Le Premier ministre Edouard Philippe l'a annoncé ce mardi devant l'Assemblée nationale. Les élèves de 6 ème et 5 ème devraient reprendre les cours avec un masque obligatoire à partir du 18 mai. Réactions des syndicats de parents, enseignants et agents territoriaux en Centre-Val de Loire.
Olivier Lelarge, responsable académique du SNES-FSU, syndicat des enseignants du second degré, a réagi juste après l'annonce du plan de déconfinement par Edouard Philippe devant l'Assemblée nationale ce mardi 28 avril.Pour nous c'est une décison économique. Le Gouvernement veut que les enfants qui ne peuvent pas se garder seuls retournent à l'école pour que les parents repartent travailler
"Des gamins qui sont perdus, on en a en 4ème, 3ème ou seconde. Si seuls les élèves de 6ème et 5ème repartent en cours, c'est pour que les parents puissent retourner travailler. "
Le sentiment que le Gouvernement navigue à vue
L'exaspération des syndicats vient en premier lieu des différentes déclarations des ministres et du Premier ministre qui se succèdent. Olivier Lelarge avait déjà commencé à travailler sur les annonces d'Emmanuel Macron et de Jean-Michel Blanquer."Les 6ème et les 5ème rentreront le 18 mai avec un masque, par groupes de 15 sur la base du volontariat. On dit stop! aux déclarations hasardeuses. Pour un déconfinement réussi, il faut des déclarations claires et un protocole sanitaire strict. On en est loin. C'est n'importe quoi. On en a ras-le-bol."
Même constat pour Gaelle Bouharati, représentante FCPE d'Eure-et-Loir : " Une fois de plus, le Premier ministre contredit le ministre. C'est usant. On a l'impression de marcher à vue. C'est une cacophonie pas possible. Déjà que le confinement est très anxiogène pour les parents..."
Un retour au collège le 18 mai avec un masque obligatoire
Olivier Lelarge est conseiller professionnel d'éducation dans un lycée professionnel à Montargis, dans le Loiret. Il connaît bien les adolescents. "Comment obliger un enfant de 11 ou 12 ans à porter un masque ? S'il arrive sans masque au collège, qu'on lui en donne un mais qu'il refuse de le mettre, que fait-on ? On le renvoie chez lui ?"Pour Gaelle Bouharati, représentante FCPE d'Eure-et-Loir, le port du masque doit être encouragé. "Nous avons fait un sondage auprès des parents d'élèves. Ils sont plus inquiets par les conditions sanitaires d'accueil de leurs enfants que par le port du masque. Beaucoup espéraient même qu'il soit obligatoire. Certains parents m'ont dit qu'ils entrainaient leurs enfants à en porter avant leur retour au collège. Cela peut être gérable si le port est anticipé en famille."
Les gestes barrières difficiles à respecter au collège
Olivier Lelarge du SNES-FSU craint que les mesures de distanciation sociale soient impossibles à faire respecter au collège. "Les élèves ne se seront pas vus depuis deux mois. Comment éviter les contacts ? Qu'est-ce qui se passe s'il y a une bagarre? Doit-on intervenir pour les séparer au risque d'être contaminé ? Si on n'intervient pas et que l'un des élèves est blessé, nous sommes responsables. Se pose alors la responsabilité des adultes qui accueillent les élèves au collège. "Quand le Premier ministre parle de groupes de 15 élèves, le représentant syndical est circonspect. "Même à 15 dans une classe, comment faire un cours avec un masque ? Comment vérifier l'exercice d'un élève sans s'en approcher ou prendre sa copie ? Comment mener des travaux pratiques en sciences? Comment éviter que les élèves se passent une gomme, une règle ? La classe n'est faite que d'interactions entre les élèves et l'enseignant. "
Quant au retour des enfants sur la base du volontariat : " On sait bien que ce ne sont pas les élèves les plus en difficulté qui vont revenir au collège. "
La protection des agents territoriaux en question
Le retour des élèves au collège ne peut se faire que grâce au travail des agents territoriaux chargés de nettoyer les locaux et d'assurer la restauration scolaire. Mais se pose mais la question des moyens humains mobilisables." Pour la restauration, le conseil départemental du Loir-et-Cher a décidé du service à l'assiette pour les élèves. Ce qui est plutôt bien. Reste le problème de la plonge qui n'est pas réglé. "
Philippe Declerck est représentant CGT des agents territoriaux du Loir-et-Cher. Le département compte 225 agents pour 27 collèges.
"Le problème, c'est que beaucoup d'agents sont des femmes de plus de 52 ans qui ont souvent des problèmes de santé et qui sont plutôt vulnérables. Là, elles vont avoir plus de travail de désinfection des locaux, des sanitaires, des classes. Est-ce qu'on va avoir assez de personnel disponible ? Je n'en suis pas certain. "
Une question que se posent aussi les parents d'élèves d' Eure-et-Loir : " "On va avoir un problème de moyens humains pour encadrer les élèves, assurer la restauration scolaire et nettoyer les locaux. La solution est de fixer selon les effectifs et les moyens de protection quelle est la capacité maximale des établissements," explique Gaelle Bouharati de la FCPE 28.
La protection des agents territoraux est la préoccupation principale de leurs syndicats :
"Travailler oui mais sans protection non. C'est ce que nous disons depuis le début. Et on voit bien qu'on n'a toujours pas de masques, de surblouses et assez de gel hyroalcoolique pour nos agents dans les collèges. Les commandes doivent arriver. Nous verrons quand elles seront là si elles sont suffisantes", confie Philippe Declerck, élu CGT des agents territoriaux du Loir-et-Cher.
Besoin de plus de temps pour s'organiser
Quel protocole de désinfection? Comment vont faire les agents territoriaux ? Doivent-ils désinfecter les locaux tous les jours ? Pour Olivier Lelarge du SNES-FSU, ce plan de déconfinement pose plus de questions qu'il n'y répond."Ce qu'on demande c'est plus de temps. Il nous faut un protocole sanitaire précis qu'on pourra organiser à partir du 11 mai. Nous avons besoin de travailler ensemble dans les établissements avec les collègues pour accueillir les élèves dans de bonnes conditions et ne pas mettre en danger le personnel. Le très vite c'est l'ennemi du bien."
Et il ajoute, inquiet : "En plus, on ne sait pas dans quel état psychologique on va récupérer les élèves. Deux mois de confinement c'est long et nous ne sommes pas préparés à répondre à leurs questions et leurs angoisses. "
Philippe Declerck, représentant CGT des agents territoriaux du Loir-et-Cher déplore : "Quand on voit le nombre de jours de classe qui restent jusqu'aux vacances, on se demande bien à quoi cela sert de prendre ces risques".
Pour Gaelle Bouharati de la FCPE 28 : " Il faudrait destructurer les classes, organiser des groupes de niveau pour les 6ème et les 5 ème avec des enseignants qui assurent les classes au collège et les autres qui assurent les cours à distance. Il faut que les parents soient impliqués dans le processus de mise en place du protocole sanitaire. "
Les autres élèves du secondaire devraient rentrer début juin
Les élèves de 4ème, 3ème et lycée pourraient retourner en classe début juin. Le Gouvernement doit en décider fin mai.Pour les parents d'élèves et les enseignants, il reste le problème de l'oral de français qui est maintenu : "Entre la différenciation selon les départements et le retour au lycée sur la base du volontariat, ce bac de français se tiendra de façon inéquitable. Il faut absolument que cet oral soit annulé," conclut Gaelle Bouharati de la FCPE 28