En Indre-et-Loire, les paysans ont pris le parti de soutenir la lutte contre la réforme des retraites, en apportant une contribution toute personnelle.
Ce matin, comme depuis six ans, Mathieu Lesterau fabrique du pain. Cet artisan boulanger de la ferme de Belêtre, à Dolus-le-Sec (Indre-et-Loire) destine son pain aux boutiques bio, aux boulangeries, aux paniers paysans. Et aux grévistes.
Le mouvement social contre la réforme des retraites d'Emmanuel Macron a débuté le 5 décembre, et les travailleurs mobilisés, syndicats ou non, veulent faire durer le mouvement. "Ça n'a pas vraiment de sens de faire grève dans le monde paysan, estime Mathieu Lesterau. Par contre on peut et souhaite soutenir le mouvement, alimentant la lutte à partir de nos produits paysans."
En effet, la réforme s'annonce globalement favorable aux agriculteurs, notamment concernant le montant minimal de retraite garanti, qui sera fixé à 85% du SMIC, quand les retraités du monde paysan en touchent actuellement 75%. Pourtant, si la FNSEA soutient le gouvernement, les autres syndicats agricoles se montrent bien plus critiques.
La convergence des luttes
Et ça, c'est un vrai bénéfice pour les grévistes, qui doivent pouvoir soutenir financièrement leur action. En plus du pain de Mathieu Lesterau, ils se verront aussi livrer des œufs, du miel, de la bière... Une dizaine d'agriculteurs de Touraine ont contribué, comme Luc Rivry, qui a momentanément quitté son exploitation pour assurer la livraison, dans un local cheminot de Saint-Pierre-des-Corps. "On est bien sûr opposés au calcul par points, qui redéfinit des retraites qui correspondent pas à la réalité, ça nous oblige à aller beaucoup plus loin pour financer ces retraites" assure-t-il, les bras chargés de vivres.
Pour Ludovic Dalus, cheminot et gréviste, cette convergence des luttes est presque émouvante. "C'est vraiment un don qui était pas était pas prévu, ça nous est tombé dessus. C'est un élan de solidarité donné pour les grévistes, pour les personnes qui se battent contre la division actuelle, tout simplement."
Soutenue par la Confédération Paysanne de Touraine, la démarche devrait se poursuivre, et même s'amplifier.