Le projet de construction d'un nouveau port de commerce sur le site de la Carbonite, au sud de Bastia, a reçu un avis favorable du Conseil national de la protection de la nature (CNPN), lors d'une réunion au Ministère de l'Ecologie, jeudi 20 décembre.
Même si son avis n'est que consultatif, voilà qui relance le projet d'un nouveau port de commerce sur le site de la Carbonite, fortement critiqué notamment en raison de son impact environnemental, sur les fonds marins et les herbiers de posidonies, (espèce protégée et habitat prioritaire) qui les composent.
Le collège d'experts du CNPN a majoritairement estimé que la destruction d'une cinquantaine d'hectares d'herbiers par la construction du port de la Carbonite, était compensée par la création d'une aire marine protégée de 7.000 hectares, dans une zone à définir, s'étendant plus au sud, de l'embouchure du Golo au port de Solenzara.
500 millions d'euros et 1.000 emplois supplémentaires
Selon une étude interne commandée par la Collectivité territoriale de Corse, le nouveau port générerait "plus d'un millier d'emploi supplémentaires". Mais aurait aussi un coût: 450 à 500 millions d'euros dont 100 à 150M€ pour tous les aménagements périphériques, voies d'accès, réseaux, etc.Reste à boucler le montage financier du projet qui va bien au-delà de la capacité de financement de la région. Déjà en juin 2011, Paul Giacobbi, Président du Conseil exécutif de Corse, s'inquiétait auprès de la ministre de l'Écologie et du Développement durable de la non-inscription du projet de la Carbonite au schéma national des infrastructures de transport (SNIT), ce qui aurait pu dégager un financement national.Inscrit ou non, dans une publication datée d'octobre 2012, le site du ministère indique vouloir désormais retoquer le SNIT, incompatible "avec l’objectif de retour à l’équilibre des finances publiques". Les conclusions d'une commission seront rendues d'ici au printemps 2013.
Vers un partenariat public-privé ?
Autre élément de financement possible, la mise en place d'un partenariat public-privé (PPP). L’autorité publique peut faire appel à des prestataires privés pour financer la production de l’équipement et/ou du service. Le cas échéant, le prestataire privé peut aussi avoir la charge des taches de conception, d’entretien et d’exploitation.En contrepartie, le privé reçoit le droit de percevoir une redevance auprès des utilisateurs de l’équipement ou du service, au détriment de l’autorité publique responsable du service public, ce qui n'est jamais un très bon arrangement en terme de retour rapide sur investissement.
Dans l'attente d'une solution de financement, la prochaine étape du projet de "Grand Port de la Carbonite" devrait se jouer sur les bancs de l'assemblée de Corse dès le premier trimestre 2013, où il devra être approuvé par une majorité d'élus. Viendront ensuite les études, les éventuels recours et quatre ans de travaux.
Pour résumer, un "Grand Port de Bastia" qui ne devrait pas voir le jour - s'il se réalise - avant 2020.
Le Grand Port de la Carbonite en chiffres (Etude CTC)
- Construction d'une digue au large, 3 darses et l'aménagement de 9 postes à quai;
- Longueur des postes comprise entre 195 et 340 mètres, adaptée aux navires actuels;
- 173.000 m2 de terre-plein pour l'organisation des flux;
- une zone d'embarquement de 78.000 m2 pour accueillir 3 900 véhicules;
- une aire de manutention de 71.000 m2 pour stocker 630 remorques;
- une zone publique de 24.000 m2, aires de stationnement dévolues aux usagers et aux employés.