L'Assemblée nationale a largement approuvé l'accord de sécurité entre la France et l'Ukraine ce mardi 12 mars. Seuls les communistes et les insoumis ont voté contre, quand le RN s'est abstenu.
Le soutien est sans appel. Ce mardi 13 mars, l'Assemblée nationale a largement approuvé l'accord de sécurité signé entre Paris et Kiev le 16 février et ce malgré l'opposition de LFI et du PCF, et l'abstention du RN.
Les députés ont voté par 372 voix contre 99 en faveur de la stratégie française d'aide à l'Ukraine, avec l'aval des partis de la majorité, de LR, du PS et des écologistes lors d'un scrutin non contraignant.
"On soutient l'ensemble des démocraties"
La stratégie de la majorité présidentielle était claire : la condamnation de toute position déviant du vote pour. "S'abstenir c'est fuir", et voter contre c'est "tourner le dos à notre histoire", a ainsi asséné le Premier ministre, Gabriel Attal, en insistant sur les risques "concrets" et "tangibles" que ferait peser une victoire russe sur le quotidien des Français.
L'ensemble des députés de la majorité (Renaissance, MoDem et Horizons) présents ont approuvé le texte, à l'exception de l'élue MoDem Estelle Folest, qui s'est abstenue. "On ne soutient pas uniquement un peuple martyrisé, on soutient l'ensemble des démocraties, donc le soutien à l'Ukraine est indispensable", détaille Luc Lamirault, député Horizons d'Eure-et-Loir, joint par France 3.
À droite, soutien également du patron des députés LR, et élu d'Eure-et-Loir, Olivier Marleix. "Notre responsabilité évidente est d'apporter un soutien sans faille au peuple ukrainien pour faire face à la machine de guerre russe", a-t-il lancé devant l'Assemblée ce mardi. Car, selon lui, "si la Russie n'a pas gagné, elle n'a ni fléchi, ni renoncé à ses ambitions".
"Livrer des armes oui, envoyer des troupes non"
À gauche, Charles Fournier, élu écologiste de Tours, a également voté pour. "Il faut envoyer un signal et créer les conditions d'un rapport de force avec la Russie, explique-t-il. L'Ukraine peut perdre, et ce serait une catastrophe. Donc, il faut permettre le rapport de force avec Poutine, qui est sans limite."
Seulement, comme une bonne partie de l'opposition, le député écologique dénonce "le contenu assez ambigu de l'accord", et le discours "va-t-en-guerre pas satisfaisant" déployé par Emmanuel Macron. Celui-ci ayant n'ayant pas écarté la possibilité d'envoyer des troupes au sol sur le terrain. Livrer "des armes, oui, des troupes au sol, non, évidemment", a également soutenu Olivier Marleix. "Ce dont l'Ukraine a besoin, ce ne sont pas des mots du président de la République, mais d'obus", a-t-il ajouté, militant pour l'envoi de "plus de matériel".
Du côté de l'extrême droite, le groupe parlementaire RN s'est unanimement abstenu. Le député du Loiret Thomas Ménagé dénonce "le risque d'une escalade" avec la Russie. Il fustige aussi l'idée d'une "dissuasion active", inscrite dans l'accord entre Paris et Kiev, qui reviendrait selon lui au "prépositionnement d'armes nucléaires". Le texte fixe également comme objectifs les adhésions de l'Ukraine à l'Union européenne et à l'Otan. "Ça mettrait de l'huile sur le feu", considère l'élu loirétain.
Ne souhaitant pas "donner un blanc-seing à Emmanuel Macron", le RN n'a cependant pas voté contre le texte. "On partage la volonté de soutenir l'Ukraine, et de condamner la Russie qui a attaqué un état souverain."
"Aucune perspective de paix"
Seuls les groupes communistes et La France insoumise (et parmi eux, le député PCF du Cher, Nicolas Sansu) ont voté contre à l'unanimité. Chez LFI, Arnaud Le Gall a dénoncé un président Macron "va-t-en-guerre" et "boutefeu". "La France n'a pas à s'enfermer dans un camp occidental, atlantiste", a-t-il grincé, en s'opposant à tout élargissement de l'Otan et de l'Union européenne à l'Ukraine. L'accord de sécurité ne "trace aucune ligne rouge, aucune perspective de paix et participe à l'escalade", a abondé le chef du parti communiste, Fabien Roussel.
À trois mois des élections européennes, alors que l'extrême droite caracole dans les sondages, l'aide à l'Ukraine est devenue un des thèmes clés de la campagne. "C'est un peu un piège ce débat. On mesure bien que le président le pose pour se retrouver en face-à-face avec le RN", estime Charles Fournier, député écologiste de Tours. "D'une certaine manière, c'est une manœuvre pour qu'il y ait les pour l'Ukraine d'un côté, et les contre l'Ukraine de l'autre."
Le président de la République Emmanuel Macron s'exprimera sur l'Ukraine ce jeudi 14 mars, dans les journaux de 20h de France 2 et de TF1.