Pour éviter les risques liés au surdosage et à l'automédication, plusieurs molécules, dont le paracétamol et l'ibuprofène, ne sont plus disponibles en vente libre à partir de ce mercredi 15 janvier.
Vous ne trouverez plus d'aspirine, de paracétamol ou d'ibuprofène en vente libre dans les rayons de votre pharmacie à partir de ce mercredi 15 janvier. Même si ces médicaments très répandus restent vendus sans ordonnance, il seront désormais rangés derrière le comptoir, et il faudra les demander à votre pharmacien.
L'objectif de cette mesure est d'éviter les effets secondaires liés aux mauvais dosages, et de renforcer "le rôle de conseil du pharmacien auprès des patients qui souhaitent en disposer sans ordonnance", d'après l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). Cette décision prise en décembre concerne les médicaments contenant du paracétamol (Doliprane, Efferalgan, etc.), ainsi que certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS): ceux à base d'ibuprofène (comme le Nurofen ou l'Advil) et l'aspirine.
Les risques de l'automédication
Ces médicaments sont les plus utilisés en automédication comme anti-douleurs ou contre la fièvre chez les adultes et les enfants, selon l'ANSM. Jusqu'à présent, ils pouvaient être vendus en accès direct, le client se servant soi-même dans les rayons de la pharmacie. Toutefois, dans les faits, nombre de pharmaciens ont déjà choisi de les placer derrière leur comptoir, avant même la décision de l'ANSM.Les anti-inflammatoires à base d'ibuprofène et de kétoprofène, les plus vendus en France, pourraient favoriser des complications infectieuses graves, selon les résultats obtenus après presque 20 ans de recherche menée notamment par le centre de pharmacovigilance de Tours et celui de Marseille. De 2000 à 2018, "337 cas de complications infectieuses dont 32 décès ont été répertoriés pour l'ibuprofène et 46 cas dont dix décès avec le kétoprofène", explique le Dr Philippe Vella, directeur des médicaments antalgiques à l'ANSM.
Pris à des doses trop élevées, le paracétamol quant à lui peut provoquer de graves lésions du foie, qui peuvent nécessiter une greffe, voire être mortelles. Fin 2017, une jeune femme, Naomi Musenga, était morte après avoir été raillée au téléphone par une opératrice du Samu de Strasbourg, ce qui avait provoqué une grosse vague d'émotion en France. Selon l'enquête, cette mort était "la conséquence d'une intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours".
"Surdosage = danger"
Pour un adulte sain de plus de 50 kilos, la dose maximale de paracétamol est de 3 grammes par 24 heures, en ne dépassant pas 1 gramme par prise avec un espace d'au moins 6 heures entre chaque prise. En outre, la durée maximale de traitement recommandée est de "3 jours en cas de fièvre, 5 jours en cas de douleur, en l'absence d'ordonnance", rappelle l'ANSM.En juillet 2019, le gendarme du médicament a décidé que l'avertissement "surdosage = danger" devrait désormais figurer sur les boîtes de paracétamol. De leur côté, les AINS "sont notamment susceptibles d'être à l'origine de complications rénales, de complications infectieuses graves et sont toxiques pour le foetus en cas d'exposition à partir du début du 6e mois de grossesse", selon l'ANSM.
L'ANSM envisage également qu'une "fiche d'information" soit remise au patient par le pharmacien lors de la délivrance du médicament. Là encore, la décision sera prise au terme d'une phase contradictoire auprès des labos.