Service civique dans une association LGBT : "la mission est quand même un peu particulière"

Le GAGL45 lance sa campagne de recrutement pour deux services civiques à partir d'octobre. Les associations LGBT, qui s'adresse à un public parfois confronté à un vécu traumatique, s'adaptent pour encadrer les jeunes volontaires. 

"On lance tout juste notre campagne de recrutement, pour la sixième fois. Cette année, on repart avec deux volontaires, du 1er octobre au 30 juin", amorce Christophe Desportes-Guilloux, secrétaire du Groupe d'Action Gay et Lesbien du Loiret. Créé en 2010, le dispositif du service civique permet à des jeunes entre 16 et 25 ans de s'engager pour une mission d'intérêt général dans plusieurs domaines dont l'éducation, la solidarité, la santé ou encore l'environnement.
 

Besoin de renforts


Au GAGL45, la première mission du service civique est de participer aux interventions en milieu scolaire. "C'est essentiel pour répondre à la demande. On nous en demande de plus en plus : l'année dernière, on a rencontré plus de 4000 élèves. Les interventions sont faites par un service civique et un bénévole car on essaie d'avoir le plus de mixité possible : d'âge, de genre, d'orientation sexuelle, d'origines éventuellement..."
 
L'intervention scolaire fait aussi partie de ce qu'on attend du service civique au Centre LGBTI de Touraine, qui n'en recrutera qu'un parmi plus de 30 dossiers reçus. "Il est en appui de l'ensemble des activités de l'association, dont la lutte contre les discriminations avec par exemple la tenue de stands d'information à l'université" confirme Mickaël Achard, co-président de l'association. 

Autre affectation : les centres LGBT ont besoin de renfort à l'accueil. "C'est lié à l'augmentation de la fréquentation de notre local. Jusqu'à présent, on a un salarié qui accueille et qui reçoit les gens en entretien. Anthony, notre salarié, doit parfois les interrompre pour renseigner les gens qui arrivent ou les faire patienter. Donc l'autre mission des volontaires, ce sera de s'occuper du point accueil supplémentaire qu'on a aménagé" explique Christophe Desportes-Guilloux. 
 


Un service civique, pas une "psychothérapie"


Mais cette mission a des limites, dans des locaux qui peuvent régulièrement accueillir des personnes venues partager un vécu traumatique. Au GAGL45, les services civiques ne recevront pas en entretien à bureau fermé. "Ce n'est pas leur vocation.  On est attentifs à ce que la mission, qui est quand même un peu particulière, ne mette pas le jeune ou la jeune en danger" appuie le secrétaire de l'association. 

Si le premier critère de recrutement est la motivation, le GAGL fait à l'entretien une vérification sensible. "Si la personne est elle-même en difficulté quant à son genre ou son orientation sexuelle, on lui explique que ce n'est sans doute pas encore le moment pour elle de faire un service civique sur nos fonctions. On ne veut pas les mettre face à des personnes qui vont mal et qui viennent au local, ou face à des élèves qui peuvent quand même être parfois durs. Que les gens ne fassent pas un bénévolat au GAGL à la place d'un travail sur eux-mêmes ou d'une psychothérapie."

Un pré-requis qui se montre aussi nécessaire lors des interventions en milieu scolaire, ou certains élèves peuvent se montrer "assez durs", ou très curieux de la vie intime des intervenants. "Il faut qu'on puisse répondre tranquillement, être à l'aise avec notre façon de dire notre vie."
 

Formations, tuteurs : des volontaires bien encadré


Au centre LGBTI de Touraine aussi, on veut préparer au mieux les volontaires. "Bien sûr, on ne va pas dire au jeune : "Allez hop, débrouille-toi", plaisante Mickaël Achard. On a une formation de rentrée pour tous les bénévoles, assez large et dédiée aux discriminations et aux thématiques LGBTI." En décembre, ils participent également à une formation annuelle qui concerne l'accueil des personnes isolées et l'entretien individuel. Un débrief est prévu après chaque permanence. 

Outre la formation, deux personnes encadrent le volontaire tout au long de sa mission. "Moi je suis plutôt là pour le suivi des actions, et l'aider dans ses missions, éclaire Romane Gousset-Guillot, seule salariée du Centre. Le tuteur, lui, va faire un bilan hebdomadaire pour savoir comment le volontaire se sent dans l'association, est ce qu'il y a des choses à améliorer..."

Malgré ces précautions à prendre, les associations se rejoignent pour souligner le rôle essentiel des services civiques qui leurs prêtent main-forte. "C'est important de les aider à acquérir des connaissances et des compétences, nos missions sont si différentes que ça peut aiguiller les services civiques sur ce qu'ils veulent faire plus tard. Et pour nous, c'est vraiment d'une très grande aide, mesure Romane Gousset-Guillot. Tout ce que le volontaire peut faire, on en est contents."
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