Accusée de tromperie, la fromagerie Ottavi obtient un renvoi de l'affaire

Le tribunal correctionnel de Bastia a décidé de renvoyer au 10 décembre, le procès du fromager Ottavi, accusé d'avoir utilisé du lait importé pour fabriquer des fromages labellisés. La défense du fromager corse a remis en cause les procédures de contrôle. 

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"Ce dossier a l'air de gêner", a tempêté le procureur à l'audience mercredi 9 octobre. Yves Paillard a rappelé que pour éviter un procès, la Sarl Ottavi était prête à transiger avec l'administration moyennant le versement de 15.000 euros.

Mais la défense disposait d'arguments que le tribunal correctionnel de Bastia a bien dû accepter. Elle a déposé une question prioritaire de constitutionnalité, selon laquelle les procédures de contrôle de la fabrication de produits laitiers seraient peu ou non définis.

Et le contrôle, c'est justement tout le coeur de cette affaire : Ottavi, important industriel de l'agroalimentaire local, est accusé d'avoir mélangé des laits corses et non corses pour fabriquer des fromages labellisés : c'est interdit. Ses produits n'auraient pas non plus été correctement étiquetés.

A la sortie de l'audience, les parties civiles, comme les membres du syndicat Casgiu Casanu, n'ont fait aucun commentaire. Pas plus que les conseils du fromager corse. 

Prochaine audience et épilogue de ce dossier de tromperie présumée sur marchandise, le 10 décembre.

Jean-André Emmanuelli, berger

La question des importations de lait

500 exploitations détiennent des ovins en Corse. La vocation principale de ces élevages est la production de lait. Chaque année, 15 millions de litres sont produits, les brebis en donnent 10,5 millions de litres.

Ces quantités font de la Corse le troisième bassin français de production et pourtant elle ne suffisent pas à satisfaire le marché.

Chaque année, de 1,5 à 2 millions de litres sont importés. Ils viennent de l'Aveyron, du Sud est de la France ou de Sardaigne. Ces importations font polémique depuis longtemps.

Ce que les bergers dénoncent, parfois avec colère comme en 2009 sur le port de Bastia, c'est l'utilisation de cette matière première pour fabriquer des produits étiquetés corses.

Seule issue : un cadre réglementaire identifiant le fromage 100% local. Une traçabilité qui fait défaut, hors des AOC, appellation d'origine contrôlée.

 

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