Selon Edouard Philippe, elles devraient être les "grandes gagnantes" du système universel. Les femmes, la moitié des administrés, devraient connaître de profonds changements dans le calcul de leur retraite. Reste à voir si la réforme corrigera les inégalités, ou les aggravera.
Si les femmes sont payées en moyenne 18,5% de moins que les hommes dans leur vie professionnelle, le déséquilibre ne s’arrange pas pour la retraite : leur pension est en moyenne 42% plus faible que celle des hommes.
Concernées par la pause maternité, restées plus souvent au foyer, surreprésentées dans les emplois à mi-temps... la grande majorité des femmes ont une carrière qui les mène vers une retraite précaire. "La situation ne peut pas être pire que maintenant", déplore Sophie Auconie, députée UDI de la 3ème circonscription de l’Indre-et-Loire.
Une pension minimum de 1 000 euros
Une mesure phare du gouvernement est de valoriser la pension minimale à 1 000 euros par mois. 70% des bénéficiaires sont des femmes. Tous ceux ayant effectué une carrière complète, même à mi-temps, peuvent prétendre à cette pension minimum. "C’est de la solidarité nationale", affirme Sophie Auconie, "une femme qui a choisi d’élever ses enfants et qui divorce, elle a aujourd’hui 470 euros par mois".Une mesure que tempère Olivier Marleix, député LR de la deuxième circonscription de l’Eure-et-Loire : "Ces 1 000 euros, c’est leur slogan. Mais ce n’est pas pour tout de suite. Qu’est-ce que ça vaudra 1 000 euros dans dix ans ?".
Maternité : des aides dès le premier enfant
Finis les 8 trimestres de cotisation accordés à la naissance d’un enfant. Terminés les 10% de majoration de pension pour le père et la mère, dès le troisième enfant. Le projet de loi prévoit une majoration de pension de 5% dès le premier enfant. Un coup de pouce aux familles peu nombreuses, notamment les familles monoparentales."Cette réforme va leur être favorable [aux femmes] parce qu’il y a des outils qui vont le permettre. Pour le nombre d’enfant par exemple : les aides n’étaient là que pour le troisième enfant, elle le seront dès le premier", assure Sophie Auconie.
Ces 5% de valorisation seraient accordés à la mère sauf avis contraire du couple, ce que dénoncent les associations féministes. Selon elles, les couples seraient tentés de mettre cette majoration sur la plus grosse pension du couple, souvent celle du père au détriment de la mère. Celle-ci serait donc pénalisée en cas de séparation ou de divorce.
Restrictions pour la réversion de pension
Un autre point de crispation : la réversion. Quand une personne du couple décède, son conjoint (souvent la femme) peut bénéficier d’une partie de sa pension. Actuellement cela correspond à 54% de la retraite de base et 60% de la retraite complémentaire.Avec la réforme arrive un nouveau calcul : 70% de la somme des pensions des deux conjoints. La nouvelle réversion ne sera plus accessible aux femmes divorcées et aux femmes remariées.
"C’est assez anxiogène ce qu’ils sont en train de faire", s’alarme Olivier Maleix. "Aujourd’hui on peut toucher la réversion à 55 ans. Dans le projet de loi ce sera seulement à l’âge pivot, cela peut faire neuf, dix ans de réversion perdue." Ce complément de retraite représente en moyenne, pour les femmes qui en bénéficient, la moitié de leur pension.
"On est un peu dans le brouillard"
Le projet du gouvernement prévoit de calculer la retraite non plus sur les 25 meilleures années mais sur l’ensemble de la carrière. Les conséquences restent encore floues pour la carrière des femmes, plus souvent marquée par des congés maternité et des temps partiels."C’est vrai que pour une femme qui a eu des enfants, calculer sur les 25 meilleures années reste plus opportun", admet Sophie Auconin. Olivier Maleix l’avoue, "on est un peu dans le brouillard".
Les députés ont une semaine en commission pour débattre des deux textes de loi, qui comptent déjà plus de de 22 000 amendements.