Trois inventions astucieuses pour se protéger du coronavirus nées en Centre-Val de Loire

Si rien n’est plus efficace que le port du masque, le respect des distances sanitaires et le lavage des mains pour se prémunir d’une contamination au Covid-19, des entreprises du Centre-Val de Loire ont aussi imaginé des objets innovants pour nous aider à respecter les gestes barrières.

Depuis le début de la crise sanitaire, la lutte contre le coronavirus a fait émerger de nombreuses initiatives de particuliers, d’entreprises et de collectivités pour aider la population et le personnel soignant à se protéger de l’ennemi invisible. Il y a d’abord eu la fabrication de masques grand public menée de front par les couturiers et couturières, suivie de près par la communauté des "makers" et leur fabrication massive de visières de protection sur imprimante 3D.

A l’heure du déconfinement, de nouveaux besoins émergent et encouragent la créativité de plusieurs entreprises de notre région qui se sont lancées dans la création d’objets pour faciliter notre quotidien quelque peu chamboulé.

Un distributeur de gel hydroalcoolique "made in Loiret"

Dans le groupe AFUME spécialisé en mécanique de précision, une idée a germé après des échanges avec les commerçants de Jargeau (Loiret), où l’entreprise est implantée. "Beaucoup d’entre eux se rendaient compte que les clients ne se désinfectaient pas forcément les mains en entrant dans les magasins quand les bidons de gel hydroalcoolique étaient posés sur un support", explique Valentin Lizé le directeur général. "Souvent ça glisse, on n’ose pas le toucher avec les mains et du coup, on ne l’utilise pas. Donc on s’est dit : on va lancer notre propre borne."

L’entreprise a donc créé un distributeur avec pédale qui peut s’installer dans tous les espaces publics. Il se recharge par l’avant, est cadenassé pour dissuader d’en voler le précieux liquide, et est entièrement en inox afin de répondre aux normes des secteurs alimentaire et médical.

On l’a également conçu de manière à ce que cela puisse accueillir n’importe quel type de bidon, parce que les commerçants ont des flacons de différentes marques et de différentes quantités, donc on a voulu faire quelques chose qui soit le plus polyvalent possible.


Afin d’équiper les commerçants dès le 11 mai, date du déconfinement, la conception et la réalisation de la première borne s’est faite en un temps record : 24 h seulement : "On a travaillé tout un week-end pour la sortir à temps", raconte Valentin Lizé. Un véritable défi pour cette entreprise qui travaille habituellement pour les secteurs de l’armement, la cosmétique, l’automobile et l’agro-alimentaire : "On ne fait pas ce type de machines, donc on a dû s’adapter (…) Tout de suite, on a mis les outils en place."

Les 5 prototypes de départ ce sont immédiatement vendus et 30 nouvelles bornes sont actuellement en fabrication. Les commandes affluent de la grande distribution, mais aussi de centrales d’achats et de groupes industriels. L’entreprise de 42 salariés a même reçu une demande de 5000 pièces : "Si on a cette commande, on s’adaptera et on embauchera en plus des intérimaires. Vu qu’il y a beaucoup d’intérimaires en ce moment qui ont perdu leurs missions, si on peut recréer en plus un peu d’emploi en local, ce sera avec plaisir."
 

Les bornes de distribution de gel hydroalcoolique ont déjà permis à la société AFUME de lever le chômage partiel mis en place durant le confinement. Même si la production n’y a jamais été stoppée, l’arrêt des commandes provenant de l’aéronautique et de l’automobile lui avait fait perdre la moitié de son activité : "On compte pérenniser cette production tant qu’il y aura de la demande. On pense vraiment que ça va devenir une norme."

Le PATOUCH, pour ne rien toucher avec les mains

A Blois (Loir-et-Cher), le responsable d’une entreprise spécialisée en communication et graphisme a fait un constat au cours de ses activités quotidiennes de confiné : "En allant faire mes courses, j’étais un petit peu traumatisé par le fait d’ouvrir des portes de frigo, d’utiliser des sanitaires publics etc..", se remémore Laurent Mercier, le patron de la société IDAIX.

Il a alors imaginé un petit objet polyvalent qui permettrait de ne plus avoir à toucher les surfaces potentiellement contaminées par le Covid-19. En 7 heures à peine, Laurent Mercier a créé et produit le premier PATOUCH, un petit rectangle de plastique aux découpes étranges, mais dont chacune a une fonctionnalité. Le Patouch permet de taper son code de carte bleue sur les terminaux bancaires et les distributeurs automatiques, d’allumer un interrupteur, d’appuyer sur une chasse d’eau, un bouton d’ascenseur, un digicode, d’ouvrir un réfrigérateur de supermarché, des tiroirs, des armoires ou encore de verrouiller ou déverrouiller un loquet de sanitaires. "Ce n’est pas un objet miraculeux, il sert simplement à positionner nos mains en second plan quand on va dans des lieux publics ou des environnements professionnels", explique le chef d’entreprise.
 
