Couvre-feu à Saint-Amand-Montrond, pas à Romorantin

Saint-Amand-Montrond et Romorantin sont les premières communes de la région Centre-Val de Loire à avoir demandé l’application de la mesure pour durcir un peu plus le confinement. La préfecture du Cher a donné son feu vert, pas celle de Loir-et-Cher.

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À l’échelle nationale, le maire de Nice, Christian Estrosi avait été le premier à dégainer son arrêté de couvre-feu, rapidement imité par Robert Ménard à Béziers. Longtemps membre du parti socialiste avant de soutenir Emmanuel Macron, Jeanny Lorgeoux n’a pas le même profil politique.

Il restera pourtant le premier maire de la région à avoir demandé, pour sa commune, un couvre-feu qui aurait été appliqué pendant quinze jours de 22h à 5h du matin si la préfecture l'avait validé. Ce n’est pas parce que Romorantin-Lanthenay subit plus que d’autres une poussée de l’épidémie de coronavirus mais parce que, selon lui, le confinement n’est pas assez respecté dans certains quartiers, en particulier Les Favignolles.

C’est surtout une démarche pédagogique. Ce n’est pas une manœuvre de coercition. Il faut faire comprendre à certains, trop indisciplinés, que la situation est grave. Une conduite irresponsable peut aboutir à plus de morts. Ceux qui ne se rendent pas compte de la gravité de la situation, il faut leur tirer l’oreille… se justifie Jeanny Lorgeoux.

L’initiative du maire en place (élu depuis 1985 et en ballotage favorable à l’issue du 1er tour des municipales 2020) n’a pas été contestée par ses opposants politiques locaux. Didier Guénin, conseiller municipal PS (et candidat à la mairie) s’abstient de commenter les décisions du maire au sujet du Covid-19.

Louis de Redon, conseiller municipal d’opposition LREM, arrivé en 2e position après le 1er tour n’a pas non plus de critiques à émettre. Il regrette toutefois que l’ensemble du conseil municipal n’ait pas été associé à la décision, même si M. Lorgeoux affirme avoir consulté son équipe.

Seule Marianne Coupé qui menait une liste citoyenne non qualifiée pour le 2e tour s’interroge.

Je ne sais pas si c’est vraiment utile. Je ne pense pas que ce soit nécessaire mais d’après ce que je vois sur les réseaux sociaux les gens semblent plutôt d’accord avec cette mesure. Ça me semble être un précédent dangereux. Quand je vois les atteintes portées libertés publiques actuellement… L’état d’urgence sanitaire c’est une chose. Est-ce qu’on n’est pas en train de basculer vers d’autres choses ?

Finalement, après avoir examiné la demande du maire, le préfet de Loir-et-Cher a jugé que "les incidents étaient concentrés sur certains quartiers et ne justifiaient pas une décision préfectorale sur l'ensemble de la commune."

Le préfet a toutefois décidé de renforcer les effectifs de gendarmerie aux Favignolles et d'assurer une surveillance nocturne de la commune avec un drone. Dès mercredi soir, il était sur le terrain dans le quartier avec Jeanny Lorgeoux qui accepte cette décision :

Le préfet a considéré que notre mesure était disproportionnée par rapport à la situation générale de Romorantin et du Loir-et-Cher. Mais ça ne me pose pas de problèmes. Des gens continuent à braver les interdits. Il y a aussi quelques petits trafics. Nous allons surveiller sans attenter aux libertés.

Une mesure symbolique dans le Cher

Dans le Cher, la préfecture a en revanche validé le couvre-feu qui s’appliquera de 20h à 7h jusqu'au 1er avril à Saint-Amand-Montrond et dans 3 communes voisines, Colombiers, Drevant et Orval. Là aussi, trop d’indiscipline a été constatée.

Les élus ont aussi voulu sévir parce que certains ont profité de la période pour réaliser plusieurs cambriolages les nuit dernières. Colombiers (425 habitants) et Drevant (570 habitants) vont donc être concernées par une mesure qui n’est pas strictement nécessaire mais qu’elles appliquent « par solidarité ».

C’est tout à fait normal, estime Bernard Jamet, maire de Drevant. Il n’y a en ce moment aucune raison de traîner dans nos rues la nuit. Je ne suis pas à l’origine du couvre-feu. Mais je le soutiens.

Dans ces villages où l’activité nocturne est habituellement très limitée, la mesure semble surtout relever du symbole. Peut-on arrêter une épidémie avec des symboles ? Face à l’urgence les élus utilisent les moyens dont ils disposent, sans certitude sur leur efficacité réelle.
 
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