"Situation relativement inquiétante" : entre inflation et pénuries, les associations d'aide alimentaire en tension

Avec l'inflation et les pénuries dues à la guerre en Ukraine, les associations craignent de ne pas pouvoir faire face à une demande de plus en plus importante. Dans le Cher, on estime que la situation est "relativement inquiétante".

Plus les jours avancent, plus l'inflation fait peur aux bourses, que ce soit celle de Paris ou du consommateur. Selon l'Insee, les prix ont augmenté de 4,5% entre mars 2021 et mars 2022, contre 1,5% en janvier. Et la tendance n'a pas prévu de s'inverser : la hausse pourrait dépasser les 6% dès le mois de juin. 

De quoi peser sur la consommation des ménages, notamment les plus modestes. "Le reste à vivre est de plus en plus faible pour de nombreux travailleurs pauvres", alerte ainsi Patrice Doucet, président des Restos du Cœur, qui redoute dans les colonnes du Point un accroissement spectaculaire du nombre de bénéficiaires.

Augmentation plus forte que prévue

En Centre-Val de Loire, selon les associations et les lieux de distribution, la situation est fluctuante. À Tours, Thierry Fontaine note que, pour l'instant, "on n'a pas trop de retours des personnes sur l'impact de l'inflation". Vice-président des Restos du Cœur d'Indre-et-Loire, il se souvient avant tout d'une augmentation du nombre de bénéficiaires lors de la crise sanitaire, ainsi qu'un "changement de population" : "On a eu plus de personnes seules, monoparentales, qui avaient des petits boulots et qui n'en ont plus, qui sont du jour au lendemain passées sous le seuil de vie correcte.

Alors les Restos du 37 avaient anticipé que l'inflation pourrait entraîner une hausse de la demande, comme à l'association de distribution d'aide alimentaire (ADAA) du Cher. Selon son directeur, Marc Anardi, "nous avions prévu une augmentation mais elle a été accrue". Notamment avec l'arrivée de 65 familles venues d'Ukraine, prises en charge en collaboration avec la ville de Bourges. Le surplus de demandeurs est "relativement inquiétant" (environ 20% de plus depuis le début de l'année), estime-t-il, assurant travailler avec le CCAS, la ville et le député François Cormier-Bouligeon pour trouver des solutions. 

À Orléans, la Banque alimentaire affirme aussi que "la fréquentation a légèrement augmenté", ce qui ne se ressent finalement que peu dans la distribution en soit. Car, comme l'explique l'administratrice de la Banque Alimentaire du Loiret, "les associations de distribution devaient déjà limiter le nombre de personnes" servies avant même l'arrivée de l'inflation. Par manque de moyens, d'espaces de stockage, ou encore de capacité logistique. "On ne peut pas leur demander de distribuer plus", complète-t-elle.

Moins de bénévoles et de denrées

Le manque de moyens effraie aussi l'Association de Distribution de l'Aide Alimentaire (ADAA) du Cher. Car, pendant que les bénéficiaires s'accumulent devant les portes du centre, l'organisation des distributions, elles, se complique. Avec l'inflation du prix des carburants, Marc Anardi dit avoir perdu 25% de ses bénévoles :

Les gens qui habitent loin ne peuvent plus se le permettre, le bénévolat passe de travail gratuit à travail qui coûte, et ce sont souvent des gens qui ne sont pas très aisés.

Marc Anardi, directeur de l'Adaa à Bourges

Dernier problème : les denrées collectées elles-mêmes se raréfient : un tiers en moins selon l'association. La faute à une stratégie de "flux-tendu dans les grandes surfaces", selon le directeur : "Avant, on récupérait les produits à trois jours de leur péremption, maintenant ils les mettent en tête de gondole" à prix cassé.

Il note également "la disparition de certains produits" des rayons, comme l'huile de tournesol. À plus long terme (d'ici à l'automne), la Banque alimentaire du Loiret craint carrément la pénurie. "Il y a un certain nombre de lots qui manquent ou vont manquer, comme le couscous, le café, un certain nombre de plats préparés, du steak haché surgelé", liste Monique Fantin. Pour elle, ce n'est "pas un manque d'argent public", simplement un manque de denrées à pouvoir acheter avec.

Marc Anardi, bien qu'inquiet, estime que "les cartes ne sont pas dans nos mains, ni celles de la municipalité, du conseil départemental ou de la région". Selon lui, seule la politique au niveau national pourra venir en aide à la fois aux plus pauvres et aux associations.

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