Le Tribunal correctionnel de Marseille rend mercredi 25 septembre son jugement dans le procès du cercle de jeux Concorde, une vaste et sombre affaire de luttes entre clans corses pour le contrôle de l'établissement parisien dans laquelle 20 personnes sont poursuivies.
Cinq ans de prison ferme ont été requis à l'encontre de Paul Lantieri, 50 ans, présenté par le parquet comme "figure centrale du dossier".
Il avait créé la surprise en réapparaissant, au premier jour d'audience, le 27 mai, après cinq ans et demi de cavale, et placé aussitôt en détention.
La justice lui reproche d'avoir été le dirigeant de fait du cercle de la rue Cadet - fermé fin 2007 sur fond d'arrestations - où nombre de malversations ont été constatées dans sa gestion.
"Deux légitimités" s'affrontent
Lantieri aurait aussi été au coeur de rivalités musclées que les gains de l'établissement ont suscitées entre clans corses.
Au Concorde, inauguré en grande pompe en novembre 2006, "deux légitimités s'affrontent", selon le parquet: l'une financière autour de Paul Lantieri, un spécialiste du monde de la nuit associé au banquier suisse François Rouge, contre lequel une peine de trois ans ferme a été requise, et l'autre administrative autour de feu Edmond Raffali, qui, par son entregent politique, avait obtenu l'autorisation d'ouvrir un établissement aux contours pourtant opaques.
L'interpellation de membres présumés du milieu corse et marseillais, mais aussi de Paul Barril, l'ancien numéro deux du GIGN, la fuite de M. Lantieri et un meurtre non élucidé en marge de l'affaire, avaient donné tout son retentissement à l'affaire.
Mais de l'aveu même du parquet, qui a requis cinq relaxes et exonéré partiellement certains prévenus, les preuves ont manqué, notamment en matière d'extorsion et de recel d'abus de confiance.
Des "supplétifs" et des parrains présumés
Quatre ans ferme ont été réclamés à l'encontre du Corse Jean-François Federici, l'un des "supplétifs" réquisitionnés pour régler les querelles internes au Cercle, qui finalement fit main basse sur les lieux; et un an ferme contre Roland Cassone, l'un des parrains présumés de la pègre marseillaise quiaurait aussi joué les arbitres.
Les autres peines de prison requises à l'encontre des autres protagonistes vont de 10 mois avec sursis (pour Paul Barril, absent au procès) à deux ans ferme, parfois assorties d'amendes (de 5.000 à 100.000 euros) et d'interdictions d'exercer.
L'administration des douanes a pour sa part réclamé que les prévenus qui seront reconnus coupables des infractions relatives à la tenue d'une maison de jeux, soient condamnés solidairement à payer un total de 14 millions d'euros de droits fiscaux et de pénalités.
La défense de Paul Lantieri et de François Rouge a dénoncé un dossier vide de preuves et une manipulation à l'encontre de leurs clients.