C'est une victoire à la Pyrrhus. Un combat de longue haleine qui vient de connaître son épilogue au Parlement européen. Celui-ci vient de voter la commercialisation des semences paysannes. Au grand dam des semenciers.
Un marché verrouillé
Jusqu'à présent, le géant Monsanto dominait des pieds et de la tête, le marché des semences. C'est simple.Il était quasiment impossible à un agriculteur de prélever directement dans sa récolte des semences dites paysannes pour les replanter. Il voyait s'abattre sur lui, la colère et le feu du ciel sous la forme de menaces de procès en cascades.
Le marché se décomposait comme suit : "semences de fermes " contre " semences paysannes". On désigne sous le vocable semences de fermes celles qui sont achetées à un semencier; à la différence des semences paysannes.
Les semences de fermes sont dûment inscrites à un catalogue et correspondent à un cahier des charges qui verrouillait un marché plutôt juteux et lucratif.
Ces semences homologuées doivent précise le texte être conformes "aux normes de Distribution, d'homogénéité et de stabilité ".De plus, elles doivent présenter une " amélioration par rapport aux variétés existantes" fin de citation.
En France, c'est le Groupement national interprofessionnel des semences et plants (Gnis) qui a la haute main sur ce trésor avec 3000 variétés de légumes.
Cette semaine, les députés ont voté en faveur de nouvelles règles sur la production biologique. Retrouvez notre interview de @MartinHaeusling et apprenez-en plus sur ce qui va changer https://t.co/v3x1JbOBif pic.twitter.com/THUCo60srK
— Parlement européen (@Europarl_FR) 20 avril 2018
Déverrouiller le marché
Au propre comme au figuré, c'était la croix et la bannière pour les producteurs de bio d'inscrire une nouvelle semence au catalogue. Financièrement ruineux. Entre 7000 et 15000 euros. Conclusion, il fallait y réfléchir à deux fois avant de s'y aventurer. La plupart le vivait comme Mission impossible;
Pas besoin d'être grand clerc pour comprendre qu'il fallait avoir des reins solides et disposer d'une surface financière pour s'y risquer. Pas étonnant que seuls des géants comme Monsanto ou Dupont et Dow soient aux avants-postes.
Ce qui va changer?
Tout ou presque tout. Les agriculteurs bio n'auront plus besoin de passer par les fourches caudines, complexes et onéreuses de cahiers des charges des semenciers. C'est donc une victoire qui préfigure une montée en puissance de la diversité et surtout de la biodiversité.
Quand on sait que jusqu'à présent "75% des aliments de la planète proviennent de douze espèces végétales et de cinq animales" on peut mesurer l'importance de la décision qui vient d'être votée par les députés européens. L'application commence en 2021 et c'est déjà demain.