Dans l’Indre, les battues administratives qui permettaient de chasser des sangliers en le déclarant en préfecture sont remplacés par des « battues affinitaires », un dispositif créé par le Préfet de l’Indre. Si c’est une bonne nouvelle pour les propriétaires et les chasseurs qui peuvent s’organiser plus librement, les associations de défense des animaux dénoncent cette régulation.
C’est un nouvel arrêté de Thibault Lanxade, préfet de l’Indre, pris au mois d’août dernier, les propriétaires de terrain peuvent désormais organiser des battues de sanglier, avec les chasseurs de leurs choix, en cas de besoin urgent de réguler la présence d’une population sur leur terrain. Les battues ne seront donc plus déclarées en préfecture, mais organisées directement entre chasseurs et agriculteurs, comme l’explique Thibault Lanxade, Préfet de l’Indre : « on envoie un lieutenant de louveterie qui va authentifier la chasse comme battue affinitaire ». Les lieutenants de louveterie sont des chasseurs assermentés, nommés par le Préfet et sous l’autorité de ce dernier.
Pourquoi un nouveau dispositif ?
Selon le Préfet de l’Indre, ce nouveau dispositif permet notamment de réagir dans l’urgence. Comme toute démarche administrative, une battue déposée en Préfecture peut prendre du temps avant d’être validée, laissant le temps aux sangliers de causer des dégâts dans les cultures agricoles. Avec ce nouveau dispositif, l’agriculteur qui constate des dégradations sur son terrain peut prévenir la Préfecture ou la fédération des chasseurs pour l’organisation d’une battue affinitaire sous 15 jours. Une régulation de la population qui est nécessaire, selon la Préfecture de l’Indre, qui précise qu’en 2023, 1,6 million d’euros de dégâts indemnisés par la fédération des chasseurs de l’Indre.
One voice monte au créneau
Un dispositif applicable toute l'année, même hors période de chasse et qui met les associations de défense des animaux en colère. Ce jeudi 19 novembre à 9h30 se tenait une audience devant le tribunal administratif de Limoges. En effet, les militants de One Voice, association de défense des animaux, attaquent en justice l’arrêté pris par le Préfet de l’Indre. Nicolas Yahyaoui, juriste et chargé de campagne pour One Voice estimait auprès de nos confrères de France Bleu Berry que cet arrêté à un objectif, « tuer un maximum de sangliers et de le faire de la manière la plus facile possible ». L’association dénonce que ces battues puissent être organisées sur la seule décision du lieutenant de louveterie, sans contrôle ou décision préfectoral. « C’est problématique car nous, association, nous ne pourrons plus être informés des battues avant qu’elles arrivent. Des battues, on en voit passer beaucoup, on attaque très souvent et on gagne car elles sont trop souvent injustifiées. Cela ne sera plus possible désormais ». Quant à la surpopulation des sangliers avancées par les chasseurs et la Préfecture, One Voice tient à rappeler : « Après la seconde guerre mondiale, il n’y avait quasiment plus de sangliers en France. C’est les chasseurs qui les ont réimportés massivement pour pouvoir les chasser et aujourd’hui disent qu’il y en a trop pour pouvoir les tuer ».
La requête de l’association rejetée
Malgré cette tentative, la requête de l’association One Voice a été rejetée par le tribunal administratif de Limoges. Mais l’association réfléchit déjà à se pourvoir en cassation. Selon Muriel Arnal, Présidente de One Voice, ces battues affinitaires « ont été crées de toutes pièces par le Préfet de l’Indre. Cet arrêté est illégal. Nous sommes confiants de gagner la prochaine étape ».