Retour à l'école le 12 mai : "On ne voit pas comment ce protocole sanitaire serait applicable en l'état"

Le protocole sanitaire provisoire pour l'accueil des élèves en école primaire à partir du 12 mai a été envoyé à une partie des enseignants, ce mercredi 29 avril. Il sera définitif le 1er mai. Première réaction des syndicats ? Ce protocole sanitaire est inapplicable. Ils demandent plus de temps. 

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Comment expliquer à des élèves de maternelle de lever le doigt pour prendre un objet, se lever, aller parler avec un copain en respectant les gestes barrières et la distanciation sociale? Ce protocole sanitaire n'est pas applicable en l'état notamment en maternelle.

Céline Prier-Chéron, représentante du SNUIPP en Eure-et-Loir, a appris l'existence de ce protocole sanitaire provisoire par le biais de parutions non officielles. "A ce jour, nous n'avons reçu aucune communication officielle de notre hiérarchie en Eure-et-Loir. Cela participe de l'impréparation globale de l'ouverture des écoles", constate l'élue syndicale du premier degré, passablement énervée. 

"Un protocole inapplicable en école maternelle"

Le protocole sanitaire précise : "La règle de distanciaton physique, dont le principe est le respect d’une distance minimale d’un mètre entre chaque personne, permet d’éviter les contacts directs, une contaminaton respiratoire et/ou par gouttelettes. Elle doit être respectée dans tous les contextes, et tous les espaces (arrivée aux abords de l’école, récréation, couloirs, préau, restauraton scolaire, sanitaires,etc.)"

Les différents avis scientifiques insistent sur la nécessité de la faire respecter, tout en étant conscient de la difficulté que cela peut représenter, notamment pour les classes de maternelle.

Protocole sanitaire provisoire des écoles -Document de l'Education nationale


Céline Prier-Chéron est professeur des écoles, en maternelle. Elle remarque que, dans ce protocole, il n'y a aucune préconisation particulière pour les gestes barrières et la distanciation sociale, à l'école maternelle. "Que ce soit le lavage des mains ou la distanciation sociale... allez dire à un enfant de trois ans d'aller aux sanitaires seul et de se mettre à la sieste sans qu'un adulte soit près de lui pour l'installer. Si on pouvait le faire, cela se saurait." 

Pour l'élue syndicale, ce protocole sanitaire devrait être un guide pour savoir si une école peut ouvrir ou non. "On ne pourra pas accueillir tout le monde, et l'enseignement sera en mode dégradé. La pédagogie est basée sur la manipulation d'objets, notamment en maternelle. S'il faut désinfecter les objets à chaque fois qu'un enfant en touche un, cela va être impossible." 

Paul Agard, représentant du SNUIPP en Indre-et-Loire est aussi très dubitatif sur ce protocole sanitaire, même provisoire. "Les masques pour les adultes et la distance d'un mètre avec les enfants... c'est assez mal connaître la vie d'un élève à l'école. Nous sommes assez inquiets sur l'impossibilité d'appliquer ces consignes." Il poursuit : "Sans entrer dans le débat de la reprise, c'est dans la pratique que ce protocole pose énormément de questions." 

Et pour les enfants en situation de handicap. Comment assurer la protection de leur accompagnant qui est toujours au contact de l'enfant ?
 

Les réponses de la rectrice d'académie

En audioconférence avec les médias ce jeudi midi, la rectrice de l'académie Orléans-Tours, Katia Béguin, a répondu à certaines interrogations : "Le volet sanitaire va primer dans le cadre du protocole mis en place pour la réouverture des établissements scolaires. Ce protocole est en cours, et va être officialisé cet après-midi. A partir de là, on verra ce qui est faisable ou pas."

Elle poursuit sur la possibilté d'appliquer le protocole sanitaire : "Une liberté d'appréciation va être laissée aux acteurs, mais les mesures générales restent les mêmes : masques FFP1 pour tout le personnel, prévision de masques pour les enfants si besoin, et gel hydroalcoolique, lingettes désinfectantes, en plus du savon, avec un approvisionnement chaque semaine pour qu'ils puissent être rassurés et se laver les mains."

