de Loire, souhaite pouvoir créer réduire le temps de trajet entre la capitale et Limoges de 45 minutes, réduisant ainsi le voyage à 2h30, selon le rapport.
Concernant la région, "10 à 15 minutes seraient gagnées de Paris à Vierzon et environ 15 minutes de Paris à Châteauroux", soutient Jean-Claude Sandrier.
Comment ?
Cette diminution est-elle possible ? "Tout à fait", répond du tac-au-tac Jean-Claude Sandrier. Puis d'enchaîner les arguments : "La marche de régularité est actuellement de 18 minutes, nous pouvons la réduire autour de 10 minutes. Un appel d'offres a été lancé le 15 mars pour faire l'acquisition de trains neufs entre 2019 et 2022. Ces nouvelles machines plus les travaux en cours permettront de circuler plus rapidement sur certaines sections du trajet".Dans son étude réalisé sur trois mois et demi, Urgence Ligne POLT avance détaille comment gagner du temps sur Paris-Limoges en trois volets:
-L’utilisation d’un nouveau matériel roulant
-Une importante remise à niveau de l’infrastructure
-La suppression de limitations de vitesse
Ainsi, selon le rapport, durant l'arrêt en gare, le nouveau matériel permettrait de diminuer "le temps moyen nécessaire à la desserte d’une gare intermédiaire entre Paris et Toulouse de deux minutes, de quelque 5,5 à 3,5 minutes". Une estimation du futur temps nécessaire aux arrêts "essentielle car elle impacte directement le
gain de temps induit par l’éventuelle suppression de ces arrêts".
Le document souligne également que la suppression éventuel d'un arrêt augmenterait le gain de temps à 7 minutes. Jean-Claude Sandrier ajoute qu'"il serait également possible de faire des trains sans arrêt". Et d'enchaîner précipitement, comme si une foule d'usagers en colère s'apprêtait à lui hurler dessus, "mais pas d'affolement ! Actuellement, il y a dix aller-retour quotidien. Nous pourrions augmenter ce chiffre à douze et faire deux aller-retour sans arrêts".
Rouler à 220 km/h
Cependant l'objectif d'atteindre un Paris-Limoges en 2h30 est imaginable uniquement si la vitesse de circulation augmente. Dans le cas contraire, cela s'avérerait impossible. Et le collectif le reconnaît : "l'atteinte de l'objectif de 2h30 implique de dépasser 200 km/h" Cela passe donc par un indispensable renouveau du matériel roulant. En effet, sans l'augmentation de la vitesse de circulation, qui pourrait atteindre jusqu'à 220 km/h sur certains secteurs, Avec cet apport, le collectif estime ici le gain d'un temps à "4min30 à 5min30.Pour appuyer sa cause, Urgence Ligne POLT est même allé puiser dans le passé. "Le temps du train ‘Capitole’ [train en service de 1960 à 1991, qui reliait la gare d'Austerlitz à Toulouse en passant par la Gare des Aubrais] était en 1978 de 2h 50 pour un trajet sans arrêt, et la mise en service d’un matériel plus performant avait ultérieurement permis d’atteindre 2h 46 en 2003", lit-on dans l'introduction du dossier publié le 24 mars. Précisant ensuite que "l'ULP vise donc un gain supplémentaire de l’ordre de 17 minutes", dans cette première étape pour gagner 45 mn sur le trajet entre Paris et Toulouse..
A titre de comparaison, en 1914 un le temps moyen pour un aller Paris-Limoges était de 5h32. Une durée qui n'a cessé de diminué pendant 60 ans, pour s'établir à 2h50 en 1974. Pour ensuite remonter à 3h01 aujourd'hui.
Combien ?
Le président du collectif Urgence Ligne POLT avance un coût avoisinant les "deux milliards d'euros". "Il faut compter un milliard pour l'ensemble de la ligne POLT, plus un milliard entre le tronçon Paris-Brétigny qui demande d'importants travaux", détaille l'ex-maire de Vierzon actuellement sénateur. Le rapport ajoute à ce coût des dépenses supplémentaires pour l'élévation de vitesse des trains sur les différentes sections de la lignes compris dans une fourchette de "200 à 300 millions d'euros".Le coût total approcherait ainsi 2,3 milliards d'euros.
Quand ?
"Les principaux travaux seront finis entre 2022 et 2023, on peut donc espérer atteindre cet objectif de 2h30 d'ici 4 à 5 ans. C'est tout à fait jouable", assure Jean-Claude Sandrier. Avant de tempérer et interpeller l'Etat, "Cependant cela dépend de l'engagement de l'Etat sur le schéma directeur du projet".Car, en effet, si le président d'Urgence Ligne POLT se targue d'avoir une ribambelle d'élus et de collectivités au sein de son collectif, il sait également que rien n'est encore totalement fixé.
Le 11 avril prochain, cette étude sera présentée à l'Etat.