La secrétaire d'État Sarah El Haïry a affirmé sur le plateau de France 3 que le président de la République Emmanuel Macron n'avait à aucun moment exprimé la volonté d'un Service national universel (SNU) obligatoire. Une affirmation rapidement contredite sur les réseaux sociaux même si, en pratique, c'est un peu plus compliqué que cela.
Invitée de l’émission Dimanche en politique le 30 avril face au militant écologiste et ancien candidat aux législatives EELV Noé Petit, la secrétaire d'Etat en charge du Service national universel (SNU), Sarah El Haïry, a affirmé sur le plateau de France 3 Centre-Val de Loire : "Le Président n’a à aucun moment exprimé que le SNU est obligatoire". Une déclaration qui a suscité de nombreuses réactions contredisant son propos dans les heures qui ont suivi.
En effet, comme l'ont remarqué un certain nombre d'utilisateurs sur le site à l'oiseau bleu, le SNU obligatoire était inscrit au programme du candidat Emmanuel Macron dès l'élection présidentielle de 2017. En revanche, précision utile, le dispositif actuel diffère de la version préconisée par E.Macron quand il était candidat, qui s'approchait davantage d’une immersion au sein même des armées.
Avant même sa mise en place, ce service national n'a guère cessé d'être sous le feu des critiques. D'abord sur le principe lui-même, certains voyant dans l'institution une militarisation de la jeunesse, mais aussi désormais sur des questions beaucoup plus concrètes. Dans les Hautes-Alpes, un bivouac du SNU a viré au cauchemar avec une quinzaine de jeunes hospitalisés, et dans la Marne, une enquête pour agression sexuelle sur une adolescente par un encadrant a été ouverte par le parquet.
Sur la base du volontariat, mais jusqu'à quand ?
Instauré en 2019 sur la base du volontariat, le Service national universel propose à des jeunes âgés de 15 à 17 ans de réaliser à l’extérieur de leur département un service civil citoyen. Les adolescents, logés en internat durant une dizaine de jours, participent à des activités encadrées par des animateurs issus de la sphère enseignante, associative ou encore des rangs de l’armée. La levée des couleurs et la Marseillaise font d’ailleurs parties intégrantes du programme.
Alors, le SNU est-il obligatoire ? "Non, mais il a vocation à le devenir". C’est en tout cas ce que confirme le ministère de l’Education nationale dans un rapport publié en décembre 2022 et dévoilé sur le site de France Info. Dans ce document de travail, " le ministère souhaite rendre le SNU obligatoire dans six départements, avant d'élargir l'expérimentation". La proposition appuyée par la Première ministre Elisabeth Borne le 26 avril dernier avance " une généralisation à terme du dispositif".
Une mise au point précipitée sur le site du SNU
En revanche, sur le site gouvernemental dédié au SNU, une clarification a visiblement été nécessaire. Ce 2 mai dans la matinée, la section questions/réponses du site affichait encore que les deux phases du SNU avaient " vocation à devenir obligatoire pour l'ensemble d'une classe d'âge", mentionnant toutefois que pour l'instant, ces missions s'exerçaient sur "la base du volontariat".
Difficile de savoir quand la modification est intervenue, mais depuis au moins 15h ce 2 mai, le site indique uniquement : " Le SNU n’est pas obligatoire. L’inscription au séjour de cohésion (phase 1) et à la mission d’intérêt général (phase 2) s’effectue sur la base du volontariat."
A l’avenir, les 15-17 ans seront-ils dans l’obligation de participer au SNU? Ou bien auront-ils la possibilité de se porter volontaires comme c’est le cas actuellement ? Le chef de l'Etat devrait trancher d'ici à 2024. De son côté, le ministère de l’Education nationale étudie l’hypothèse d’un "SNU incitatif" avec notamment une formation au permis de conduire offerte pour tout SNU réalisé. 800 000 jeunes pourraient être concernés chaque année.