Depuis hier soir, déjà huit personnes ont répondu à l'offre de Cyril Dodin, gérant d'un hôtel place de la Résistance à Tours. Médecins, infirmiers, brancardiers... Ils peuvent chacun occuper librement une chambre jusqu'à la fin du confinement. Il en reste encore 13 de disponibles.
Joint par téléphone ce mercredi après-midi, Cyril Dodin, gérant de l'Hôtel Mondial à Tours était très ému. "L'annonce que j'ai publiée sur Facebook a bien marché. Depuis hier soir, j'ai six personnes qui dorment dans mon hôtel. Deux femmes viennent de m'appeler pour ce soir et il reste encore treize chambres."Je suis chef d'entreprise mais je suis aussi humain.
Parmi les personnes qui se sont manifestées, un médecin, un brancardier, un infirmier et un couple dont l'enfant est hospitalisé au centre hospitalier Clocheville de Tours.
"Un médecin dormait depuis 3 jours sur un brancard"
"Le plus souvent, ce sont des gens qui ne veulent pas rentrer chez eux pour ne pas risquer de contaminer leur famille", explique le gérant. Mais il y a aussi un médecin qui dormait depuis trois jours sur un brancard parce que sa voiture était en panne et que les horaires de bus ne correspondaient pas à ses horaires de travail."Cyril Dodin reçoit beaucoup d'appels. "Je viens d’accueillir en plus une étudiante infirmière qui est réquisitionnée par l'hôpital Trousseau, raconte-t-il. Elle fera de la garde d'enfants à domicile. Elle a peur de contaminer sa grand-mère chez qui elle vit. Il y a aussi une femme seule dont l'enfant est opéré du cœur demain."
"Autant que ça serve à ceux qui travaillent pour sauver des vies"
Au départ, Cyril Dodin comptait proposer ses chambres aux femmes victimes de violence et à leurs enfants : "au début du confinement, j'ai tout de suite pensé à elles. Je voulais leur offrir une solution d'urgence. Mais en me renseignant, j'ai compris que je ne pouvais pas leur assurer la sécurité dont elles avaient besoin."C'est là qu'il est tombé sur une annonce d'une personne à Saint-Malo qui prêtait son appartement aux soignants. "Je me suis dit que c'était ça qu'il fallait faire. Mon hôtel est vide depuis 10 jours. On a le droit d'ouvrir mais personne ne vient, alors autant que ça serve à ceux qui travaillent pour sauver des vies. "
Le gérant de l'hôtel a alors publié son annonce sur Facebook.
Des mesures de sécurité sanitaire strictes
Cyril Dodin vit avec son mari et sa petite fille de 4 mois dans l'hôtel. "Je ne veux pas nous mettre en danger, souligne-t-il. Ceux qui occupent les chambres les gardent jusqu'à la fin du confinement. Je ne fais pas le ménage. Et je n'ai plus de personnel. Tous les employés sont au chômage partiel."Il tient à préciser que "les personnes prennent soin de leur chambre comme si c'était leur appartement. Elles ont juste accès à une petite cuisine où elles peuvent aller une par une."
Mais le gérant est conscient de la situation sanitaire : "je sais que je prends des risques mais j'ai tellement envie de montrer qu'on peut faire des choses bien".
"Il faut que quelque chose de bon ressorte de cette période"
Au-delà de prêter des chambres, Cyril Dodin vit une aventure humaine extraordinaire. "Bien sûr je souffre de difficultés financières. Je n'aurai aucune réservation jusqu'à la fin du confinement. Mais je suis tellement content de pouvoir aider."Et d'ajouter : "j'aimerais qu'après tout ça, les gens se réveillent et qu'il y ait plus de solidarité. Il faut qu'il y ait quelque chose de bon qui ressorte de toute cette période."
Il reste encore 13 chambres à l'Hôtel Mondial pour les soignants mais aussi les parents des enfants hospitalisés à l'hôpital Clocheville de Tours
La Maison d'accueil des parents du centre hospitalier est en effet fermée. "J'ai accueilli un couple de parents d'un enfant en réanimation à Clocheville qui dormait dans la voiture à tour de rôle. C'est hallucinant. Maintenant ils peuvent dormir dans un lit propre, proche de leur enfant hospitalisé."