Après la déconvenue de la loi sanitaire, le gouvernement présente au Parlement son premier grand projet : la loi sur le pouvoir d'achat. Les députés ont voté les cinq premiers articles du texte ces 19 et 20 juillet, et ont refusé l'augmentation du Smic à 1500 euros.
C'est le premier grand chantier de la majorité en ce deuxième quinquennat Macron. Le projet de loi sur le pouvoir d'achat, promis par le président depuis plusieurs mois, a enfin fait son entrer à l'Assemblée nationale. Après passage en commission, le texte est arrivé devant l'hémicycle ce lundi 18 juillet, et est depuis ardemment débattu par les députés.
A la date de ce jeudi 21, les parlementaires n'ont cependant voté que cinq des 20 articles du texte provisoire. Parmi les mesures adoptées : la revalorisation des retraites de 4%, la déconjugalisation de l'allocation adulte handicapé (AAH), le triplement du montant maximal de la prime Macron, ainsi que la baisse des cotisations sociales des travailleurs indépendants.
Le RN vote tous les articles
Les cinq articles ont pu être adoptés assez aisément par la majorité grâce à l'appui régulier des Républicains, et au soutien systématique des voix du Rassemblement national. De l'autre côté de l'hémicycle, les députés de la Nupes se sont au mieux abstenus, sinon opposés aux articles.
Devant les parlementaires, le député Renaissance d'Eure-et-Loir, également président de la commission des Affaires économiques, Guillaume Kasbarian a défendu la stratégie des articles du gouvernement :
Le sujet n'est pas de remplir les caisses de l'État avec de nouvelles taxes. Le sujet, c'est d'encourager les entreprises à mieux distribuer leurs bénéfices avec leurs salariés, les entreprises qui réalisent des marges importantes à baisser les prix qui pèsent sur les consommateurs.
Guillaume Kasbarian, député RE d'Eure-et-Loir
Avec cette intervention, le député répondait à la proposition de l'union de la gauche de taxer les superprofits des grandes entreprises, visant à éviter que l'argent ne parte dans les poches des actionnaires. Arguant que "la taxe n'est pas la solution magique", Guillaume Kasbarian préfère laisser le gouvernement discuter avec les grandes entreprises, dont les groupes pétroliers et énergétiques, et voir si l'incitation fonctionne.
Une stratégie fustigée par la gauche, qui critique la hausse du plafond de la prime Macron et des capacités d'intéressement. "La France des primes, c'est la France qui déprime", a réagi sur Twitter le député PCF du Cher Nicolas Sansu. Car les groupes de la Nupes militaient pour une augmentation des salaires (comme le RN d'ailleurs), et en particulier pour passer le Smic à 1 500 euros. Un amendement auquel tous les groupes hors-Nupes -y compris le RN- se sont opposés. "C'est le niveau de salaire qui garantit le pouvoir d'achat", a lancé Charles Fournier, député EELV de Tours.
"Océan de guérilla parlementaire"
Pour François Cormier-Bouligeon, député Renaissance du Cher, "les négociations salariales ne sont pas contradictoires avec ces mesures liées aux primes et à l'intéressement". Dans une vidéo publiée sur son compte Twitter, il regrette "un océan de guérilla parlementaire permanent mené par nos oppositions, et en particulier les insoumis qui ne veulent entendre parler que du salaire".
En fin de soirée, ce mercredi 20 juillet, les députés se sont malgré tout retrouvés sur un quasi consensus : la déconjugalisation de l'allocation adulte handicapé, proposée par des amendements venus de tous bords. Refusée par la majorité sous le précédent quinquennat, elle a été adoptée hier soir à 428 voix sur 429.
Visualisez ci-dessous le vote de vos députés, selon l'article et l'amendement :
Les différents groupes ont voté de manière concordante la majeure partie du temps. À noter que la gauche s'est divisée sur l'article 4, jugé inefficace par la Nupes. Les communistes ont voté contre, et les écologistes se sont abstenus. Division également sur les bancs des Républicains quant à l'article 4 : 12 députés ont voté pour (dont le député de l'Indre Nicolas Forissier), 6 contre, et 13 se sont abstenus.