Le pape Benoît XVI a pris lundi le monde entier au dépourvu en annonçant sa démission fin février, une première dans l'histoire de l'Eglise moderne, au motif qu'il n'a "plus les forces" pour la diriger en raison de son "âge avancé", 85 ans. En Corse, la nouvelle a ému le diocèse d'Ajaccio.
Un nouveau pape sera désigné "pour Pâques" le 31 mars, a précisé le porte-parole du pape, lors d'une conférence de presse convoquée à la hâte au Vatican.
Benoît XVI ne participera pas au conclave pour l'élection de son successeur et se retirera provisoirement dans la résidence d'été des papes à Castel Gandolfo puis dans un monastère dans l'enceinte du Vatican, selon le porte-parole, le père Federico Lombardi.
La démission inédite de Benoît XVI a été fixée "au 28 février, après quoi débutera la période dite de "sede vacante", siège vacant. Un conclave sera organisé dans les 15-20 jours suivant la démission, a indiqué le porte-parole.
Les réactions à ce "coup de tonnerre dans un ciel serein", selon les termes du doyen des cardinaux Angelo Sodano, n'ont cessé d'affluer du monde entier.
Cela n'était pas arrivé depuis 600 ans
La démission de Benoît XVI est une décision complètement inédite dans l'histoire de l'Eglise moderne. En 1294, Célestin V avait abdiqué peu après avoir été élu la même année. Il avait vécu en ermite jusqu'à sa désignation et ne se sentait pas prêt à assumer ce rôle.D'autres papes ont quitté leur charge de leur vivant mais en d'autres circonstances, et eux n'avaient pas décidé, seuls, de démissionner, ne se jugeant plus capables d'exercer leur ministère.
Un pontificat éclaboussé de scandales
Durant son pontificat de huit ans, Benoît XVI a été confronté à un grave scandale d'abus pédophiles dans le clergé, la crise la plus profonde de l'Eglise contemporaine, et il y a répondu avec fermeté.L'an dernier, il avait aussi dû faire face à un scandale de fuites de documents confidentiels au Vatican, qui a conduit à la condamnation de son propre majordome, Paolo Gabriele: un symptôme des mécontentements et des divisions dans la Curie, et une trahison personnelle qui avait beaucoup affecté Joseph Ratzinger.
Le frère du pape, Georg Ratzinger, a confié au quotidien allemand Die Welt qu'il était au courant depuis des mois de cette décision: "Mon frère souhaite plus de tranquillité dans sa vieillesse", a-t-il expliqué.
Selon le directeur de l'Osservatore Romano, bien introduit dans son entourage direct, Benoît XVI a pris sa décision secrètement après son voyage éprouvant au Mexique et à Cuba en mars 2012.