Ruralité : un jeune sur cinq sans emploi ni formation en Centre-Val de Loire selon une étude de l'Insee

Une nouvelle analyse de l'Insee Centre-Val de Loire publiée ce 14 septembre montre que 19% des jeunes de moins de 29 ans dans la région ne travaillent pas et ne suivent pas non plus de formation. Un constat encore plus fort dans les campagnes.

La nouvelle analyse de l'Insee Centre-Val de Loire publiée ce 14 septembre et se basant sur des travaux effectués depuis 2017 vient dresser un portrait en demi-teinte de la jeunesse de la région, et tout particulièrement de sa jeunesse rurale. Selon l'Insee, les personnes âgées de 15 à 29 ans font généralement des études moins longues que dans le reste de la France (35% sont encore en formation contre 37% à l'échelle nationale), mais commencent à travailler plus tôt.

Entre ces deux situations, 78 000 jeunes, soit un sur cinq, ne se trouvent ni en activité professionnelle, ni en formation. Ils sont soit au chômage, soit en situation d’inactivité selon cette analyse. Cette proportion de jeunes a augmenté plus rapidement dans la région et le chômage y a moins reculé. En comparaison du reste de la France et des autres régions entourant l'Île-de-France, ces jeunes sont beaucoup plus souvent titulaires d'un BEP, CAP ou équivalent que d'un diplôme à Bac +3 ou Bac +5. Pénalisés sur le marché du travail par cette absence de diplôme, ils vivent pour beaucoup en périphérie des grandes villes ou à la campagne, où ils représentent jusqu'à 21% de la population dans certains cantons de l'Indre et du Cher.

Les études, un "risque" pour les jeunes ruraux

Selon certaines recherches, les jeunes qui grandissent loin des "grandes" villes hésitent de plus en plus à quitter leur région d'origine pour faire de longues études, qui les contraignent à retarder leur entrée sur le marché du travail, et donc leur indépendance économique. Barrières géographiques, symboliques, financières ou encore relationnelle se succèdent et se chevauchent, comme l'explique le sociologue Benoît Coquard dans une interview au Monde.

"Dans ces territoires", explique le scientifique, "il existe d'autres modèles d'accomplissement : entrer très tôt dans la vie adulte, être propriétaire d’une maison, d’une voiture, avoir une vie de famille stable. Il y a un attachement à un style de vie qui prévaut ici et qui serait déprécié au contact des groupes sociaux plus diplômés des grandes villes." Ces modèles, que l'on pourrait qualifier de traditionnels, favorisent en particulier les jeunes hommes, qui peuvent sortir du système scolaire tôt et pour qui il est plus aisé de trouver un emploi peu qualifié tout en restant vivre sur place, précise Benoît Coquard. Les jeunes femmes qui restent travailler, elles, rejoignent souvent les secteurs concurrentiels et précaires du soin et de l'aide à la personne.

A l’inverse, certains métiers d’hommes du bas de l’échelle, tels que ceux de la maçonnerie, sont plus valorisés car on vous voit travailler dans l’espace public. Dans le milieu rural, la reconnaissance et la réputation sont primordiales, et c’est souvent ce qui fait que vous allez être recommandé ou non pour un travail.

Benoît Coquard, chercheur en sociologie

De fait, selon l'Insee, les femmes sans diplôme sont plus fréquemment sans emploi ni en formation (pour 46% d'entre elles) que leurs équivalents masculin (40%). De la même manière, les femmes sont plus représentées dans les couples qui emménagent entre 15 et 20 ans (35% contre 22% d'hommes), qui sont aussi les foyers qui rencontrent le plus de difficulté à trouver un emploi. L'arrivée d'un enfant augmente encore énormément les probabilités pour elles de rester sans emploi ni formation, contrairement aux hommes.

"Dans ces campagnes aujourd’hui, celui qui veut avoir un emploi stable et une évolution professionnelle devra accepter une plus grande mobilité géographique et davantage d’années d’études que ses parents, même pour accéder au même type d’emplois", selon Benoît Coquard. Mais ce désir de faire des études se heurte à celui de rester proche d'un territoire auquel on est attaché. Entre des places "chères" dans les emplois urbains et qualifiés, loin du tissu social qui leur est familier, et des métiers locaux qui permettent de moins en moins de se projeter, les jeunes ruraux sont placés face à une alternative difficile à négocier.

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