Inventé il y a à peine une semaine, le succès du Patouch est déjà impressionnant. 2000 exemplaires ont été vendus auprès d’entreprises, et Laurent Mercier a été approché pour près de 4000 commandes supplémentaires. Après deux mois d’inactivité et la baisse de 60% de son chiffre d’affaires, cet engouement pour son invention est une aubaine. Mais le patron, et seul salarié de sa petite entreprise, se retrouve aussi, paradoxalement, un peu dépassé : "Je vais être obligé de me faire aider par des partenaires locaux pour la production", explique Laurent Mercier. "Il y a une demande qui dépasse largement ce que j’avais projeté. Je n’imaginais pas un tel succès. Maintenant il faut gérer ce succès avec méthode."

Commercialisé dans une petite pochette transparente avec sa notice, le Patouch n’est pour l’instant disponible à la vente que pour les entreprises à raison de 25 unités. Mais Laurent Mercier étudie déjà la possibilité de proposer l’objet aux particuliers et idéalement en pharmacie. Il s’attend cependant à une période de vente assez courte : "Je ne crois pas beaucoup aux réflexes hygiéniques que nous avons tous aujourd’hui. Je pense que quand on sera sorti du Covid, on va oublier ces reflexes barrières", déplore-t-il.

Une ouvre-porte main libre

A l’inverse, en Indre-et-Loire, une entreprise est convaincue que la crise du coronavirus va amener un certain nombre de changements dans la société, "dans notre façon d’être, de nous comporter", détaille Alexandre Chaverot, le président directeur général d’Avidsen. Spécialisée dans les solutions domotiques, cette société tourangelle conçoit habituellement des capteurs et des actionneurs pour le résidentiel, mais également pour les espaces de travail.

Avec la crise sanitaire, il est donc devenu évident pour le patron que le bureau de demain va devenir "mains libres" : "Les collaborateurs vont naturellement vouloir éviter de toucher un certain nombre de surfaces à l’intérieur du bureau … et la première d’entre elles, c’est la poignée. (..) Dans la plupart des bureaux, vous avez des poignées, dans les salles de réunion aussi, et chacun saisit cette poignée-là. Donc vous avez potentiellement un lieu de contamination qui est quand même relativement important."

Avidsen a ainsi imaginé une ouvre-porte main libre, une solution à destination des lieux sensibles à la sécurité sanitaire tels que les écoles, les centres médicaux, les hôtels, et autres entreprises: "C’est bête comme tout !", explique Alexandre Chaverot. "C’est 2 pièces et 4 vis. Vous vissez ça à la poignée et vous utilisez soit votre coude soit votre avant-bras pour pouvoir ouvrir la porte."
 

Un outil très simple et donc bien loin donc des solutions technologiques habituellement élaborées par l’entreprise : "On est drivé par le « time to market » comme on dit - le délai de sortie du produit - et quand vous appliquez un peu de domotique et d’électronique, ça prend un peu de temps. Donc ça, c’est un produit relativement simple, facile à sortir et qui fait le job."

En parallèle, Avidsen planche déjà sur d’autres projets pour réduire encore les contacts avec les surfaces au sein des entreprises : "On a aussi une réflexion à mener sur les machines à café et tous les outils qui sont en partage. Et là, je pense que c’est le pilotage à la voix va contribuer à ces changements-là", explique le directeur général.

« Imprime moi » ou « copie moi cette page », c’est quelque chose vers quoi on va arriver (…) si on avait dit ça il y a encore trois mois ça aurait pu paraitre de la fiction, mais on se rend compte qu’il s’est passé un truc absolument terrible qui accélère le changement.

En attendant ces solutions connectées, l’ouvre-porte main libre commercialisé depuis une semaine seulement s’est déjà vendu à 3000 exemplaires auprès d’entreprises et d’établissements publics. Une commande a même été passée par le tribunal de Nîmes et des discussions sont en cours avec un fabricant de portes qui souhaite proposer le produit directement posé.

Pas de quoi pour autant combler le déficit d’Avidsen qui réalise actuellement seulement 20% de son chiffre d’affaires habituel et dont la plupart des 110 salariés sont encore au chômage partiel. "On réfléchit à d’autres produits, mais qui vont plutôt sortir en fin d’année ou début d’année prochaine. Donc quoi qu’il arrive, ça ne rattrapera pas ce qu’on a perdu."
 
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