Pour la reprise des cours, plusieurs possibilités :

Une alternance est possible pour les élèves entre la classe et chez ses parents : "L'enfant sera, par exemple, pendant une semaine en classe, et la semaine suivante chez ses parents, pendant que l'autre moitié du groupe est en classe. Si les parents n'ont pas de solution de garde, on fera en sorte qu'il puisse être accueilli en étude, ou dans un dispositif  Sport Santé Culture et Civisme," explique la rectrice. 

Enfin sur l'organisation de la restauration scolaire notamment, la rectrice se veut rassurante : "Nous laisserons une grande souplesse locale. Nous nous adapterons à chaque situation et nous nous reposerons sur les élus locaux". 

Entre 60 et 80 % des parents ne compent pas remettre leurs enfants en classe le 12 mai selon un sondage FCPE

Selon Céline Prier-Chéron du SNUIPP 28, dans un premier temps, les écoles vont accueillir un très petit nombre d'élèves. "Beaucoup de familles ont peur. On devait pouvoir les rassurer avec le protocole sanitaire. Mais ce n'est pas pour tout de suite."  Un ressenti confirmé par un sondage organisé par la FCPE, Fédération des parents d'élèves au niveau national qui révèle qu'"entre 60 et 80 % des parents ne compent pas remettre leurs enfants en classe le 12 mai." 

Les services académiques sont en train de recenser le nombre d'élèves susceptibles de retourner à l'école et au collège après le confinement, via des sondages auprès des parents. "Du nombre d'enfants qui seront présents le 12 mai, dépendra l'organisation sanitaire dans les écoles."

Christophe Pallier est le représentant de la FCPE dans le Loiret. Il constate : "Pour certaines familles, il est indispensable que les enfants retournent à l'école. Parfois parce que c'est à la cantine que les enfants peuvent faire un vrai repas par jour, parfois parce que les parents n'ont plus les moyens financiers de rester au chômage partiel. Les enfants réclament aussi de retourner à l'école pour retrouver une vie sociale. Il faut prendre tous ces éléments en considération." 

Mais il n'est pas question d'être tenu à l'écart pour les parents d'élèves. Dans le Loiret, la FCPE a obtenu du directeur académique qu'une commission d'hygiène et de sécurité vérifie le respect des conditions sanitaires, avant d'ouvrir une école. Dans les écoles, la commission comprend un parent d'élève, un représentant de la mairie, un délégué départemental de l'Education nationale et le directeur d'école. Pour les collèges, le comité d'hygiène est composé de 5 à 10 personnes avec notamment des parents d'élèves et des enseignants.  
 

 Plus de temps pour organiser l'accueil des élèves

"Dans mon école, on prendra les plus grands dans un premier temps. Il y a urgence à ne pas se presser, pour ne pas se louper," assure Céline Prier-Chéron du SNUIPP 28​​​​​​. "Il faut au moins reporter la date de rentrée du 12 mai pour les élèves. Nous n'avons que la journée du 11 mai pour organiser l'accueil des enfants, en étant nous-mêmes dans les écoles. Il nous faut plus de temps," complète Paul Agard en Indre-et-Loire

Pas de différenciation départementale pour les écoles 

Ce qui interroge les syndicats d'enseignants du premier degré, c'est aussi le fait qu'il n'y ait pas de différenciation départementale pour les écoles. "Pourquoi le fait d'être en département rouge ou vert n'a pas d'influence sur l'ouverture des écoles, mais cela en a sur l'ouverture des collèges? Notre volonté, c'est que l'ensemble des enfants et des adultes ne se mettent pas en danger, et qu'ils ne transmettent pas le virus quand ils rentrent chez eux", rappelle Céline Prier-Chéron du SNUIPP 28.

La rectrice s'est engagée, en comité technique, à fournir du matériel de protection. On m'a dit que les masques étaient arrivés. Mais on attend toujours le gel hydroalcoolique

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